MONTRÉAL – Jussi Ahokas devait se contenter d’un rôle d’observateur cette semaine à Montréal. Il est maintenant responsable d’éviter un désastre.

Déjà embauché pour prendre la tête du programme finlandais des moins de 20 ans en 2017, Ahokas avait fait le voyage au Canada pour évaluer ses futurs protégés et prendre le pouls du groupe dont il allait hériter dans les mois suivants. Ses patrons lui avaient même demandé d’occuper, l’instant d’un match, le rôle d’analyste pour sa télédiffusion sur un réseau local.

Un rôle d’observateur, qu’on vous disait.

Des circonstances imprévues ont toutefois fait en sorte que le réel mandat de l’homme de 36 ans a été devancé. Tard vendredi soir, la délégation finlandaise a réagi aux piètres résultats obtenus depuis le début du Championnat du monde de hockey junior – la Finlande est devenue la première nation de l’histoire du tournoi à devoir passer par la ronde de relégation l’année suivant une conquête de la médaille d’or - pour congédier l’entraîneur Jukka Rautakorpi et trois de ses adjoints.

Samedi matin, les deux pieds dans une paire de patins qu’il a dû emprunter, Ahokas est donc sauté sur la glace du Centre Bell pour y diriger son premier entraînement. Il était accompagné de l’entraîneur de la sélection nationale U17, qui était responsable de la vidéo au sein du personnel de Rautakorpi, et de l’entraîneur des gardiens qu’il prévoyait déjà reconduire dans ses fonctions.

« Un entraîneur ne veut jamais être lancé dans une telle situation, s’est désolé Ahokas. J’aurais préféré faire mon entrée au moment prévu après une solide performance de l’équipe dans ce tournoi. Ça aurait été le scénario idéal pour moi. Mais les choses se sont déroulées autrement et il faut maintenant regarder vers l’avant. »

Les trois hommes ont dirigé un entraînement d’une quarantaine de minutes d’une rare intensité pour une séance d’avant-match. Mais tout s’est fait dans la bonne humeur et Ahokas était confiant de voir une équipe transformée quelques heures plus tard pour son dernier match de la ronde préliminaire contre la Suisse.

« Nous avons maintenant une chance de faire peau neuve, a relaté le nouveau patron après avoir pris congé de ses joueurs. Il faut retrouver l’énergie et le style de jeu qui nous caractérisent habituellement. Bien sûr, il y a quelques petits ajustements techniques à apporter, mais notre principale préoccupation doit être de rester soudés tous ensemble. »

Ahokas n’est tout de même pas le dernier venu. L’homme de 36 ans a notamment dirigé pendant trois ans le programme finlandais des moins de 18 ans, qu’il a d’ailleurs mené à la conquête de la médaille d’or en 2016. Sept des joueurs qui étaient sous ses ordres pour ce triomphe sont de retour sous sa gouverne depuis samedi matin.

Privés de piliers offensifs comme Patrick Laine, Jesse Puljujarvi et Sebastian Aho, qui ont tous renoncé à leur admissibilité pour poursuivre leur carrière dans la Ligue nationale, la jeune équipe finlandaise a frappé un mur à Montréal. Elle a été surprise par la République tchèque et le Danemark avant de baisser pavillon contre une équipe suédoise beaucoup plus expérimentée.

Vendredi soir, la victoire de la Suisse contre le Danemark a officiellement écarté la Finlande du portrait des quarts de finale. Les champions en titre devront maintenant battre la Lettonie dans une série 2-de-3 pour conserver leur place dans le groupe mondial et assurer leur place au Championnat du monde l’an prochain à Buffalo.

« Le hockey prend beaucoup de place en Finlande, c’est la même chose qu’au Canada. Si on ne connaît pas de succès, une chasse aux sorcières se met en branle immédiatement », a noté Ahokas, qui a aussi déjà travaillé avec l’équipe féminine de son pays, lorsque questionné sur les réactions que suscitaient cette contre-performance chez lui.

« C’est évident que c’est un dénouement négatif pour le hockey finlandais, mais nous sommes maintenant dans une situation où le passé n’a plus d’importance. Nous avons trois matchs contre la Lettonie et il faut soutirer le meilleur de nos joueurs. Il faut gagner. »

L’une des principales préoccupations du nouveau pilote sera de relancer une attaque qui n’a fourni que quatre buts depuis le début du tournoi. Après trois matchs, la Finlande affiche un pourcentage d’efficacité de 4,55 %, le pire des huit équipes inscrites au tournoi. Les jeunes Eeli Tolvanen et Kristian Vesalainen, deux espoirs parmi les mieux cotés en vue du prochain repêchage de la LNH, n’ont jusqu’ici pu se mettre en valeur au niveau supérieur.

« Quelques changements peuvent être apportés, c’est sûr, mais je ne veux pas commenter sur ce qui s’est passé avant, s’est contenté de dire Ahokas. Il y a des petites choses qui n’ont pas cliqué, mais il faut maintenant trouver une façon de marquer des buts parce que nous avons les joueurs pour le faire. »