Ce n'est pas une surprise pour qui que ce soit, mais Équipe Canada junior s'est bien acquittée de sa tâche en récoltant les six points à sa portée dans les deux premiers points de la ronde préliminaire.

Le plus suprenant dans l'histoire, c'est la façon diamétralement opposée dont les deux victoires ont été obtenues face à l'Allemagne et la Slovaquie. Il est normal qu'il y ait eu un effet résiduel de la victoire extrêmement facile dans le match d'ouverture. Quand tu exploses pour 16 buts un soir et que c'est une véritable promenade dans le parc du premier au dernier coup de sifflet, c'est difficile d'ouvrir la machine une deuxième fois le lendemain. Donnons aussi beaucoup de mérite à la formation slovaque pour le jeu hermétique qu'elle préconise jusqu'ici dans la compétition. Mine de rien, après plus de 115 minutes de jeu, elle n'avait alloué qu'un seul but au total à ses adversaires.

Les adversaires du Canada ont joué dimanche soir un match discipliné avec des couvertures défensives serrées et des assignations bien respectées. Ils ont fait travailler l'équipe hôte du tournoi et je vois cela comme une belle leçon de travail.

Les entraîneurs parlent souvent dans ce tournoi de la nécessité d'avoir à affronter tôt ou tard de l'adversité. Ton réveil, tu préfères qu'il survienne de bonne heure, plutôt que dans les matchs à élimination directe. À ce stade-ci de la compétition, si on veut être réaliste, le fait de gagner 16-2 ou 3-1 ne change pas énormément la donne pour le Canada. C'est une récolte de trois points avec un gain en temps réglementaire, et comme on le prévoyait, l'affrontement le plus intéressant à venir demeure celui contre la Finlande le 31 décembre, qui déterminera sans doute qui terminera 1er et 2e au sein du groupe A.

Il y a matière à amélioration après une sortie comme celle du Canada face à la Slovaquie, mais ce n'est vraiment pas la fin du monde. Personnellement, je suis encouragé de voir des joueurs ayant été de l'édition 2020 d'ÉCJ s'imposer en tant que leaders tôt dans la compétition. Je pense à Bowen Byram et Jamie Drysdale à la ligne bleue, ainsi que Dylan Cozen et Connor McMicheal à l'attaquant. Ils nous prouvent qu'ils seront des joueurs sur qui on pourra compter au cours des prochains matchs, lorsque les enjeux seront élevés. 

Slovaquie 1 - Canada 3



Le gardien Devon Levi me donne aussi une impression favorable. On avait peu entendu parler de lui, mais il livre la marchandise après deux départs. Peut-être Tourigny pensait-il qu'il aurait pu donner la 3e période à son gardien réserviste comme il a pu le faire contre les Allemands, mais la rencontre était bien trop serrée, et Levi a finalement passé les 60 minutes devant la cage canadienne.

Je dois cependant dire que ma déception la plus notable après deux matchs est le rendement offert par un autre revenant, Quinton Byfield. Il vient au sommet de ma liste des patineurs qui peuvent en donner plus. Il n'est pas menaçant, ne génère pas beaucoup de chances de marquer, et semble être une fraction de seconde en retard lorsqu'il tente des jeux. Bref, il peut faire bien mieux, particulièrement lorsqu'on considère la qualité de l'opposition qu'il avait devant lui. Byfield doit trouver une manière de coller son identité à celle du collectif. Il était l'attaquant le moins dangereux sur son trio dimanche, loin derrière Jakob Pelletier et Connor Zary.

Pour un deuxième match de suite, le trio de Dawson Mercer m'a impressionné. Nick Suzuki, Philip Tomasino et lui ont amené de l'énergie, en plus de contribuer offensivement. 

Historiquement, il y a souvent eu des joueurs au sein d'Équipe Canada joueur qui ont débuté le tournoi avec un rôle modeste, mais qui affichaient un tel progrès d'un match à l'autre qu'ils ont fini par obtenir de plus grandes responsabilités. C'est bien parti pour être le cas de Mercer, qu'on considérait comme un 13e attaquant pour entamer la compétition. Le produit des Saguenéens de Chicoutimi se devait de forcer la main du personnel d'instructeurs, et force est d'admettre que c'est en plein ce qu'il accomplit.

La décision appartient maintenant à Tourigny, mais chose certaine, Mercer est en train de lui montrer qu'il peut en donner davantage à son club qu'on ne l'anticipait. À mon sens, Tourigny n'aura pas le choix de récompenser Mercer si son style de jeu énergique et créatif se poursuit pour un troisième match de suite, contre la Suisse mardi.

* propos recueillis par Maxime Desroches