Dominique Ducharme met la pression sur la Suède
Mondial Junior mardi, 3 janv. 2017. 14:27 dimanche, 24 nov. 2024. 19:22MONTRÉAL – Dominique Ducharme n’est pas né de la dernière pluie. En fin renard, l’entraîneur-chef d’Équipe Canada junior s’est efforcé de transférer dans le clan adverse la pression qui est susceptible de peser sur les épaules de ses troupiers à la veille du match de demi-finale que la jeune sélection nationale disputera à la Suède.
« On sait que les Suédois, ça fait quoi? Dix ans qu’ils n’ont pas perdu en ronde préliminaire? C’est certainement positif pour eux. Par contre, quand arrivent les matchs éliminatoires, ils ont un peu plus de difficulté. On veut exploiter ce côté-là et leur mettre de la pression », a clamé l’entraîneur d’expérience au lendemain de la victoire des siens contre la République tchèque.
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On pourra pardonner à Ducharme d’avoir beurré épais pour les besoins de la cause. C’est vrai que la Suède n’a pas perdu en ronde préliminaire depuis 2007, mais la vérité, c’est qu’elle ne s’en tire pas si mal non plus dans les matchs sans lendemain. Au cours des neuf dernières années, elle a remporté une médaille d’or, quatre d’argent et une de bronze, un total de médailles égal à celui du Canada.
Mais parce que son mandat n’est pas de dépeindre correctement le passé, mais plutôt de s’assurer que le présent soit à la hauteur de ses ambitions, Ducharme n’a pas dérogé de sa rhétorique mardi.
« Ils ont des façons de perdre quand les choses deviennent plus dures et on veut leur faire la vie dure. [...] On verra comment ils réagiront à la pression. »
N’en déplaise toutefois à Ducharme et aux supporteurs de la formation canadienne, la Suède est avec raison considérée comme la favorite pour avancer au match de la médaille d’or cette semaine à Montréal. Elle forme un groupe plus expérimenté avec le retour de huit vétérans de l’édition de l’an dernier, compte sur le trio le plus productif du tournoi – celui composé d’Alexander Nylander, Joel Eriksson-Ek et Rasmus Asplund – et, surtout, jouit de beaucoup plus de stabilité devant le filet.
Les gardiens de la Suède affichent un taux d’efficacité de ,926 depuis le début de la quinzaine tandis que ceux du Canada montrent un rendement de ,873. On ignore d’ailleurs toujours qui, de Connor Ingram ou Carter Hart, sera titularisé pour la demi-finale.
« Je ne crois pas qu’on ait affronté une équipe avec autant de talent jusqu’à maintenant, a affirmé l’attaquant Mathew Barzal. Du premier au dernier, tous leurs défenseurs sont très doués. C’est une équipe rapide, mais je crois qu’on a tout ce qu’il faut pour leur tenir tête. Je ne crois pas qu’ils aient rencontré une équipe de notre calibre non plus, alors ça devrait être un bon test des deux côtés. »
« C’est une équipe qui a vraiment beaucoup de talent, observait d’une même voix Mathieu Joseph. Elle est très rapide et fait bien circuler la rondelle. Elle est bien équilibrée aussi, avec trois ou quatre bonnes lignes qui sont capables de marquer et des défenseurs offensifs très mobiles. Ça va être un bon défi, mais on va être prêt. »
Thomas Chabot, qui affronte depuis le début du tournoi les meilleurs éléments offensifs adverses, s’attend à une soirée chargée contre Nylander et compagnie.
« On sait que ça va être très difficile. Ils n’ont pas encore perdu un match et ils ont une très bonne ligne offensive, des bons défenseurs et apparemment un gardien qui a fait le travail durant tout le tournoi. Mais comme je l’ai déjà dit, rendu à ce point-ci du tournoi, peu importe l’équipe que tu vas affronter, ça va être dur de gagner. Personne ne va donner la victoire à personne. »
La Suède a remporté les deux derniers affrontements entre les deux pays. Le plus récent remonte à l’an dernier, une victoire de 5-2 des Scandinaves la veille du jour de l’An.
Dilemme de gardiens : « rien à envier » aux autres équipes
Comme c’est son habitude depuis le début du tournoi, Dominique Ducharme a entretenu le mystère sur l’identité de son gardien en vue du prochain match à l’horaire. En fait, l’entraîneur a assuré que sa décision n’était toujours pas prise au moment de rencontrer les journalistes.
« Tu peux poser la question [aux joueurs], ils ne le savent pas. Même le gardien ne le sait pas, a-t-il juré. Déjà, il faut prendre la décision, mais personne n’est au courant. Il faut s’asseoir ensemble, on va regarder toutes les facettes et on va faire un choix. »
Ingram a obtenu le départ en quarts-de-finale, son deuxième consécutif et son troisième depuis le début de la compétition. Il n’a eu qu’à réaliser 16 arrêts dans la victoire de 5-3 et a jusqu’ici accordé six buts sur seulement 45 lancers. Hart a quant à lui cédé cinq fois sur 42 tirs répartis sur deux matchs.
« Quand on ne donne pas beaucoup de lancers, ce n’est pas toujours évident pour un gardien, a excusé Ducharme. Hier, on était dominant en deuxième période et je pense que Connor aimerait bien revoir le lancer qui a mené au deuxième but. Mais je pense que demain, ça va être un match différent. Ça devrait être un peu plus partagé par rapport au temps de possession, au temps d’attaque. Ça peut juste aider notre gardien. Ça va être un rythme de match plus normal. »
« C’est vrai que c’est un peu différent de ce que à quoi on est habitué, a concédé Ingram. Quand on joue pour Équipe Canada, on ne verra pas 40 lancers par match, on risque plus d’en voir 14. Il faut s’ajuster, mais on s’habitue. »
Hart, qui était considéré comme le numéro un d’ÉCJ au terme du camp de sélection, n’a pas joué depuis le 29 décembre contre la Lettonie, mais Ducharme ne craint pas que la rouille puisse affecter le portier des Silvertips d’Everett.
« Le 29 décembre, c’est cinq jours. C’est comme une semaine normale dans la Ligue canadienne où tu arrêtes de jouer le samedi et tu rejoues le vendredi. Ce n’est pas trop long et il ne faut pas le compter comme non-disponible à cause de ça. Ça ne fait pas si longtemps que ça. »
Question de s’assurer de brouiller les pistes, Ingram et Hart ont tous les deux été mis à la disposition des médias mardi.
« Je me sens un peu mieux avec deux départs de suite derrière la cravate, a affirmé Ingram. Je crois que plus je suis occupé, meilleur je suis. C’est toujours bien de jouer. »
« On a confiance en nos gars, a garanti Ducharme, cachotier. Ce sont les meilleurs au pays et je ne pense pas qu’on a quoique ce soit à envier aux gardiens des autres équipes. »