La quête de Charles Hudon
Canadiens lundi, 16 sept. 2019. 23:49 vendredi, 22 nov. 2024. 12:28
MONTRÉAL - Rayé de la formation lors des 22 derniers matchs la saison dernière, Charles Hudon disputait lundi une première partie dans l’uniforme du Canadien depuis le 19 février dernier.
Ça c’était la bonne nouvelle.
La moins bonne : à 25 ans, à l’aube de son huitième camp d’entraînement, le Québécois repêché en cinquième ronde en 2012 et dont l’avenir avec le Tricolore est au mieux incertain complétait un trio avec Nick Suzuki qui fera tout en son possible pour lui ravir le dernier poste disponible avec le grand club et Jordan Weal qui a contribué à le chasser de la formation l’hiver dernier.
Comment aborder un match au cours duquel un joueur pourrait contribuer à sa propre perte en faisant bien paraître ses compagnons de trio?
« Depuis le temps que j’attendais de disputer ce match, je t’assure que j’avais simplement hâte de le jouer. Même s’il s’agissait d’un match présaison. Et quand tu sautes sur la glace, peu importe la situation, tu fais tout ce que tu peux faire pour que le trio au complet paraisse bien. Si le trio paraît bien, c’est bon pour mes coéquipiers oui, mais c’est bon pour moi aussi. Et c’est sur cet aspect que je me concentre d’abord et avant tout », a lancé Hudon qui n’a pas récolté de points lundi, mais qui s’est signalé avec deux tirs au but sur les cinq qu’il a décochés et trois mises en échec assénées en 16 présences totalisant 13:22.
À lire également
Employé lors des désavantages numériques, Nick Suzuki a effectué six présences de plus que le Québécois et il a totalisé près de 17 minutes de temps d’utilisation. Acquis avec Tomas Tatar des Golden Knights de Las Vegas en retour de Max Pacioretty, Suzuki a attiré l’attention lors du match de lundi. Il s’est surtout attiré les éloges de l’entraîneur-chef Claude Julien qui a été plus réservé, disons dans son analyse du jeune vétéran québécois.
« Charles a un bon tir. Il a eu quelques chances ce soir. C’est un gars qui doit marquer pour se faire une place au sein d’un des trois premiers trios du club. Il doit se faire une place. Il doit trouver un poste. Il a eu la chance de jouer ce soir et on va lui donner l’occasion de se faire valoir encore souvent en matchs préparatoires. Vous allez le voir dans plusieurs parties », a assuré le coach du Tricolore.
Passé garant du futur?
Bien qu’il soit dans l’ombre de Suzuki et Weal, Charles Hudon s’accroche à une expérience similaire qui l’a aidé à faire sa place dans le vestiaire du grand club.
« Quand j’ai fait le saut pour vrai, je me suis retrouvé avec Pleky – Tomas Plekanec – et Lekky – Artturi Lehkonen – au sein d’un même trio. Je me battais avec Lekky pour une place et au lieu de se méfier l’un de l’autre on s’est assuré d’effectuer de bonnes présences et de disputer de bons matchs préparatoires. Ça m’a permis de rester avec le club et de disputer des matchs avec eux en saison régulière. J’aborde donc les matchs préparatoires de cette année de la même manière : je trouve qu’on avait une belle chimie ce soir. Après trois entraînements ensemble, on joue bien ensemble. On se comprend. On se trouve. C’est positif. J’ai fait quelques bévues, mais je sais comment les corriger », analysait Hudon après la victoire de 4-2 du Tricolore aux dépens de l’équipe C des Devils qui avaient gardé plusieurs de leurs vedettes au New Jersey où l’autre groupe – mené par P.K. Subban et Jack Hughes – affrontait les Bruins de Boston.
Faire mentir ses détracteurs
Malgré l’optimisme qu’il affiche, le petit gars d’Alma n’est pas aveugle. Encore moins dupe. Il sait qu’après avoir été écarté de la formation lors des 22 derniers matchs et avoir été limité à 32 rencontres au cours desquelles il a marqué trois buts et ajouté deux passes, plusieurs mettent en doute ses chances d’amorcer l’année à Montréal avec le grand club.
« C’est une belle source de motivation. J’entends et je lis les commentaires. Je sais que pas grand monde croit en mes chances et j’entends bien prouver qu’ils ont tort. »
Pour mousser ses chances de faire mentir ceux qui affichent des doutes à son endroit, Hudon s’est entraîné comme un forçat au cours de l’été. Il s’est astreint à pousser de la fonte à bout de bras au cours des quelque 17 semaines de son cycle estival d’entraînement.
«Tout ça a été très dur physiquement, mais ça m’a permis de faire le vide mentalement. La dernière saison a été difficile. Elle a miné mon moral. Ma confiance. Mais là, tout est revenu.»
Comme plusieurs, je croyais que Charles Hudon serait largué par le Tricolore l’été dernier. Que Marc Bergevin ne lui offrirait pas de contrat où qu’il profiterait de la période estivale pour l’échanger.
Le directeur général lui a plutôt consenti un contrat d’une saison d’une valeur de 800 000 $.
Il est toutefois permis de se demander si ce sera le Canadien ou l’une des 30 autres équipes du circuit qui lui versera ce salaire.
Car dans le cadre du camp actuel, Hudon ne doit pas seulement impressionner l’état-major du Canadien, il doit aussi impressionner les dépisteurs qui assistent aux matchs du Canadien et qui pourraient mousser sa candidature à leurs patrons dans l’éventualité où Hudon se retrouverait au ballottage avant la saison.
Une procédure par le biais de laquelle 25 joueurs actuellement au camp devraient passer avant de prendre la direction de Laval s’ils devaient être l’objet des dernières « coupures ».
S’il semble acquis que des joueurs comme Dale Weise et Matthew Peca seraient boudés au ballottage, il est permis de croire que Hudon pourrait intéresser des équipes en raison de son potentiel et de son salaire plus qu’abordable.
Le Canadien pourrait aussi tenté d’échanger Hudon en retour d’un tardif choix au repêchage s’il décidait de ne pas lui faire de place à Montréal sans toutefois vouloir le perdre au ballottage.
Comme tout le monde, Charles Hudon devrait être fixé d’ici quelques semaines.
En bref
- De tous les jeunes qui ont fait belle figure dans le camp du Tricolore, c’est le gardien Cayden Primeau qui a le mieux paru. Il a réalisé plusieurs arrêts solides, dont le plus beau sur une belle glissade vers sa gauche au terme de laquelle il a frustré Kyle Palmieri un vrai joueur de la LNH. On ne verra pas Primeau à Montréal cette saison à moins de blessures subies par Carey Price et/ou Keith Kinkaid. Mais il semble bien qu’après des années de recherches, le Tricolore ait vraiment mis la main sur un jeune gardien qu’il pourra développer...
- Parlant de Price, il a été solide lui aussi. Ses détracteurs souligneront qu’il a été déjoué par un tir au-dessus de l’épaule droite (côté rapproché) ce qui n’est jamais bon, mais le tir de Will Butcher était de qualité...
- Artturi Lehkonen a fait belle figure à la droite de Max Domi et Jonathan Drouin. Bon! Les deux « vedettes » n’ont rien cassé lors du match, mais comme l’a souligné Claude Julien, Lehkonen a été le meilleur joueur de son trio. Une bonne note qui lui vaudra sûrement d’autres essais au sein du premier trio...
- Passant du premier au quatrième trio, il semble évident que Nick Cousins et Nate Thompson uniront leurs efforts au sein du trio de soutien du Tricolore. Avec Paul Byron, Jordan Weal ou Joel Armia comme complément?
- Pourquoi pas Ryan Poehling ou Nick Suzuki? Parce qu’à moins qu’ils soient exceptionnels d’ici la fin du camp, j’ai bien l’impression que le Canadien prendra les moyens pour éviter de perdre de la « profondeur » par le biais du ballottage. Mais bon! Rien n’est joué pour le moment. Du moins je ne crois pas...