BROSSARD – Était-ce l’anxiété de rater les éliminatoires, le temps gris à l’extérieur ou tout simplement le brin de folie qui caractérise Brian Brikowski ? Il s’agissait probablement d’un mélange de ces ingrédients, mais l’ailier défensif a été impliqué non pas dans une, mais deux confrontations avec des coéquipiers jeudi.

Ces deux affrontements, contre Jacob Ruby et Jeff Perrett, sont venus pimenter l’entraînement de la troupe de Jim Popp qui se prépare pour son duel crucial contre les Eskimos (13-4) dimanche à Edmonton. Avant même que ces scènes inattendues ne surviennent, on pouvait sentir le haut niveau d’intensité.

« Une chicane de famille ! C’est tout », a jugé Popp qui a tenté d’éteindre des feux sur le terrain et qui a ensuite sermonné Brikowski plus que les deux autres.

« J’ai parlé avec les joueurs impliqués parce que la dernière chose dont on a besoin, c’est un joueur qui se casse une main dans une petite bagarre », a insisté le patron en soulignant que ça arrive encore plus souvent qu’on peut le penser.

Il importe de rappeler que les Alouettes (6-10) se retrouvent en danger de rater les éliminatoires pour la première fois en 20 ans. Ils sont impliqués dans une lutte à finir avec les Lions de la Colombie-Britannique (6-10) qui croiseront le fer avec les Argonauts à Toronto vendredi soir dans un match fort attendu.

« C’est clair que le niveau d’émotions est élevé, c’est un match très important pour nous. Tout le monde cherche à se dépasser et ça peut parfois devenir difficile de contrôler ses émotions dans ces moments », a reconnu Marc-Olivier Brouillette sans excuser Brikowski pour une miette.

Les Oiseaux devront fort probablement se débrouiller sans Kyries Hebert (commotion cérébrale) pour cette rencontre plus que significative, le « Angry Bird » se rapproche d’un retour sur le terrain.

« C’est certain que c’est une grosse perte, il procure une grande intensité à l’équipe et il est difficile à remplacer avec toutes ses qualités. Mais on est déjà passé par là, les remplaçants doivent être prêts », a répondu Brouillette au sujet de la blessure qui freine Hebert.

Nul doute, le défi défensif le plus colossal consistera à stopper leurs excellents receveurs avec Adarius Bowman comme tête d’affiche.

« Ils ont plusieurs menaces en attaque, c’est une évidence. Ils affichent le meilleur dossier de la LCF, mais on veut gagner tous nos matchs jusqu’à la fin et ils sont les premiers sur la liste qu’on veut battre », a lancé Brikowski avec conviction.

Un autre très gros morceau ne s’était pas déplacé à Brossard et il s’agit du bloqueur à gauche Josh Bourke. Heureusement pour les partisans des Alouettes, Popp a confirmé qu’il était simplement malade et qu’il serait à son poste pour l’avant-dernier choc de la saison régulière.

« Il sera correct, on pensait que ce serait préférable de le garder à l’écart pour éviter que ça se propage », a justifié l’entraîneur.

Bourke joue un rôle déterminant dans la protection du quart-arrière Kevin Glenn dont la contribution sera encore très sollicitée. À vrai dire, le sort des Alouettes repose en grande partie sur les épaules du vétéran qui a excellé à sa deuxième sortie dans l’uniforme montréalais.

Glenn n’est pas dupe, il réalise comme n’importe quel amateur de football que le mandat exigera beaucoup plus de doigté contre les Eskimos qui présentent un dossier de 7-1 à domicile. La meilleure défense de la LCF devrait davantage lui compliquer la vie, mais le plan de match a été élaboré en conséquence.

« Avant tout, on doit s’assurer de connaître un autre bon départ et obtenir du succès sur les premiers essais. Si tout le monde remplit son rôle, on verra pour un deuxième match de suite ce que l’on peut accomplir », a souhaité Glenn.

Le septième quart-arrière à diriger l’attaque des Alouettes pourra compter sur l’appui d’Anthony Calvillo avec lequel la connexion semble opérer.

« Il faut vraiment éviter de se retrouver en deuxième essai et long contre eux. Ça deviendrait très difficile d’avoir le dessus dans ce match. La protection sera aussi essentielle parce qu’ils sont capables de se rendre au quart-arrière seulement avec une pression à trois joueurs. Je crois que le plan de match élaboré nous donnera une bonne chance de l’emporter », a révélé Calvillo en vue de cette partie.

Une intensité mal dosée

Pour en revenir à Brikowski, le colosse n’a certainement pas choisi ses clients puisqu’il a échangé des coups avec les joueurs de ligne offensive Ruby (six pieds sept pouces et 315 livres) et Perrett (six pieds sept pouces et 320 livres) en l’espace quelques minutes.

Brikowski, qui ne s’en laisse pas imposer à six pieds quatre pouces et 265 livres, ne s’est pas attiré d’éloges de la part de ses entraîneurs ni de ses coéquipiers puisqu’il a été coupable de ce débordement d’intensité dans un segment de l’entraînement consacré à l’attaque qui peaufinait quelques enseignements.

Libéré dans les alentours du camp d’entraînement, Brikowski a été rapatrié dans le giron des Alouettes durant la saison et il a participé à trois rencontres jusqu’à présent.

« Il a été ramené avec l’équipe et il pouvait en avoir un peu sur le cœur. C’est bien d’être compétitif, mais il faut savoir s’entraîner. L’intensité, c’est une chose, mais il faut savoir se contrôler », a déploré André Bolduc, l’entraîneur des receveurs.

« Tu ne veux pas blesser l’autre ou toi-même. Il ne faut pas oublier que les quarts se retrouvent très près de lui et il ne peut pas foncer à pleine vitesse à l’entraînement quand on ne porte pas l’équipement », a ajouté Bolduc.

« Ça fait assez longtemps qu’il est ici, il doit comprendre quand c’est une situation consacrée à l’attaque. Les joueurs défensifs doivent aider et se retenir un peu, mais c’est quelqu’un de très intense et les émotions prennent parfois le dessus », a exposé Brouillette.

L’Américain – qui a déjà déclaré que chaque joueur de football professionnel renferme une certaine folie – se sentait un peu repentant, mais il a assuré que ça ne diminue pas son sentiment d’appartenance à ses partenaires.

« C’est juste qu’on se prépare pour le match et on pratique un sport violent. On sait qu’on doit absolument obtenir cette victoire. On est affamés, mais ça ne change pas que ce sont mes frères et je combats avec eux à tous les matchs », a mentionné Brikowski.

« On ressortira cette agressivité sur le terrain dimanche », a poursuivi le gaillard qui a retenu la leçon.

Au fil du temps, les joueurs ont appris à négocier avec le tempérament « énergique » de Brikowski.

« Normalement, ça n’arrive plus à cette période de l’année parce qu’on s’entraîne depuis plusieurs semaines, mais Brikowski est très intense et il l’est partout, autant sur le terrain qu’à l’extérieur », a conclu Bolduc.