Le surprenant parcours des Canadiens dans la « bulle » torontoise a pris fin lorsque la Sainte-Flanelle s’est inclinée en six rencontres face aux Flyers de Philadelphie.

Le CH a su saisir cette opportunité sans pareil pour surprendre les Penguins de Pittsburgh, puis offrir une solide opposition aux Flyers, fort probablement la meilleure équipe de la LNH depuis le mois de février. Même s’il endossait systématiquement le rôle de négligé, c’est avec éclat que le Tricolore a su brouiller les cartes.

Les statistiques avancées suggèrent d’ailleurs que les Canadiens ont globalement dominé les Flyers et que c’est principalement le manque d’opportunisme de Montréal qui explique l’issue de ce duel.

Le Canadien a manqué d'opportunismeIl existe un algorithme permettant de prédire le nombre de buts qu’une équipe devrait normalement inscrire selon le volume et la qualité de ses tirs.

Cet algorithme révèle que le Canadien aurait dû vaincre les Flyers lors des cinq premières parties de cette série, alors que le Tricolore a généré davantage de chances de marquer de qualité. Malheureusement, ces performances ne se sont pas traduites sur la feuille de pointage.

Ces données suggèrent que les Canadiens ont bousillé un grand nombre d’occasions, ce qui leur fut fatal.

Habituellement, les pépins offensifs d’une formation se font d’abord ressentir sur le jeu de puissance.

Face aux Flyers, le Tricolore a fait scintiller la lumière rouge à cinq reprises sur l’attaque massive. Les Canadiens ont même présenté le meilleur taux de tentatives de tirs converties en buts sur l’avantage numérique de toute la LNH depuis le 12 août 2020.

Lorsqu’un jeu de puissance fonctionne à plein régime, comme celui de Montréal contre Philadelphie, il peut paraître absurde qu’une formation puisse être en panne offensive.

En quart de finale de l’Association de l’Est, le manque de réalisme du CH s’est concrétisé à forces égales, circonstances dans lesquelles il a pourtant surclassé son opposant.

Un pointage qui ne reflète pas les performancesLes Canadiens et les Flyers ont inscrit exactement le même nombre de buts à égalité numérique, même si le Tricolore aurait normalement dû faire vibrer les cordages à approximativement cinq occasions supplémentaires. Cette production offensive amputée s’estime à près d’un filet par rencontre, ce qui s’avère énorme dans le sport professionnel où les victoires et les défaites se décident par des centimètres et des fractions de seconde.

Montréal a indéniablement dominé Philadelphie à forces égales, alors qu’il a généré un temps de possession en zone offensive beaucoup plus imposant. Le CH a réalisé pareil fait d’armes en faisant circuler avec brio le disque en zone adverse, ce qui a démantibulé la couverture défensive des Flyers. Ultimement, toutes ces actions ont permis au Canadien de tirer à profusion, tant depuis la périphérie que depuis la zone payante.

Même si les Canadiens ont cadré davantage de lancers que les Flyers depuis tous les angles inimaginables, il n’a pas été en mesure d’en tirer avantage.

Il en résulte que les Canadiens se sont révélé la formation présentant le pire différentiel de buts marqués et attendus à forces égales depuis le 12 août 2020 pour une même période de temps. Cela confirme que l’incapacité du Tricolore à exploiter ses chances de marquer à égalité numérique se veut la principale justification de son élimination.

La véritable question est à savoir si ce constat est imputable au brio de Carter Hart ou à un manque de talent offensif chez le Canadien?

Hart a été capable du meilleur et du pireFace à Montréal, Carter Hart a été capable du meilleur comme du pire.

Depuis le 12 août 2020, Hart a probablement été le meilleur gardien de la LNH à égalité numérique, alors qu’il se hisse au premier rang pour le pourcentage d’arrêts global et face aux tirs provenant de l’enclave. Hart vient également au deuxième échelon pour la moyenne de buts sauvés pour 60 minutes de jeu.

Cependant, le rendement de Hart fut tout autre en désavantage numérique où il fut l’un des pires cerbères lors des quarts de finale.

À court d’un homme, Hart vient au 20e rang dans les principales catégories de statistiques avancées quantifiant l’impact d’un portier. En infériorité numérique, son pourcentage d’arrêts a d’ailleurs chuté de 18,3 points de pourcentage.

Certes, il est parfaitement normal que le taux d’efficacité d’un gardien soit moins resplendissant en infériorité numérique, mais cette baisse de rendement ne devrait pas être si marquée. À titre de comparaison, le pourcentage d’arrêts de Carey Price n’a diminué que de 3,8 points de pourcentage en infériorité numérique face aux Flyers.

Ce portrait suggère que le Tricolore s’est d’abord mesuré à un gardien dominant à égalité numérique. Ainsi, son élimination ne serait pas imputable à un manque de talent offensif. D’ailleurs, il serait difficile d’expliquer comment une formation manquant cruellement de talent offensif a été en mesure de briller sur l’attaque à cinq.

Avec l’avantage d’un homme, les Canadiens ont trouvé une recette pour battre avec régularité Hart. Il n’a pas su répéter ses exploits à forces égales et c’est à ce niveau que l’organisation devra se plier à un exercice d’introspection.

Qu’importe le résultat final, le CH a livré une bataille acharnée aux Flyers et il n’a pas à rougir de son rendement. Les jeunes ont exprimé l’étendue de leur talent, Price a performé à la hauteur de sa réputation et le club s’est tenu debout face à l’adversité.

En somme, ce périple risque d’avoir été très formateur pour une organisation qui ne devait pas initialement prendre part aux séries éliminatoires.