OSTRAVA, République tchèque – La dernière fois que Cole Caufield a porté l’uniforme bleu-blanc-rouge de la sélection américaine, il a donné un spectacle dont le bilan demeure archivé dans le livre des records de la Fédération internationale de hockey sur glace.

 

Au championnat du monde des moins de 18 ans l’an dernier, le plus récent choix de première ronde du Canadien de Montréal a inscrit 14 buts en seulement sept matchs, battant ainsi une marque qui appartenait à nul autre qu’Alexander Ovechkin.

 

Si Caufield caresse d’aussi ambitieux objectifs en vue de sa première participation au Championnat du monde de hockey junior, il ne l’ébruite pas trop. Le tireur d’élite de 18 ans s’est fait diplomate à la veille du choc entre les États-Unis et le Canada, mercredi, affirmant que la principale mission dont il se sentait investi était d’aider son équipe à décrocher l’or qui lui a glissé entre les doigts l’année dernière à Vancouver.

 

Mais quiconque a déjà vu jouer le natif de Stevens Point, au Wisconsin, sait qu’il a sa façon bien à lui d’influencer le résultat d’un match. Depuis ses débuts chez les U17, Caufield a marqué 26 buts en 20 matchs sur la scène internationale. Et il ne semble pas vouloir s’arrêter : lundi dernier, dans un match préparatoire contre l’Allemagne, il en a enfilé quatre dans une victoire de 7-1.

 

Le record pour le plus grand nombre de buts marqués par un joueur américain au Mondial junior appartient à Kieffer Bellows, qui en avait réussi neuf en sept parties en 2018. Vu sa feuille de route, on ne voit pas pourquoi Caufield ne pourrait s’en approcher dès cette année.

 

« C’était bien pour lui d’en marquer quatre dans notre dernier match, ça ne peut qu’être bon pour sa confiance. Mais on sait tous que le plus dur reste à venir, tempère l’entraîneur-chef de l’équipe américaine, Scott Sandelin. Les buts sont difficiles à aller chercher quand on entre dans ce tournoi, les adversaires sont plus rodés et de meilleure qualité. C’est un contexte bien différent de ce qu’on a vu jusqu’à maintenant. »

 

N’empêche, Caufield a déjà prouvé qu’il savait s’adapter rapidement à de nouvelles conditions supposément contraignantes. Ses 12 buts en 18 matchs à sa première saison avec les Badgers de l’Université du Wisconsin, dans la NCAA, en sont le plus récent exemple. Non seulement possède-t-il un tir à faire trembler les gardiens de tous âges, mais son impressionnante faculté à se faire oublier dans les endroits que tout le monde sait pourtant qu’il fréquente est probablement son talent le plus sous-estimé.

 

« Toute ma vie, j’ai été le plus petit joueur sur la patinoire et je crois que ça m’a aidé à trouver les zone payantes, raconte l’ailier de 5 pieds 7 pouces. L’idée, c’est de trouver les espaces à partir desquels on peut espérer battre le gardien sans nécessairement essayer de viser l’intérieur des poteaux. Je crois que c’est ce qui est le plus difficile pour beaucoup de joueurs, trouver ces angles morts et s’y faire le plus discret possible. On a si peu de temps pour prendre une décision avec la rondelle de nos jours que c’est une belle carte à avoir dans son jeu. C’est toutefois plus difficile à maîtriser que ça en a l’air et c’est quelque chose que je cherche constamment à améliorer parce que plus le calibre augmente, plus c’est difficile à exécuter. »

 

En confiance

 

Caufield confirme l’intuition de son entraîneur : il est arrivé en République tchèque gonflé à bloc et les quatre buts qu’il a marqués contre les Allemands en sont pour lui la conséquence, et non la cause.

 

Pourtant, l’espoir du Tricolore traversait un léger creux de vague au moment de quitter le campus pour se joindre à l’équipe nationale. Après avoir amorcé la saison avec huit buts en sept parties, il n’en avait inscrit que deux à ses dix derniers.

 

« Il y a eu des hauts et des bas, c’est certain, et notre équipe en arrachait depuis un certain temps avant mon départ. Mais personnellement, j’avais l’impression de continuer à progresser. J’ai frappé le poteau un paquet de fois pendant cette séquence. Tant que j’ai des chances de marquer, je me dis que ça va bien. Je n’ai pas encore eu le temps de m’inquiéter à propos de mes performances et j’espère ne jamais avoir à l’être! »

 

Depuis qu’il a été repêché par le Canadien en juin dernier, Caufield a été placé sous haute surveillance par les partisans de l’équipe. Ses moindres gestes sont relayés et commentés partout au Québec. La plupart des médias de Montréal ont dépêché un journaliste au sud de la frontière pour prendre de ses nouvelles pendant sa première session d’études. Sur le populaire site de statistiques HockeyDB, son nom figure constamment parmi les plus fréquemment tapés dans le moteur de recherche.

 

Dans la ville où Caufield a déjà fait connaître son intention de jouer dès l’an prochain, le buzz et palpable et il admet l’avoir ressenti, même à plus de 1600 kilomètres de là.

« Mais je n’y accorde pas trop d’importance, précise-t-il. Je n’y suis pas encore, alors j’essaie de ne pas trop m’en soucier. C’est évidemment spécial de faire partie de cette organisation et c’est toujours flatteur de voir son nom circuler de cette façon, mais pour l’instant, je suis encore à l’université et c’est là-dessus que je souhaite me concentrer. »​