OSTRAVA, République tchèque – Pour la deuxième fois en autant de matchs, Équipe Canada est sautée sur la glace du mauvais pied samedi au Mondial junior. Si elle avait trouvé l’inspiration pour orchestrer une remontée contre les États-Unis, son inertie lui a été fatale contre une formation russe qui ne lui a pas fait de quartier.

 

Au point médian de la phase préliminaire, le Canada a concédé cinq buts en première période. Il s’agit d’une tendance alarmante qui, si elle ne risque pas d’être trop coûteuse dans ses deux prochains matchs contre l’Allemagne et la République tchèque, pourrait mener à une autre sortie prématurée dans la ronde des médailles.

 

Russie 6 - Canada 0

L’entraîneur-chef Dale Hunter a réduit le problème à sa plus simple expression dans les minutes qui ont suivi la gênante défaite de 6-0 infligée par les Russes. « On est victime de trop de revirements en début de partie. Ça saute aux yeux, c’est facile à voir. On n’a pas été assez bon défensivement. »

 

Hunter a raison. Il n’y avait même pas deux minutes d’écoulées quand le défenseur Jared McIsaac a enfreint une règle élémentaire en tentant une sortie de zone par le centre de la patinoire. Sa passe a été interceptée par Alexander Khovanov, qui a ensuite profité d’une largesse du gardien Nico Daws pour ouvrir le pointage.

 

À mi-chemin en première période, Ty Dellandrea a distraitement perdu la trace de l’attaquant russe qui était sous sa responsabilité devant le filet canadien. Le temps qu’il réalise qu’il venait de gaffer, le tir du revers de Pavel Dorofeyev secouait la lucarne. Puis trois minutes plus tard, Quinton Byfield et Kevin Bahl négligeaient de protéger l’enclave sur un tir de la pointe. Quand ils ont vu Nikita Rtishev se faufiler entre eux, il était déjà trop tard.   

 

De la mauvaise défensive, donc. Mais de façon un peu alarmante, chacun des joueurs qui ont offert leurs impressions sur la défaite ont expliqué ce deuxième faux départ consécutif par une mauvaise préparation, un refrain qui renvoie les projecteurs sur le travail de Hunter et ses adjoints.

 

« C’est difficile à expliquer, je pense que personne n’est capable de mettre le doigt sur la source du malaise présentement, estimait Dellandrea. On se prépare de la même façon pour chaque match. Dans la période d’échauffement, tout donne l’impression qu’on est prêt à faire feu, mais j’imagine qu’on est incapable de transporter cette énergie dans la première période. Peut-être qu’il faudra essayer quelque chose de différent. »

 

« On n’était pas prêt à se battre comme l’ont fait les Russes, a ajouté Smith, qui a terminé sa soirée avec un bilan défensif de -4. Ils avaient perdu leur premier match contre les Tchèques, ils étaient déjà désespérés et je ne pense pas qu’on ait affiché la même intensité qu’eux au début du match. Après ça, on dirait que ça a fait boule de neige. »

 

« On n’était vraiment pas prêt au début de la game, a lui aussi déploré Joe Veleno. On perdait 2-0 et on pensait revenir fort en deuxième, mais on n’a pas été capable de trouver l’étincelle pour avoir du momentum. Ils ont continué à empiler les buts et on n’a jamais su les arrêter. »

 

Si le parcours du Canada devait comprendre une séance d’introspection, aussi bien qu’elle survienne en début d’opération. Maintenant que leurs plus costauds rivaux sont derrière eux, les représentants de l’Unifolié auront un peu plus de latitude pour se pencher sur les réelles causes de leurs travers. Il faudra toutefois s’y attaquer sérieusement, parce que le temps ne sera bientôt plus aux ajustements.

 

« On regarde le positif, toutes les équipes de notre division ont maintenant la même fiche de 1-1, observait Veleno. Notre groupe est relevé et je pense que les gars le comprennent. À chaque match, on devra être prêt dès la première mise en jeu. »

 

Hors-jeu : Hunter explique sa décision

 

On ne saura jamais si le cours du match en aurait été affecté, mais il semble que les entraîneurs canadiens auraient eu intérêt à contester une décision des officiels sur le premier but des Russes.

 

« Une leçon d'humilité »

À la reprise, il semble clair que Khovanov a intercepté la passe de McIsaac à l’extérieur de la ligne bleue et qu’il soit entré en territoire canadien en situation de hors-jeu. Les règlements de la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) permettent de demander une révision vidéo de certaines séquences, dont celles où une entrée de zone illégale aurait pu mener à un but.

 

Même si le jeu est survenu directement en face du banc du Canada, Dale Hunter n’a pas jugé bon d’exercer son droit de parole. Après la rencontre, Hunter a justifié sa décision en expliquant que son personnel n’avait accès qu’à un seul angle de la séquence et qu’il n’offrait pas une image assez claire de la situation pour risquer d’aller en appel.

Une contestation jugée injustifiée aurait valu au Canada une pénalité mineure de banc pour avoir retardé la partie.