Grand club, grande organisation, grand champion
LNH jeudi, 8 juil. 2021. 11:24 jeudi, 21 nov. 2024. 00:01MONTRÉAL - Nul besoin de se lancer dans de grandes analyses pour expliquer la victoire du Lightning aux dépens du Canadien. La raison est toute simple : la meilleure équipe a gagné.
Les « Bolts » étaient plus forts que le Canadien à toutes les positions. Les «Bolts» étaient en mesure de rivaliser et de dominer le Canadien dans toutes les facettes du jeu, dans toutes les façons de disputer les matchs, dans l’énergie, la passion et la détermination nécessaire pour gagner.
Le Lightning c’est bien sûr Andreï Vasilevskiy le meilleur gardien de la LNH en ce moment. Le meilleur gardien de la planète hockey point à la ligne. Il l’a prouvé une fois encore mercredi dans la victoire de 1-0 qui a permis à son équipe de gagner la grande finale en cinq parties.
Vasilevskiy n’a pas multiplié les miracles dans le match décisif. Mais comme il le fait si bien et si souvent, il a su s’imposer lorsqu’il était important de le faire. Des 21 tirs du Canadien, six ou sept tout au plus étaient de nature à se transformer en but. Vasilevskiy les a tous stoppés. En fin de match, alors que ça sentait vraiment la coupe à l’intérieur du Amalie Arena, le gros gardien russe s’est dressé devant Anderson et Toffoli qui ont obtenu les meilleures occasions de niveler les chances 1-1.
Vasilevskiy a signé sa 16e victoire en 23 matchs. Sa cinquième par jeu blanc. Il a donc fait subir au Canadien le même affront qu’il avait servi aux Panthers en première ronde, aux Hurricanes en deuxième ronde et aux Islanders en finale de l’Est en complétant l’élimination de ces quatre clubs avec des blanchissages.
C’est pour cette raison qu’il a reçu mon vote de première place dans la course au trophée Conn-Smythe. C’est sans doute pour ça que l’ensemble des journalistes qui, comme moi, ont eu le privilège de participer à l’élection du joueur le plus utile à son équipe en séries l’ont également favorisé dans le scrutin.
Le Lightning c’est aussi Nikita Kucherov, une extraordinaire machine offensive. C’est aussi Brayden Point qui est le joueur le plus complet à mes yeux de cette organisation, peut-être même le digne successeur à Patrice Bergeron à titre de meilleur joueur de la LNH pour l’ensemble de son œuvre. C’est aussi Victor Hedman le meilleur défenseur de la LNH.
Bien plus que des joueurs de soutien
Mais le Lightning c’est plus que ça.
C’est une grande équipe qui offre à ses grandes vedettes des coéquipiers qui sont bien plus que des joueurs de soutien.
Si l’ont fait exception de Vasilevskiy qui a été au centre de l’action dans tous les matchs contre le Canadien, ce ne sont pas les grandes vedettes des «Bolts» qui ont électrifié le Canadien. Ce sont Yanni Gourde, Barclay Goodrow et Blake Coleman qui forment un troisième trio de premier plan.
Ce sont Pat Maroon – troisième coupe Stanley consécutive avec deux clubs différents, il faut le faire quand même surtout que Maroon est loin d’avoir été un simple pion dans ces conquêtes – Tyler Johnson et Mathieu Joseph qui, en raison de la blessure subie par Alex Killorn, a pu prendre une part active aux succès de son équipe en séries moins d’un an après avoir été confiné à un rôle d’observateur l’automne dernier.
C’est Ross Colton qui a marqué le but de la victoire dans le match décisif.
Ce sont Ryan McDonagh et Erik Cernak qui ont été aussi bons et peut-être même meilleurs dans certains aspects du jeu que le grand Hedman, ce sont Mikhail Sergachev, Jan Rutta et le Québécois David Savard qui a su donner à cette équipe qui a fait son acquisition à la date limite des transactions exactement ce qu’elle attendait de lui et avait besoin de lui pour mousser ses chances de se rendre jusqu’au bout.
Le Lightning c’est donc bien plus que du talent, aussi abondant soit-il.
Rendez-vous avec l’histoire
Interrogé sur la patinoire entre deux accolades servies à ses joueurs, entre de grands cris de joie et de soulagement lancés avec les bras levés au ciel, Jon Cooper a d’ailleurs résumé à un jeu l’explication de la deuxième conquête consécutive de la coupe Stanley de son équipe.
« Barclay Goodrow qui s’avance devant Shea Weber alors qu’il se prépare à décocher une bombe et qui bloque le tir malgré les conséquences qui s’en viennent, c’est ça le Lightning de Tampa Bay », que l’entraîneur-chef des « Bolts » a lancé.
Goodrow est rentré sur une jambe au banc des joueurs. Je croyais qu’il y resterait pour le reste de la partie, mais il était de retour sur ses deux jambes dès la présence suivante. Et qu’est-ce qu’il a fait en fin de rencontre? Il a plongé et stoppé un autre tir du Canadien en fin de rencontre pour contribuer à protéger la mince avance d’un but.
Jon Cooper est aussi responsable de cette deuxième conquête que l’ensemble de ces joueurs. Les fans du Lightning semblent d’accord avec moi sur ce point, car c’est lui qui a reçu la plus chaleureuse ovation de l’équipe lorsqu’il a brandi la coupe Stanley au-dessus de sa tête.
Pour un gars qui a entrepris sa carrière en dirigeant une petite équipe de hockey mineur à la demande d’un juge – qui était le père d’un des jeunes en quête d’un coach avec qui Cooper, alors avocat, jouait dans une ligue de garage au sein d’un club appelé «Legal Eagle» -- Cooper a su se hisser parmi les meilleurs de sa profession. Il a surtout su se faire aimer et respecter par des joueurs, les vedettes comme ceux qui les entourent, à qui il a inculqué les bonnes façons de jouer au hockey. Pas juste pour marquer des buts. Pas juste pour gagner en saison régulière. Mais aussi pour gagner en séries.
Cooper a aussi su transformer l’élimination surprise subie il y a trois ans aux mains de Columbus dès la première ronde, en tremplin plutôt qu’en boulet qui aurait pu faire couler son club.
Les deux conquêtes consécutives célébrées depuis sont là pour le prouver. Et la possibilité bien réelle qu’une troisième s’ajoute dès l’an prochain ne fait qu’en rajouter.
Un DG, une vision, un flair et un peu de chance…
Devant tous ces joueurs, devant ce coach qui est l’un des très bons de la Ligue il y a un directeur général qui a multiplié les bons coups et les coups de maître en Julien BriseBois.
Vrai que celui qui était le dernier en lice lorsque le Canadien a finalement confié l’équipe à Marc Bergevin a hérité d’une très bonne équipe lorsqu’il a remplacé Steve Yzerman.
Et qu’il compte aussi sur l’un des meilleurs propriétaires de la LNH alors que Jeffrey Vinik ne recule devant rien et devant aucune dépense justifiée pour aider ses hommes de hockey offrir aux fans de Tampa la meilleure équipe possible, l’équipe la plus susceptible de se rendre jusqu’au bout.
Mais BriseBois a su ajouter les éléments nécessaires pour faire de cette équipe très talentueuse la grande équipe qui a soulevé la coupe Stanley au nez du Canadien mercredi.
BriseBois a eu un brin de chance cette année alors que la blessure qui a chassé Nikita Kucherov de la formation pour la durée de la saison régulière lui a permis d’éviter les ennuis financiers qui le guettaient en raison d’un plafond salarial allégrement dépassé.
BriseBois et son équipe ont aussi profité d’un autre coup de chance. Car si la saison avait compté 82 matchs et non 56, Kucherov aurait obtenu le feu vert avant les séries et il aurait alors été nécessaire pour le Lightning de lui faire une place sous le plafond.
Avec les conséquences que cela aurait entraînées.
Les bons gardiens, les bons défenseurs, les bons attaquants savent profiter des chances qui s’offrent à eux. C’est aussi vrai pour les coachs et pour les directeurs généraux.
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John Cooper a d’ailleurs souligné que le spectre de voir le club changer de visage l’an prochain a servi à solidifier les liens des joueurs en place cette année.
« On n’a jamais parlé ouvertement de ce qui nous guette, mais on sait que des joueurs partiront en raison de l’expansion et du plafond. Ces réalités ont soudé nos joueurs alors que j’avais vraiment l’impression qu’ils voulaient s’assurer de maximiser les chances de réaliser de grandes choses dès cette année parce que personne ne sait à quoi ressemblera le club l’an prochain. »
Il sera intéressant de voir comment BriseBois, Mathieu Darche l’un de ses bras droits et les autres membres de l’état-major du Lightning composeront avec les décisions difficiles qui les attendent alors que des joueurs devront être offerts à rabais, voire donnés, pour respecter le plafond salarial qui stagnera pour encore quelques années.
Mais ce qui semble acquis, c’est que ce club sera parmi les grands favoris encore l’an prochain en raison de ses vedettes, des coéquipiers qui les aideront, d’un coach de premier plan et de la philosophie qu’il inculque à ses joueurs et à un état-major qui a du flair, de la vision et les moyens de mener ses plans jusqu’au bout.
C’est pour ça que le Lightning de Tampa Bay forme un très grand club de hockey. Une très grande organisation. C’est pour ça qu’il est encore champion. Un grand champion!