MONTRÉAL – En raison de l’heureuse séquence du Canadien et de l’important triomphe de l’Impact orchestré par Didier Drogba, l’éclatante victoire des Alouettes est quelque peu passée dans l’ombre, vendredi soir, ce qui n’empêche pas la formation montréalaise d’enfin déceler la lumière au bout du tunnel.

Pour s’amuser un peu avec cette image, on pourrait avancer que les Alouettes ont probablement fini par trouver le bon tunnel à emprunter à leur énième tentative. En effet, cette lueur d’espoir revitalisée provient de Kevin Glenn, le septième quart-arrière à pivoter l’attaque montréalaise.

À sa deuxième chance aux commandes de cette unité, le vétéran de 36 ans a démontré non seulement qu’il pouvait s’acquitter de ce mandat avec brio en plus de prouver que les Oiseaux détiennent les éléments nécessaires pour redorer leur blason.

Avant cette performance de 294 verges aériennes, menant à l’écrasant résultat de 34-2, Glenn a mis fin à une série de neuf matchs pénibles pour les quarts des Alouettes. Il a su exploiter, sans hésiter, la plupart des brèches allouées par les Argonauts.

« C’est parce que je me sentais plus à l’aise que j’ai pu dégainer mes passes plus rapidement. Les Argos nous ont aussi offert des choses que nous avons pu exploiter. En fin de compte, on peut miser sur plusieurs athlètes talentueux dans cette équipe et je dois juste m’assurer de leur refiler le ballon pour qu’ils puissent faire leur travail », a mentionné Glenn en renvoyant le mérite à ses partenaires.

Par leur nature, les athlètes professionnels ne vont jamais admettre qu’ils ont perdu une partie de leur espoir d’accéder aux éliminatoires, mais Jim Popp ne s’est pas caché pour dire que le rendement déployé contre les Argonauts de Toronto a ravivé le groupe.

« Oui, notre espoir est plus élevé. Cette victoire nous donne une poussée tandis que les défaites minent le moral. Personne n’est heureux quand on perd et c’est encore plus vrai parce qu’on sait que notre équipe a les atouts pour s’imposer. On est meilleur que nos performances et notre fiche », a insisté Popp.

Cette bouffée d’air frais émane directement de Glenn, un homme humble et intelligent.

« Comme je le dis souvent, on pratique le sport d’équipe par excellence. Je ne crois pas qu’un joueur puisse faire tout le boulot pour une équipe. Quand tout le monde est concentré sur son rôle et travaille pour un but commun, tu peux connaître du succès. C’est ce qui se passe présentement », a décrit celui qui a trouvé le moyen de s’établir dans la LCF malgré un physique de cinq pieds dix pouces.

« C’est vrai que j’ai plus d’expérience que les autres quarts précédents, mais tout le monde remplit son mandat et on a obtenu tout une contribution de notre défense. Quand ça arrive, tu veux absolument les récompenser avec de belles séquences et en ajoutant des points au tableau », a-t-il ajouté.

L'effet libérateur de Glenn

Les coéquipiers de Glenn ont sonné comme des hommes libérés grâce à l’arsenal du quart-arrière américain.

« Il savait vraiment où s’en aller et il décochait ses passes sans tarder. Il faisait beaucoup de lectures avant la remise et c’est une différence avec un quart d’expérience », a souligné Samuel Giguère tout en vantant l’apport des porteurs de ballon Tyrell Sutton (photo) et Brandon Rutley.

À vrai dire, les bénéfices de cette partie se font sentir à plusieurs niveaux. La meilleure façon de résumer ce bilan positif, attendu depuis longtemps, serait de dire que les joueurs ont l’impression d’avoir joué à la hauteur de leurs capacités ce qui n’avait pas été le cas notamment lors de la débâcle de quatre défaites qui s’est terminée.

« On sait bien que toutes les parties ne seront pas comme celle-ci, mais on a le potentiel pour jouer de cette manière à tous les matchs. Plus Kevin sera confortable dans ce système et avec Anthony (Calvillo, le co-coordonnateur offensif), nous avons de bonnes chances répéter une telle performance. Tout le monde est plus confortable et ça commence à paraître », a indiqué Popp, l’homme aux nombreux chapeaux.

Étant donné que le noyau des Alouettes est bâti avec des joueurs aguerris, l’équipe n’est pas tombée dans un mode exagéré de célébrations à la suite de la « volée » assénée aux Argos. Après tout, les Alouettes sont ennuyés par un dossier de 6-10 et la lutte pour devancer les Lions de la Colombie-Britannique (6-10) afin de profiter du croisement dans l’Ouest demeure ardue.

Si le calendrier des représentants montréalais s’annonce intéressant face aux Eskimos à Edmonton dimanche et face aux Roughriders le dimanche suivant à Montréal, celui des Lions semble encore plus relevé contre les Argonauts et les Stampeders.

En fin de compte, les Alouettes ont surtout l’intention de s’assurer que tous les efforts investis en 2015 n’auront pas servi à rien. En passant cette saison à bûcher, les Als apprécient encore plus la valeur de chaque victoire.

Cependant, leur prochaine mission contre les Eskimos risque de le pousser dans leurs derniers retranchements. Cette équipe veut s’accrocher au sommet de sa section où elle trône en vertu d’une fiche de 13-4.

« C’est une équipe qui impose beaucoup de pression et qui peut déployer différents blitz. On devra avant tout obtenir une bonne production sur les premiers essais pour faciliter notre vie », a suggéré Glenn qui a croisé le fer si souvent avec eux.

Encore une fois, la défense montréalaise devra s’imposer pour donner une chance à son équipe. Glenn et l’attaque ont reçu un bouquet d’éloges pour leur retour en force vendredi, mais l’unité défensive a été sensationnelle sans concéder un seul touché ni un seul point. En éliminant un touché de sûreté concédé par les Alouettes, la bande à Noel Thorpe aurait savouré un blanchissage.

Aux dires de Popp, les motifs étaient mineurs, mais les piliers que sont Winston Venable et Chip Cox n’ont pas pris part au court entraînement de lundi.

Ce retour au boulot s’est effectué dans la bonne humeur surtout que Montréal a complété un balayage ce week-end contre ses rivaux torontois en ajoutant les gains du Canadien contre les Maple Leafs et de l’Impact contre le Toronto FC. Ce contexte réjouissant n’est pas passé inaperçu aux yeux de Popp et ses protégés.

« J’ai regardé beaucoup de sport ce week-end dont le hockey et le soccer. Je suis vraiment heureux pour la ville, c’est agréable de voir qu’on a balayé Toronto », a conclu Popp.