MONTRÉAL - Bonne nouvelle : la première moitié de saison est terminée. Moins bonne nouvelle : ça veut dire qu’il reste une autre moitié à disputer et rien n’indique que le Canadien sera meilleur lors des 41 derniers matchs qu’il ne l’a été lors des 41 derniers.

 

Même qu’il pourrait être pire!

 

Ducharme va-t-il finir la saison à Montréal?

Surtout si Carey Price prolonge encore longtemps une absence qui s’éternise sans qu’on sache si les délais sont attribuables à des ennuis physiques, à des ennuis personnels, à une combinaison des deux.

 

Surtout si Joel Edmundson prolonge encore longtemps son absence pour des raisons physiques ou en raison des contrecoups émotifs tout à fait normaux attribuables au décès de son père il y a quelques jours.

 

Surtout si les joueurs susceptibles d’être échangés décident de lever le pied plus encore qu’ils l’ont déjà levé afin d’éviter des blessures qui pourraient miner leurs chances d’aller gagner ailleurs et les contraindre à perdre encore souvent.

 

Surtout si l’entraîneur-chef Dominique Ducharme n’arrive pas à redresser son équipe. Ne serait-ce que sur le plan défensif.

 

Ducharme ne peut pas faire de miracles. C’est clair. Sa formation est décimée depuis le début de la saison par les blessures, par la COVID, par le découragement collectif associé aux défaites qui se multiplient.

 

Mais quand même.

 

ContentId(3.1400680):Dominique Ducharme : « Celui-là, on le met aux poubelles » (Canadiens)
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Après avoir disputé un match lamentable lundi soir, au Minnesota, l’un des pires matchs de la saison dans tous les aspects du jeu, un match que l’entraîneur-chef lui-même a indiqué vouloir mettre à la poubelle – il me semble que ça en fait plusieurs cette année – le temps est venu de prendre des décisions pour éviter de mettre la deuxième moitié de saison là où le coach du Canadien a « garroché » le match de lundi, là où il faut aussi « garrocher » la pire première moitié de saison de l’histoire du Canadien.

 

Je ne fais pas ici simplement référence à la fiche (8-26-7-0) du Tricolore après 41 matchs. En passant, considérant qu’il faut 95 points ou à peu près pour s’offrir une chance de participer aux séries, ça veut dire que le CH devrait maintenir un dossier de 34-3-4 en deuxième moitié de saison pour s’offrir cette chance.

 

Ça n’arrivera pas! Je sais! C’est simplement pour donner une idée de l’ampleur de la catastrophe associée aux 41 premiers matchs de l’année.

 

Un club désorganisé

 

Je fais référence au fait que les joueurs du Canadien sont complètement désorganisés sur la patinoire.

 

Après avoir profité d’une rare erreur défensive du Wild pour prendre les devants 1-0 grâce à un excellent tir de Mike Hoffman, le Canadien s’est battu lui-même.

 

Il a multiplié les revirements. Il a perdu bataille après bataille aux quatre coins de la patinoire pour s’emparer des rondelles libres. Il a été à la remorque des joueurs du Wild. Il s’est même permis de les laisser patiner à leur guise autour de leurs jeunes gardiens qui en ont pris plein la poire accordant huit buts pour la première fois cette saison.

 

Dominique Ducharme m’a surpris lorsqu’il a indiqué avoir aimé le début de rencontre de son équipe. J’espère qu’il ne parlait que des 83 premières secondes qui ont mené au but de Hoffman. Parce que pour les 1120 secondes qui ont suivi en première période, le Canadien s’est fait manger tout rond.

 

Il a accordé 21 tirs au cours de ces 20 premières minutes de jeu. Vingt-et-un tirs qui ont permis au Wild de générer huit, neuf, peut-être même dix très bonnes occasions de marquer.

 

Il s’est aussi fait manger tout rond en deuxième période.

 

Et il se serait encore fait manger tout rond en troisième si le Wild avait décidé de maintenir le rythme au lieu d’avoir pitié de Michael McNiven qui est venu en relève à Cayden Primeau en troisième. Sans forcer, mais alors là sans forcer du tout, le Wild a quand même marqué trois buts sur les sept tirs obtenus au dernier tiers, après avoir déjoué Cayden Primeau cinq fois sur les 32 tirs obtenus au cours des 20 premières minutes du match.

 

Pas question ici d’imputer le poids de la défaite aux deux jeunes gardiens. Ça non!

 

Vrai que le jeune Primeau est loin d’avoir été aussi solide devant son but qu’il ne l’a été au Colorado samedi. Mais les plus vieux qui patinaient devant lui ont été bien plus mauvais dans toutes les facettes du jeu.

 

Et McNiven? Le pauvre gars a été envoyé en relève parce que les coachs devaient sauver ce qu’il restait à sauver de la confiance de Primeau. Comme baptême dans la LNH, McNiven aurait pu profiter de circonstances moins défavorables. Mettons!

 

Au-delà des systèmes

 

Jeff Petry l’a fait plusieurs fois. D’autres joueurs l’ont fait souvent également. Ils ont souligné les difficultés d’assimiler le système de jeu préconisé par Dominique Ducharme.

 

Je n’embarque pas dans ce genre de doléances. D’abord, les systèmes de jeu sont à peu près tous les mêmes autour de la LNH. Et comme ces systèmes sont loin d’être de savants traités de philosophie qui nécessitent des heures de réflexion et de méditation avant d’arriver à les comprendre, Petry et ses coéquipiers devraient être capables de comprendre.

 

À voir Petry multiplier les erreurs encore lundi soir, à voir le reste de l’équipe jouer aussi mal, ou presque, que le vétéran défenseur, il est clair que s’ils comprennent le système, ils refusent de l’appliquer.

 

Et c’est là qu’on doit se tourner du côté du coach.

 

Car au-delà les systèmes, au-delà les blessures, au-delà la COVID, au-delà le manque à gagner du Canadien en matière de talent offensif, au-delà le découragement associé aux défaites, un coach, peu importe son nom, doit trouver un moyen de resserrer sa défensive.

 

Dominique Ducharme ne peut pas faire de miracles. Et personne ne lui demande d’en multiplier.

 

Mais le coach doit s’assurer que son équipe, aussi mauvaise soit-elle, aussi décimée soit-elle, ferme le jeu et évite le pire.

 

Ce que le Canadien ne fait pas.

 

Ce que le Canadien ne fait plus depuis un bon bout de temps.

 

Lundi au Minnesota, le Canadien a décoché 35 tirs en 60 minutes de jeu. C’est quatre tirs décochés de moins que les 39 tirs cadrés par leurs adversaires du Wild.

 

Le Canadien a quant à lui cadré 21 de ses 35 tirs.

 

Lundi au Minnesota, le Canadien a permis au Wild de décocher un total de 70 tirs. L’Avalanche en a décoché 69, samedi, à Denver. Les Golden Knights en avaient décoché 90 deux soirs plus tôt à Vegas sans oublier les 112 accordés aux Stars à Dallas.

 

Ça fait 341 tirs décochés en quatre matchs. C’est trop! C’est démesurément trop! Et ça ouvre la porte à des tas d’occasions qui finissent par se traduire par des buts. Pas beaucoup de buts. Par beaucoup trop de buts.

 

Le Canadien a atteint un sommet de générosité lundi soir en accordant les septième et huitième buts au Wild.

 

Il a quand même accordé cinq buts ou plus dans six de ses 11 dernières parties. Dans 15 des 41 premiers matchs de la saison.

 

Pour ceux et celles qui se posent la question, oui c’est un record de médiocrité. Un autre! Jamais encore dans son histoire, le Canadien n’avait été victime de plus de 14 matchs de cinq buts et plus en première moitié de saison.

 

Un coach de la LNH doit, peu importe l’effectif mis à sa disposition, s’assurer que ses joueurs soient au moins capables de fermer le jeu. D’éteindre le jeu. De limiter les dégâts. Surtout sur la route alors qu’il n’a pas de spectacle à offrir à ses partisans.

 

Et comme le Canadien disputera au moins ses trois prochains matchs dans un Centre Bell vide en raison du huis clos imposé par les mesures sanitaires, il n’aura pas de spectacle à offrir contre les Ducks, les Oilers et les Blue Jackets.

 

Sauver ce qu’il reste à sauver

 

Si Ducharme n’est pas en mesure d’obtenir une meilleure tenue défensive de son équipe, ses patrons devront sérieusement songer à le remplacer pour sauver ce qu’il reste à sauver de la saison.

 

Je sais! Il n’y a plus grand-chose à sauver de cette saison.

 

Même qu’en multipliant les défaites, le Canadien mousse ses chances de gagner la loterie qui lui permettra de mettre peut-être de mettre la main sur le premier choix au repêchage.

 

Mais attention! Dernier club à avoir terminé une saison avec moins de 50 points – 48 points en 2016-2017 – l’Avalanche du Colorado a perdu le premier choix dans le cadre de la loterie. Passée du premier au quatrième rang – les Devils, les Flyers et les Stars avaient hérité des trois premières sélections – l’Avalanche a quand même fait Banco au quatrième rang en sélectionnant Cale Makar.

 

La loterie et le repêchage c’est bien beau.

 

Mais quand une équipe ne compétitionne plus sur la patinoire, quand elle ouvre toute grande la porte aux poussées offensives de ses adversaires, quand elle joue comme si elle avait simplement hâte que la saison se termine, il faut faire quelque chose pour redresser la situation.

 

S’il ne restait que dix matchs à jouer, ce ne serait pas grave.

 

Mais à la mi-saison, il y a encore bien trop de parties à disputer pour accepter des performances aussi désolantes que celle offerte par le Canadien lundi au Minnesota. Que celles que le Canadien a multipliées depuis le début de l’année.

 

Est-ce uniquement la faute de Dominique Ducharme?

 

Bien sûr que non!

 

Mais à moins que Jeff Gorton et Kent Hughes qui viennent à peine d’arriver ne décident qu’il vaut mieux endurer les défaites, aussi affreuses soient-elles, pour simplement faire le ménage une fois la saison terminée, le temps est venu de bouger.

 

De permettre au prochain coach d’asseoir son autorité en deuxième moitié de saison afin d’éviter de repartir à zéro lors du prochain camp d’entraînement.

 

Vincent, Groulx, Boucher...

 

Vers qui se tourner?

 

Trois noms me viennent en tête : ceux de Pascal Vincent, de Benoit Groulx et de Guy Boucher.

 

Les effets d'un long voyage

Pas juste parce qu’ils parlent français, mais parce qu’ils sont prêts pour assumer un rôle d’entraîneur-chef dans la LNH.

 

Après plusieurs années passées dans l’organisation des Jets, à Winnipeg, Pascal Vincent est maintenant entraîneur associé à Columbus. Avec la décision de Paul Maurice de quitter son poste d’entraîneur-chef des Jets, Pascal Vincent pourrait facilement aller le remplacer l’an prochain au Manitoba tant il a laissé une bonne impression chez les Jets, tant il a toujours été respecté par les joueurs de cette équipe.

 

Si le Canadien a Vincent dans la mire, il doit éviter de le perdre au profit des Jets.

 

Entraîneur-chef différent, Benoit Groulx est tout aussi prêt à faire le saut dans la Ligue nationale. Il devrait d’ailleurs y être selon moi. Mais bon. Quand tu travailles au sein de l’organisation du Lightning, tu es tellement bien traité que tu n’as pas à sauter sur la première offre venue.

 

Groulx est un coach solide sur le plan stratégique et sur le plan de la discipline. Avec le Crunch, il a développé un tas de joueurs qui ont permis au Lightning de se rendre aux grands honneurs. Ses années au sein de cette organisation gagnante lui ont certainement permis d’apprendre à mieux doser la discipline et la stratégie. Ce sera un gros plus lorsqu’il débarquera derrière un banc de la LNH.

 

Est-ce que ce sera à Montréal ou ailleurs? Le temps le dira.

 

Guy Boucher? Il a fait ses preuves.

 

J’insiste une fois encore : Dominique Ducharme n’est pas le seul responsable des déboires historiques du Canadien cette année. À bien des égards, il est même victime de situations qui l’empêchent de faire son travail correctement.

 

Mais il y a tellement d’indications claires relevées sur la patinoire que les joueurs à sa disposition, peu importe leur nom et leurs forces, leurs lacunes, n’offrent pas ce qu’ils ont à offrir, qu’il est nécessaire de se demander si le temps n’est pas venu de le remplacer.