Jet-set ou joueur vedette : le dilemme de Nicolas Aubé-Kubel
LAH vendredi, 30 nov. 2018. 15:24 jeudi, 12 déc. 2024. 03:30Vous pourrez suivre la rencontre opposant les Phantoms au Rocket dès 19 h 30 sur les ondes de RDS et sur RDS en direct.
LAVAL – C’est l’une des grandes questions existentielles du petit monde du hockey. Un jeune joueur en période d’apprentissage a-t-il plus à gagner en occupant un rôle marginal dans la Ligue nationale ou en se voyant offrir toutes les opportunités de dominer dans la Ligue américaine?
Nicolas Aubé-Kubel a récemment eu l’occasion de s’y pencher. Pour la première fois de sa carrière, l’ancien des Foreurs de Val-d’Or a reçu l’appel qu’attendent tous les joueurs des ligues mineures. Les Flyers de Philadelphie l’ont convoqué à la fin octobre pour un séjour qui s’est étiré sur une période d’un mois.
L’expérience a été grisante. « La Ligue nationale, c’est vraiment sur la coche », résumait dans ses mots l’attaque de 23 ans vendredi, quelques heures avant d’affronter le Rocket de Laval à la Place Bell. Aubé-Kubel a vécu les voyages en vol nolisé, les hôtels cinq étoiles et les chics restaurants. Qui s’en plaindrait?
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Mais sur la glace, rien de ce qui lui était demandé ne correspondait à son profil. Il jouait sur un quatrième trio avec des vétérans étiquetés dans ce rôle comme Dale Weise, Jori Lehtera et Scott Laughton. Il n’a jamais joué plus de huit minutes dans un match. Dans ses soirées les moins occupées, il n’a effectué que six présences sur la patinoire. En neuf parties, il n’a été crédité d’aucun tir au but.
Pour un ancien choix de deuxième ronde habitué aux missions offensives, le choc est bien réel.
« C’était vraiment dur, admet Aubé-Kubel, qui est de retour avec les Phantoms de Lehigh Valley depuis une semaine. J’essayais juste d’être simple, je n’essayais pas de faire des highlights. Je voulais gagner la confiance du coach, qu’il voie que j’étais fiable en espérant qu’il me fasse jouer un peu plus... Mais ça n’a pas été le cas. »
« Après neuf matchs à jouer aussi peu, je ne me souvenais même plus comment scorer. La seule affaire que tu fais, tu vas sur la glace et tu te dis qu’il ne faut pas que tu fasses de revirement, que tu dois garder les choses le plus simple possible. Depuis que je suis revenu, j’ai plus de fun sur la glace, c’est sûr. Mais en dehors de la glace, là aussi c’est différent. »
« Qu’est-ce qui est mieux? », pense-t-il tout haut. « C’est toujours la question. Je dirais que les deux sont bons. C’est le fun de jouer ici, mais j’ai appris beaucoup à Philadelphie et j’ai hâte d’y retourner. »
Plus tard que prévu
En toute humilité, Aubé-Kubel s’attendait à vivre son baptême de la LNH un peu plus tôt. La saison dernière, sa deuxième chez les pros, le Québécois a fracassé sa coquille en amassant 46 points, dont 18 buts, en 72 matchs.
« Je jouais tellement bien que je pensais me faire rappeler. À un moment donné, il y avait eu des blessés et je croyais bien que ça allait se passer, mais je pense qu’avec la masse salariale, ça ne marchait pas. J’ai passé le reste de l’année à attendre. »
Loin d’être découragé, Aubé-Kubel est arrivé au camp d’entraînement gonflé à bloc, cet automne, convaincu que ses chances étaient bonnes de rester à Philadelphie.
« Mais je ne pense pas que j’ai eu le meilleur camp possible, confesse-t-il. [Mikhail] Vorobyev, qui est présentement ici avec nous, a tellement eu un bon camp. Le gars était dominant, je ne l’avais jamais vu jouer de même. Et comme de fait, il est resté pour le début de saison. Donc je ne dis pas que j’avais mal joué, mais il y avait des gars qui étaient plus ressortis. »
Deux semaines après le début de la saison, les Flyers ont inscrit les noms de Michael Raffl et Corban Knight sur la liste des blessés. Ils ont aussi rétrogradé Vorobyev, invitant Aubé-Kubel à faire le chemin inverse. L’ailier droit s’est retrouvé sur un trio avec les vétérans qu’il avait tenté de dégommer un mois plus tôt.
« Je pensais qu’il allait y avoir des petites arrières pensées, dans le sens qu’ils le savaient que j’étais là pour prendre leur spot, tu comprends? Mais zéro. Les deux plus gentils, c’était Weise et Lehter. Weise est un méchant bon "Jack", un bon leader. C’est pas tous les gars qui venaient me voir pour jaser, mais lui il le faisait. »
La fierté d’un grand-père
En juin 2014, La Presse avait suivi Aubé-Kubel en marge du repêchage de la Ligue nationale, où il était l’un des espoirs québécois les mieux classés. Les images captées par le quotidien montréalais avaient permis de découvrir la belle complicité qui existait entre le jeune garçon et son grand-père maternel.
« Mes parents sont séparés et c’est souvent lui qui était dans les arénas avec moi quand j’étais petit, a rappelé le Sorelois vendredi. Ma mère était avec ma sœur au patinage artistique, fait que c’est mon grand-père qui m’amenait à mes pratiques. Ma mère est enfant unique, il n’a pas eu de fils... et il aime vraiment le hockey! »
Comme récompense pour son dévouement, Jean-Yves Aubé a appris en primeur que son petit-fils allait faire ses débuts dans la Ligue nationale le 30 octobre contre les Ducks.
« Je lui disais "Vas-tu venir en Californie?", raconte le numéro 16 des Phantoms. Il faisait semblant d’hésiter, mais je voyais bien que sa décision était prise. J’ai aussi quatre amis qui ont pris un vol direct pour venir me voir. Ce road trip-là, ça a été le plus beau voyage de ma vie. »
M. Aubé a assisté aux matchs d’Anaheim et de San Jose, est revenu au Québec, puis est retourné à Philadelphie avec ses « chums de golf. »
« Il me texte encore à chaque jour. Il va être là ce soir. Il a acheté ses billets il y a deux mois, je pense », rigole sa descendance.