KRASNAÏA POLIANA, Russie - La Suissesse Dominique Gisin et la Slovène Tina Maze ont réalisé un événement sans précédent en devenant les deux premières athlètes à terminer à égalité au premier rang d'une épreuve de ski alpin aux Jeux olympiques. Elles ont conclu la descente féminine sur la piste du Centre alpin Rosa Khutor en une minute 41,57 secondes, mercredi matin.

Quelques minutes plus tard, les deux bonnes amies sont montées, main dans la main, sur la plus haute marche du podium pour la cérémonie de remise de fleurs.

«Je suis certainement très heureuse de partager cette médaille d'or avec Tina, a lancé Gisin, qui recevra sa médaille bien à elle. Elle est une personne tellement remarquable et l'une des plus grandes athlètes de notre sport.»

La Suissesse Lara Gut est venue bien près de compléter un triplé tout en or, terminant à seulement un dixième de seconde des deux gagnantes.

Deux des favorites de la compétition, l'Américaine Julia Mancuso (1:42,56) et l'Allemande Maria Hoefl-Riesch (1:42,74) se sont classées respectivement 8e et 13e.

Seule Canadienne en lice, Larisa Yurkiw a réalisé le 20e temps de l'épreuve, en 1:43,46, soit un peu moins de deux secondes derrière Gisin et Maze.

«Malheureusement, j'ai commis trop d'erreurs. Je croyais vraiment en moi aujourd'hui et j'ai tout donné sur la piste, ce que je ne regretterai pas», a déclaré Yurkiw.Larisa YurkiwC'est la huitième fois dans l'histoire des Jeux olympiques d'hiver que deux athlètes terminent ex aequo au premier échelon d'une épreuve, mais la toute première dans les annales du ski alpin. Par ailleurs, il faut remonter aux Jeux de Nagano, en 1998, pour retracer la dernière fois où deux skieurs se sont partagés la même marche d'un podium. Le Suisse Didier Cuche et l'Autrichien Hans Knauss avaient alors terminé ex-aequo en deuxième place lors du Super-G, derrière Hermann Maier.

 

«Peut-être qu'un doigt ou une main peut faire changer la couleur d'une médaille, a observé Maze, ajoutant qu'il était inutile de se tourner vers les millièmes de seconde, plutôt que les centièmes de seconde, pour départager les deux athlètes.

«C'est encore plus intéressant parce que ça ne se produit pas fréquemment, a ajouté la Slovène. C'est quelque chose de spécial.»

Mais si ce fait rare devait survenir, il ne faut peut-être pas se surprendre que Gisin et Maze soient au coeur de l'exploit.

Pour Gisin, il s'agissait seulement d'une troisième victoire en carrière en descente mais, en deux occasions, elle a terminé ex aequo avec une rivale. En janvier 2009, en Autriche, la Suissesse de 28 ans a partagé une victoire en Coupe du monde avec la grande Suédoise Anja Paerson. C'est d'ailleurs la dernière fois qu'une descente de la Coupe du monde s'est terminée avec une égalité.

Quant à Maze, elle a été impliquée dans une égalité à trois en octobre 2002, en Autriche également, alors que Maze, la Norvégienne Andrine Flemmen et l'Autrichienne Nicole Hosp ont toutes occupé la plus haute marche du podium à l'issue de la première épreuve de slalom géant de la saison.

Maze, 21e à se lancer en piste parmi les 42 skieuses inscrites et 30 minutes après Gisin, semblait destinée à remporter la course de mercredi, alors qu'elle devançait la Suissesse à l'issue de chacune des étapes intermédiaires. Mais il semble qu'elle ait commis une légère bévue avant la dernière dénivellation, devenue plus lente en raison de la neige qui s'amollissait sous une température avoisinant les 10 Celsius.

Maze a levé les deux bras au-dessus de sa tête et lancé ses lunettes dans les airs après avoir remarqué qu'elle partageait le premier rang. Il s'agit du meilleur résultat dans une saison difficile pour la Slovène, qui peine à égaler les performances qui ont marqué son exceptionnelle saison, en 2013.

Alors que Maze a remporté deux médailles d'argent lors des Jeux de Vancouver, Gisin, de son côté, a mérité la première médaille d'importance de sa carrière. Lorsque Maze a complété son parcours, Gisin a quitté la zone réservée à la meneuse et est allée faire l'étreinte à la Slovène.

Il y a quatre ans, Gisin a vu sa descente olympique prendre fin brutalement lorsqu'elle s'est écrasée après le dernier saut, a effectué une longue glissade vers la ligne d'arrivée où elle a donné contre un banc de neige avant de virevolter dans les airs.

Gisin avait alors été victime d'une commotion cérébrale. Cette fois-ci, la skieuse suisse pleurait alors qu'elle parlait à ses grands-parents au téléphone.

«C'était très émouvant, a confié Gisin. Ils en ont fait tellement pour moi; toute ma famille m'a aidée. C'est très agréable de pouvoir partager ce moment avec eux.»

Une huitième fois aux JO

Gisin et Maze sont les premières en ski alpin à ne pas pouvoir être départagées et a donc se partager le titre olympique 2014 de la descente. Avant elles, le cas s'était produit en luge, en ski de fond, en bobsleigh, en patinage artistique et trois fois en patinage de vitesse (dont deux fois pour un même patineur).

Dans cette dernière discipline, le Finlandais Clas Thunberg et le Norvégien Bernt Evensen avaient été déclarés champions olympiques du 500 m en 1928.

En 1956, les Soviétiques Yevgeny Grishin et Yuri Mikhaylov n'ont pas pu être départagés sur 1500 m. Quatre ans plus tard, Yevgeny Grishin connaîtra à nouveau la même expérience, toujours sur 1500 m avec cette fois le Norvégien Roald Aas.

En luge, le titre biplace des JO-1972 était revenu à deux équipages, les Italiens Paul Hildgartner/Walter Plaikner et les Allemands de l'Est Horst Hörnlein/Reinhard Bredow.

En bobsleigh à deux lors des JO-1998, les équipages italien de Günther Huber et canadien de Pierre Lueders avaient été crédités du même temps après les quatre manches.

En ski de fond, en 2002, à l'issue de la poursuite, les Norvégiens Frode Estil et Thomas Aalsgaard avaient été déclarés vainqueurs ex aequo.

Les couples canadien Jamie Sale/David Pelletier et russe Elena Berejnaïa/Anton Sikharulidze avaient été sacrés en 2002 à Salt Lake City (Etats-Unis) champions olympiques. Les Canadiens, 2e à l'issue de la compétition, avaient été sacrés après les révélations sur un scandale impliquant des juges.