Artturi Lehkonen ne veut pas brûler d'étape
Canadiens jeudi, 10 juil. 2014. 08:48 lundi, 25 nov. 2024. 02:04
BROSSARD, Québec – Il y a un an, Artturi Lehkonen était passé en coup de vent à Montréal, une fracture à un pouce l’empêchant de participer au camp de perfectionnement de l’équipe qui venait tout juste de le sélectionner en deuxième ronde du repêchage de la LNH.
Lehkonen est de retour en ville cette semaine, mais il attend toujours de pouvoir effectuer ses premiers coups de patin dans l’uniforme du Canadien. Remis d’une mémorable, mais éprouvante saison abrégée par une vilaine entorse à la cheville gauche, le jeune Finlandais est affaibli par un virus qui l’a jusqu’ici empêché de démontrer son savoir-faire sur la glace du Complexe sportif Bell de Brossard.
Lorsqu’il a pu jouer, toutefois, il l’a fait à un niveau qui lui permet de résumer avec satisfaction le chemin parcouru depuis que le Canadien l’a adopté avec le 55e choix de l’encan de 2013.
Même s’il n’a disputé que 33 des 60 parties du calendrier du premier championnat de son pays, Lehkonen a terminé en tête du classement des compteurs de son club, le KalPa de Kuopio. Et il l’a fait au sein d’un groupe en détresse, qui n’a pu répondre collectivement aux attentes élevées et qui, par conséquent, s’est graduellement dégarni à mesure que le constat d’échec devenait inévitable.
« Nous avons rapidement laissé partir plusieurs de nos meilleurs joueurs, dont quelques-uns pour la KHL, et la situation a pesé lourd sur mon moral. Ça a été difficile de l’accepter au départ, mais je crois qu’elle a éventuellement eu un effet positif pour moi », raconte le jeune espoir qui a fêté son 19e anniversaire de naissance le 4 juillet.
« J’ai fini par voir ça comme un défi. Je savais que si je ne parvenais pas à produire, on ne gagnerait pas. Il fallait que je provoque des résultats. J’ai obtenu énormément de temps de jeu et je pense que ça a été une très bonne expérience au niveau personnel. J’ai beaucoup aimé ma progression au cours de la dernière année. »
Au milieu de cette saison aride, le Championnat du monde junior est arrivé comme un oasis dans la vie de Lehkonen. Blessé dès le début du tournoi lors d’une collision avec le Suédois Jacob De la Rose, un autre choix de deuxième ronde du Canadien, le souriant blondinet est revenu au jeu à la fin de la phase préliminaire et a immédiatement pris place sur le premier trio de son équipe aux côtés du talentueux Tuevo Teravainen, un choix de première ronde des Blackhawks de Chicago.
La combinaison s’est rapidement avérée gagnante.
« Pour les trois membres du trio, c’était en quelque sorte l’occasion de bénéficier d’un nouveau départ après un début de saison plus ardu. L’opportunité de redorer notre blason nous était offerte et on l’a saisie. On a très bien joué ensemble. »
À la surprise générale, la Finlande a remporté l’or aux dépens de la Suède, éternelle rivale et pays hôte du tournoi. Lehkonen a terminé la compétition avec quatre points en six matchs, une production somme toute modeste lorsqu’elle est comparée à la récolte de 15 points de Teravainen, mais réussie dans un contexte qui a eu un effet indescriptible sur sa confiance.
Sans compter que le triomphe de son pays lui a permis d’avoir le dernier mot sur De La Rose, qui est son cochambreur depuis son arrivée à Montréal.
« Je me fais un plaisir de lui rafraîchir la mémoire régulièrement! », rigole le petit ailier gauche.
En Suède pour la suite
Le parcours de Lehkonen le mènera de nouveau chez le voisin l’an prochain. L’amertume provoquée par les insuccès de Kuopio l’a convaincue d’accepter une offre de contrat de deux ans pour évoluer à Frölunda, en ligue élite suédoise.
« Je veux travailler sur mon développement et je crois que c’est le meilleur endroit pour le faire. Je sais qu’il y a là-bas de bons entraîneurs et d’autres jeunes joueurs qui sont prêts à travailler fort et avec qui je partage le même objectif, soit d’atteindre la LNH. Et en plus, l’équipe est très bonne et je veux gagner. »
Lehkonen dit avoir reçu des offres de quelques équipes de la KHL, mais qu’il n’a jamais été question pour lui d’y faire défection. L’Amérique du Nord est la seule destination finale envisageable pour lui et il croit pouvoir y atterrir de façon permanente au terme de son engagement avec Frölunda.
« Mon contrat me donne la possibilité de venir plus tôt et je le ferais sans hésiter si j’avais l’impression que je pouvais venir me battre pour l’obtention d’un poste, mais je ne veux pas brûler les étapes non plus. Je crois que c’est en prenant le temps d’avancer un pas à la fois que je deviendrai un meilleur joueur. »
L’ajout de muscle à sa frêle charpente figure au sommet de la liste des choses à faire de celui qui compte Saku Koivu parmi ses partenaires d’entraînement. On lui a recommandé de renforcer ses jambes pour améliorer la puissance de ses premières enjambées et d’ajouter du coffre à son corps d’adolescent.
On ne lui demandera toutefois pas de changer son style. Bon nombre des buts d’Artturi Lehkonen depuis deux ans ont été le fruit de son sang-froid dans la circulation lourde. Zachary Fucale, recruté par le Canadien dans la même cuvée que son coéquipier scandinave, a été un malheureux témoin de son efficacité dans la zone payante lors de l’élimination d’Équipe Canada Junior l’hiver dernier.
« J’adore jouer autour du filet, acquiesce le patineur de 5 pieds 11 pouces et d’à peine 165 livres. Pour moi, le succès réside dans la nécessité d’être plus intelligent que l’adversaire. Je ne suis pas le plus fort, alors je dois être sournois pour prendre mon couvreur par surprise. Dans l’enclave, c’est une confrontation homme à homme où le perdant repart les mains vides. »
En fait, le visionnement de ses réussites sur bandes vidéo est une invitation à la comparaison avec Brendan Gallagher, dont il possède assurément l’audace et le flair du fin marqueur.
« Il est un très bon joueur, j’aime beaucoup son style de jeu. Je ne pourrai jamais être droitier, mais pour le reste, ça serait bien d’arriver à faire comme lui! », envisage Lehkonen.