Dans le siège du négligé
Mondial Junior mardi, 3 janv. 2017. 13:44 dimanche, 24 nov. 2024. 09:10Équipe Canada n’a pas l’habitude d’occuper le siège du négligé, mais à l’aube de son duel de demi-finale du Mondial junior face à la Suède, c’est peut-être mieux ainsi.
Revenons un peu en arrière...
Rappelons-nous d’abord du dernier match de la troupe de Dominique Ducharme lors du calendrier préparatoire. Largement favori face à la modeste formation suisse, le Canada avait alors échappé une avance de 3-0 avant de s’imposer en prolongation.
Cette mise en garde a d’abord bien servi la case des Canadiens, qui ont successivement disposé des Russes, des Slovaques et des Lettons. Moins favoris, mais favoris tout de même face aux États-Unis ensuite, les représentants de l’Unifolié ont erré en première période et n’ont pu se relever ensuite à l'occasion de leur dernier match de la ronde préliminaire.
Puis, alors que bien des observateurs s’attendaient à ce que les Canadiens servent une correction au Tchèques en quarts de finale lundi soir, ils ont plutôt tardé à nouveau à se mettre en marche, retraitant même au vestiaire avec un déficit d’un but après 20 minutes de jeu.
Visiblement nerveux et peinant à solutionner le style défensif des Tchèques, les Canadiens sont néanmoins parvenus à apporter les correctifs qui s'imposaient à leur retour sur la patinoire en deuxième, et ultimement, à faire honneur à leur étiquette d’équipe favorite.
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Mercredi soir, sur la patinoire du Centre Bell à compter 19 h 30 sur les ondes de RDS, c’est toutefois aux Suédois que reviendra le mandat d’assumer le statut d’équipe à battre. Une situation dont pourrait tirer avantage le Canada, qui risque de se sentir à plus à l’aise dans le rôle inverse, notamment en début de rencontre.
Depuis le début de la compétition, les Suédois ont certes remporté chacun de leurs cinq matchs en temps réglementaire, mais ils n’ont pas été confrontés à des équipes de pointe. Aucune des trois autres équipes admises dans le carré d’as n’a croisé la route de la Suède jusqu’à maintenant.
Pour conclure la phase préliminaire au sommet du groupe A, les Suédois ont vaincu le Danemark, la Suisse, la République tchèque et la Finlande, qui tente présentement d’éviter la relégation. Les Suédois ont ensuite facilement écarté la Slovaquie de leur route, en attendant un duel annoncé face au Canada en demi-finale.
Les Canadiens ont-ils une chance de l’emporter face aux favoris? Oui, mais à certaines conditions.
La Suède, c’est la rapidité, la finesse et une bonne tactique de jeu. Ils me font un peu penser aux Américains dans leur contrôle de la rondelle en zone ennemie. Si certaines options de passes peuvent parfois échapper à bien des hockeyeurs, elles n’échappent toutefois pas aux membres de cette redoutable attaque suédoise. Chose certaine, la défense canadienne sera mise à l’épreuve, ce qui n’est pas de bon augure.
La perte de Philippe Myers, qui a subi une commotion cérébrale face aux États-Unis, risque plus que jamais de se faire ressentir. La première paire défensive canadienne, formée de Thomas Chabot et de Kale Clague, peut certes tenir son bout, mais ce ne sera pas de tout repos pour les deux autres.
En Alexander Nylander et Joel Eriksson-Ek, les Suédois comptent sur deux des trois meilleurs pointeurs du tournoi sur leur première unité offensive. Or, l’attaque suédoise ne se résume pas qu’à cela, loin de là. La profondeur de cette formation est impressionnante. On n’a qu’à penser à Tim Söderlund, qui a étourdi la Slovaquie lundi.
Si ces derniers obtiennent l’occasion de tester l’heureux élu qui aura le mandat de défendre le filet canadien, la troupe de Dominique Ducharme pourrait rapidement se retrouver en position précaire. Car on ne peut pas dire que depuis le début du tournoi, Carter Hart et Connor Ingram sont parvenus à effacer les doutes à leur endroit.
Jusqu’à maintenant, aucun des deux gardiens n’a joué au-dessus de sa tête pour faire la différence ou sauver l’équipe. Je ne dis toutefois pas qu’ils en sont incapables.
Mais afin de leur offrir le meilleur des supports face aux Suédois, les Canadiens se devront de s’imposer davantage physiquement, comme ils l’ont fait à compter de la deuxième période face aux Tchèques lundi en quittant la périphérie pour converger vers le filet.
Les Suédois ne sont pas les plus imposants sur le plan physique et le Canada doit en profiter pour jouer des épaules et tenter de les ralentir, ce qui aura pour effet de limiter leur précieux temps de possession.
En plein le genre de mission qui pourrait convenir au trio tout québécois formé depuis peu de Julien Gauthier, Nicolas Roy et Pierre-Luc Dubois. Ensemble, ils regroupent tous les ingrédients nécessaires à la formation d’une bonne unité offensive. Ils sont imposants, ils rôdent près du filet adverse et sont capables de marquer.
La finesse, c’est bien peau, mais dans la majorité des cas, c’est en jouant du coude qu’on parvient à prendre possession de la rondelle. Réunis, Gauthier, Roy et Dubois ont à mon avis la capacité de faire la différence face aux Suédois.
Je n’oserais pas les comparer au trio finlandais composé de Patrik Laine, Jesse Puljujarvi et Sebastian Aho, qui ont fait des ravages au Mondial junior l’an dernier, mais il y a tout de même une similitude. En plus de déborder de talent, Laine, Puljujarvi et Aho mesuraient tous au moins 6 pi 3 po.
C’est en faisant un bon usage de tous ces atouts devant le filet ennemi que Gauthier est parvenu à enfiler deux buts lundi. Fort de son expérience acquise l’an dernier, alors que le Canada a conclu la compétition avec une gênante sixième position, Gauthier est d’autant plus mieux armé pour faire face au défi qui attend les siens.
À l’instar de Gauthier, les quatre autres revenants de l’an dernier – Thomas Chabot, Mitchell Stephens, Matthew Barzal et le capitaine Dylan Strome – auront eux aussi une fois de plus l’occasion de prendre les choses en mains pour offrir au pays la meilleure des réponses au fiasco de l’an dernier.
Imaginez si le Canada avait aussi pu compter sur le retour d’un gardien ayant pris part à l’aventure de l’an dernier...
Qu’importe, ce n’est pas la façon de s’y rendre qui compte, mais bien d’être rendu. Les Canadiens ont leur place en demi-finale et ils la méritent. À eux de saisir l’opportunité.
*Propos recueillis par Mikaël Filion.