OSTRAVA, République tchèque – La route d’Équipe Canada junior vers la première place de son groupe n’aura pas été de tout repos.

Elle a débuté par une côte plus abrupte que prévu, une remontée de deux buts contre les États-Unis. Puis le GPS s’est emballé et l’a temporairement menée vers la mauvaise direction : une défaite de 6-0, la pire de son histoire, face à la Russie.

Le retour a dû se faire par un pont payant au tarif exorbitant, la perte sur blessure de son joueur étoile Alexis Lafrenière. La pluie s’est ensuite mise à tomber avant qu’on ait le temps de fermer le toit ouvrant : son capitaine, Barrett Hayton, s’est retrouvé malgré lui au cœur de la controverse en omettant d’enlever son casque pendant un hymne national. Comble de malheur, des gyrophares sont apparus dans le rétroviseur et une contravention salée a été distribuée avec la suspension imposée à Joe Veleno.

Mais voilà que malgré tout ça, la bande à Dale Hunter est arrivée à la borne de mi-parcours à l’heure et avec possiblement tous ses passagers. Ses trois victoires en quatre matchs lui vaudront un affrontement contre des Slovaques bien peu menaçants en quarts de finale et le retour au jeu de Lafrenière, s’il est loin d’être garanti, n’est au moins pas exclu.

« C’était assurément un peu chaotique dans le vestiaire cette journée-là, a convenu Veleno lorsque la débâcle contre les Russes, et tout ce qui a suivi, est venue sur le sujet mardi soir. Mais je crois qu’on a vite réalisé que ce n’était qu’une mauvaise journée et que la route était encore longue devant nous. On est resté calme, on est resté patient et au final, on a gagné notre groupe, ce qui n’est pas trop mal. »

« Ça en dit long sur le caractère de cette équipe, croit Hayton, le meilleur marqueur d’ÉCJ avec six points après quatre matchs. Dans un monde idéal, on serait à notre mieux à chaque jour, mais il arrive qu’on doive se regarder dans le miroir et apporter des ajustements. On s’est amélioré constamment depuis cet accident de parcours et le meilleur est à venir. »

Dans l’immédiat, du moins, la suite devrait être un peu moins hasardeuse. La Slovaquie est l’équipe qui a accordé le plus de buts (22) en ronde préliminaire. Elle n’en a aussi marqué que huit et sa seule victoire est venue aux dépens du Kazakhstan, qui tentera d’éviter la relégation contre l’Allemagne.

Mais Hayton, l’un des cinq vétérans à avoir vécu l’élimination d’ÉCJ en quarts de finale à Vancouver, n’est pas prêt à regarder les négligés de haut.

« Les souvenirs de l’an passé sont encore frais dans ma mémoire et plusieurs d’entre nous ont toujours un goût amer en bouche. Cette défaite nous brûle encore de l’intérieur et on ne peut pas se permettre de regarder au-delà de ce match. »

« C’est vrai qu’ils ont fini dans le bas de leur classement, mais on ne peut quand même rien prendre pour acquis, prévient Veleno. Les surprises ne sont pas rares dans ce tournoi et tout peut arriver. Alors on sera prêt pour ce match, on ne veut pas les prendre à la légère. On va les étudier sur vidéo et on aura un plan de match solide. »

En dépit de toutes ces belles paroles, il y a un éléphant dans la pièce qu’il est difficile d’ignorer. S’il se qualifie pour les demi-finales, le Canada pourrait retrouver de vieux bourreaux sur son chemin. La Russie, en effet, n’a plus que la Suisse à vaincre pour provoquer des retrouvailles hautement attendues.

Ça, personne dans le camp canadien n’a fait semblant de l’ignorer au moment de tirer un trait sur une semaine chargée en émotions.  

« Ils jouent bien, ils marquent beaucoup de buts et n’en accordent pas beaucoup non plus; ça serait assurément fantastique de pouvoir les retrouver et prendre notre revanche », a admis Nolan Foote.

« C’est sûr qu’on ne veut pas trop s’éloigner du moment présent, on essaie de se concentrer sur la tâche qui est devant nous. Mais on s’est fait avoir solide la dernière fois contre les Russes, ils ne nous ont pas manqués. C’est évident qu’on souhaite les revoir », n’a pas caché Dylan Cozens.  

« On veut effacer ce qui s’est passé contre eux et ça ne fait aucun doute qu’on veut notre revanche, a approuvé Veleno. Mais peu importe les équipes qui se présenteront devant nous, on ne se fera plus prendre comme on s’est fait prendre par les Russes. »

Les résumés des matchs de la ronde préliminaire :

Canada 6 - États-Unis 4
Russie 6 - Canada 0
Allemagne 1 - Canada 4
Canada 7 - République tchèque 2