Il n’est pas quart-arrière, n’a pas de passé trouble et ne se surnomme peut-être pas Jimmy Soccer, mais le nouvel attaquant de l’Impact de Montréal mérite aussi de faire parler de lui. Non, Jimmy Briand n’attire pas les projecteurs comme un Johnny Manziel. Point d'histoire de rédemption à l'horizon, mais l’homme identifié par Rémi Garde pour venir bonifier l’attaque du onze montréalais a le potentiel de jouer un rôle aussi grand sur le terrain pour l’organisation qu’il rejoint. Dans le meilleur des mondes, ce qu'il y aura d'excitant sur la pelouse du Stade Saputo fera tôt ou tard parler en dehors de ses confins.

Mais avant d'en arriver là, il faudra tout d'abord voir de quelle façon on insère Briand au sein de sa nouvelle formation. Si tout le monde anticipe désormais un trio offensif Piatti-Briand-Silva, il convient de rappeler que l’ancien Lyonnais occupait souvent le poste d’ailier droit lorsqu’il jouait sous les ordres de Garde dans la Vallée du Rhône. On peut en dire autant de son passage en Bundesliga avec Hannovre 96 où il jouait même aussi parfois comme ailier gauche. 

Briand est donc polyvalent, mais ne nous berçons pas trop d’illusions. Il semble clair que Briand se soit concentré sur le poste d’avant-centre depuis son retour en France à l'En Avant Guinguamp. Seulement, son arrivée n’aura pas nécessairement les conséquences escomptées pour Matteo Mancosu et Anthony Jackson-Hamel. Si la possibilité d’un départ plane régulièrement au-dessus de la tête du premier, il n’est pas si farfelu de penser que Garde pourrait parfois utiliser une variante tactique où il jumèlerait Briand à l’un de ses deux attaquants actuels. Sait-on jamais, les amateurs de ballon rond savent bien qu'un 4-4-2 n'est jamais complètement mort et enterré, surtout après un ou deux matchs où l'on se serait incliné.

En réalité, l’acquisition de Briand bousculera à coup sûr la hiérarchie en attaque, si bien qu’un joueur comme Jackson-Hamel devra dans la mesure du possible en profiter pour miser davantage sur les qualités qui le distinguent de la nouvelle recrue. De son côté, Garde doit souhaiter que la concurrence stimule des joueurs qui ne l'ont pas convaincu jusqu'à présent.

Mobilité, jeu aérien et volées

Malgré ses 33 ans, qu’il célébrera le 2 août, Briand possède toujours de bonnes qualités physiques. Pas nécessairement parmi les plus grands (1 m 83), il compense toutefois par une grande mobilité et une certaine aisance dans le jeu aérien. D’ailleurs, ce succès souvenir nous laisse supposer que Garde n’est pas allé chercher Briand sur un simple coup de tête : Briand marque, rend Garde fou de joie

Autrement, sa capacité de combiner en petites passes avec ses partenaires nous permet d’anticiper de belles choses, surtout quand on considère le progrès réalisé dans le jeu du onze montréalais depuis le mois de mai. Aux triangles que forment sur les côtés les latéraux, les milieux et les ailiers, on pourrait donc greffer un attaquant de pointe qui participe davantage à la construction. En cela, Briand pourrait rappeler l’une des qualités de Didier Drogba à son passage avec le Bleu-blanc-noir. Mais Garde espère sans doute que sa nouvelle recrue sera toujours capable de chercher les balles en profondeur, là où l’Impact est moins dangereux qu’il ne l’a jadis été. Pour Ignacio Piatti et Saphir Taïder, l'arrivée de Briand a de quoi susciter l'inspiration.

Enfin, Briand compte en carrière un nombre impressionnant de buts en reprise de volée. Ce palmarès de SoFoot permet d’ailleurs d’en apprécier un échantillon de haute qualité, ce qui a de quoi faire rêver. En contemplant rapidement notre boule de cristal, il n'aura malheureusement pas été possible de prédire un hypothétique nombre de buts marqués avec son nouveau club. Or, on aura à tout le moins cru voir une ou deux tentatives de bicyclette à la suite de centres d’Alejandro Silva (on en ignore cependant le résultat puisque des spectateurs non assis dans une section entre 130 et 132 obstruaient la vue...). 

Qu'à cela ne tienne, ça commence déjà à sentir bon. Et ce serait le genre de coup d’éclat qui pourrait faire de Briand un nom aussi connu et apprécié des Montréalais que ceux de Piatti ou d’un certain Laurent Ciman, il n’y a de ça pas si longtemps. 

En termes quantitatifs, l’Impact rêverait donc d'obtenir de la part de Jimmy Briand un rendement comparable à celui d’un Bradley Wright-Phillips (99 buts en 158 matchs, dont 13 cette saison). La barre est haute, surtout pour un joueur qui arrive à l'après-midi de sa carrière. On parle toutefois d'attaquants expérimentés du même âge ayant des qualités fort semblables. Bref, Briand possède les atouts pour faire des dégâts en MLS. À défaut d'exploits personnels, ce sera sans doute un championnat qu’il faudra à l'Impact pour que monsieur madame tout le monde se mette à parler de ce Jimmy Soccer.

C'est confirmé, Jimmy Briand s'amène à Montréal