OSTRAVA, République tchèque – Les quatre points retiendront surtout l’attention, et avec raison. C’est d’abord grâce aux qualités qu’on lui connaît bien – sa compréhension du jeu, son sens de l’anticipation et ses mains magiques - qu’Alexis Lafrenière a porté Équipe Canada sur ses épaules en ouverture du Mondial junior 2020.

 

Mais la réalité, c’est que Lafrenière a apposé sa signature sur la victoire des siens bien avant que son nom n’apparaisse pour la première fois sur la feuille de pointage, jeudi.

 

Le Canada n’a pas connu un début de match digne du défi qui l’attendait contre les États-Unis. Il a été indiscipliné, un vice qui l’a placé en retard au pointage dès la quatrième minute. Il a aussi manqué de concentration, par exemple lorsque Quinton Byfield a bêtement négligé de traverser la ligne centrale avant de dégager pour permettre à son trio de retourner au banc. L’erreur, éventuellement réparée, aurait pu avoir de lourdes conséquences.

 

« On regardait le match plutôt que d’y participer », a bien résumé Joe Veleno.

 

Vers le milieu de la première période, le trio que Veleno pivotait avec Lafrenière et Nolan Foote a décidé que ça ne pouvait plus durer. Dans un intervalle de quelques minutes, cette unité sur laquelle ÉCJ compte avant tout pour allumer la lumière rouge derrière le filet adverse a initié un réveil collectif avec une mission toute simple, mais dont on ne l’aurait jamais cru investie : frapper tout ce qui bouge.

 

Lafrenière s’est avéré particulièrement déchaîné. Dans un intervalle de quelques secondes, il a étampé les défenseurs Jordan Harris et Mattias Samuelsson avec une telle force que les oreilles de Jordin Tootoo, l’une des boules d’énergie les plus destructrices de l’histoire d’ÉCJ, ont dû commencer à siler. Kevin Bahl, la tour de 6 pieds 7 pouces à la ligne bleue canadienne, a aussi fait sa part en ébranlant Bobby Brink le long de la rampe.

 

Les États-Unis ont doublé leur avance avant la fin de la période, mais qu’importe. Malgré leur retard de deux buts au pointage, on sentait que les Canadiens s’étaient remis les idées à la bonne place.

 

Canada 6 - États-Unis 4

« Absolument, approuvait avec enthousiasme le capitaine Barrett Hayton après la rencontre. On manquait de mordant en début de match et voilà deux gars qui ont fait des gros jeux pour nous réveiller. Des mises en échec comme celles-là sont des sources d’énergie garanties. On en a assurément ressenti les effets. Je crois que tout le monde dans l’aréna l’a ressenti, d’ailleurs. On n’était plus la même équipe par la suite. »

 

« On ne jouait pas à la hauteur de ce qu’on peut offrir en début de match, a agréé l’entraîneur Dale Hunter. On ne maîtrisait pas la rondelle comme on est capable de le faire. Mais les gars se sont accrochés. L’une des façons de retrouver son rythme, c’est en appliquant un gros échec-avant et c’est là qu’on est allé chercher nos mises en échec. Ceux qui ont les données sont les meneurs de cette équipe et se sont dit qu’ils devaient faire quelque chose pour nous donner un peu de vie. Leurs mises en échec étaient propres, solides et nous ont donné le momentum pour le reste du match. »

 

Lafrenière marque un but de toute beauté

Lafrenière, un solide gaillard qui n’est toutefois pas reconnu pour ses coups d’épaules, admet que son approche a peut-être pris ses adversaires par surprise.

 

« Je ne suis pas un joueur qui cherche juste ça, mais quand j’ai la chance, j’essaye de m’impliquer physiquement. Ça m’embarque dans la game. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense que ça a bien marché », a justifié le numéro 11 de l’Unifolié.

 

« On n’avait pas le début de match qu’on voulait. Leurs défenseurs sont tellement bons que si tu ne les frappes pas, je pense qu’ils vont toujours faire les bons jeux. Il fallait essayer de mettre le plus de pression possible, d’être agressif pour provoquer des erreurs. »

 

Lafrenière nommé joueur du match

Veleno, qui a affronté Lafrenière pendant deux ans dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), a esquissé un sourire et s’est tourné la langue sept fois quand on lui a demandé s’il avait lui aussi été surpris par l’implication physique de son compagnon de trio.

 

« Je ne sais pas si on peut dire que j’étais surpris. [Alexis] est assez costaud et quand il se met dans la tête de frapper quelqu’un, il ne se gêne pas pour le faire et il peut être intimidant. Dans les matchs d’une telle importance, tout le monde cherche l’occasion de donner un bon coup d’épaule. Ce soir, ça a commencé avec notre trio et les autres ont suivi dans nos traces. C’était beau à voir. »

 

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