PARIS, (AFP) - Loin d'être un jeu à onze contre onze où les Allemands gagnent toujours, selon un célèbre bon mot, le soccer entretient toujours la glorieuse incertitude du sport, comme l'a montré mercredi la 3e journée de qualifications à l'Euro-2004 où des micro-Etats ont fait trembler sur leurs bases les Empires et les palmarès les mieux assis.

D'ailleurs, Karl-Heinz Rummenigge a failli donner l'impression de pécher par condescendance. Du haut de ses responsabilités à l'Union européenne de soccer (UEFA), où le dirigeant du Bayern Munich est président de la commission des clubs européens, il avait plaidé pour un tour préliminaire avant les qualifications pour accélérer l'écrémage des toutes petites équipes.

L'argument de l'ex-international allemand: "Il n'y a plus de grands moments en qualification. Si je puis me permettre: quand l'Allemagne joue contre les îles Féroé, c'est comme un os sans viande", avait déclaré l'ancien attaquant international, avant le match de Hanovre.

Qu'à cela ne tienne, dans le groupe 5, les Allemands, vice-champions du monde, ont failli se casser les dents contre l'os en question, en ne gagnant que 2 à 1 contre les représentants d'un pays de 45.000 habitants, une équipe d'amateurs qui a déjà tenu l'Ecosse en échec (2-2).

Leçon de fair-play

Dans ses déclarations, Rummenigge avait également en ligne de mire les petits pays issus de la désintégrations de l'Union soviétique ou de la Yougoslavie, coupables à ses yeux de tirer le niveau par le bas.

Dans le groupe 7, la Macédoine s'est exemptée de ses reproches en allant faire match nul (2-2) en Angleterre, non sans avoir mené deux fois au score. A Skopje, les supporteurs ont fêté le résultat comme une victoire en Coupe d'Europe. A Londres, le gardien anglais David Seaman, 39 ans, a de nouveau été étrillé par les médias, après sa bourde sur le premier but (corner direct), mortifiant souvenir d'une autre erreur de jugement sur le coup-franc de Ronaldinho en quart de finale de la Coupe du monde de soccer contre le Brésil (défaite 2-1).

Non content du résultat, l'entraîneur macédonien Nikola Ilievski a donné une leçon de fair-play à ceux qui en ont forgé le concept: "Je regrette que l'équipe anglaise ait refusé de serrer la main de mes joueurs et nous sommes très déçus de cette attitude".

Del Piero, "un leader sans équipe"

Comme Seaman, mais sur le banc de touche, le sélectionneur italien Giovanni Trapattoni est sur des charbons ardents après la défaite à Cardiff contre le pays de Galles (2-1) dans le groupe 9. "Je ne partirai pas", a-t-il prévenu.

Malgré son but, Alessandro Del Piero, "un leader sans équipe" selon la Gazzetta dello Sport, n'a pas pu faire oublier l'absence du "tridente" Filippo Inzaghi, Christian Vieri et Francesco Totti.

Tout n'est pas si noir dans le ciel des grandes nations d'Europe. La Roumanie a soigné sa différence de buts à Luxembourg (7-0, dans le groupe 2). Dans le groupe de l'Angleterre, la Turquie a rappelé au Liechtenstein (5-0) qu'elle avait décroché la médaille de bronze du dernier Mondial.

Tenante du titre, la France s'est promenée à Malte (4-0) dans un groupe 1 taillé sur mesure pour sa convalescence après l'échec au Mondial (Slovénie, Chypre, Israël et Malte), tandis que les Pays-Bas, absents de la Coupe du monde, ont sèchement battu l'Autriche chez elle (3-0, Gr.3).