RIO DE JANEIRO (AFP) - A 48 heures de l'ouverture du Mondial de soccer, Rio de Janeiro vibre aux couleurs du Brésil: le vert et le jaune sont partout, depuis les milliers de fines bandes de plastique formant un toit coloré au-dessus des rues, aux peintures murales, tee-shirts des policiers, jusqu'aux toutous parés pour l'occasion.

Depuis des semaines, les cariocas se sont mobilisés pour décorer au mieux leur rue. Comment récolte-t-on l'argent? Il suffit de faire payer un péage. Le soir, quand une voiture entre dans la rue, on lui bloque le passage, avec deux grandes poubelles sur roulettes, et on demande des sous "pour la noble cause" au chauffeur. Même les plus réticents finissent par donner, comme pris au piège d'une fatalité: "C'est la Coupe du monde!", disent-ils résignés.

Cette année, la puissante TV Globo, détentrice des droits exclusifs des matches de la Seleçao, a même organisé un concours pour récompenser la plus belle rue.

Scolari en geisha

Et c'est tout un art: fresques murales gigantesques, peintures des cabines téléphoniques et même de l'asphalte avec nombre de caricatures des plus créatives. L'une d'elle, dans le quartier populaire de Vila Isabel, représente l'entraîneur Luis Felipe Scolari en... geisha. Inspirées du Carnaval, on peut voir aussi des allégories dans certaines rues, statues de joueurs ou supporteurs souvent teintées des couleurs de la Corée du Sud et du Japon.

Pour assurer la sécurité les jours de match, lorsque augmentent consommation de drogue et vandalisme, le secrétariat de Sécurité publique a mobilisé une équipe de "policiers-supporteurs". Quelque 50 agents vêtus de tee-shirts de la Seleçao seront ainsi infiltrés dans les lieux traditionnels de regroupement de supporteurs. But: intimider les dealers, qui achètent la drogue dans les favelas et la revendent dans les rues, afin d'éviter les bagarres comme celles survenues lors des fêtes de fin de rencontre du Mondial-98.

D'autre part, les 2000 véhicules de la police de Rio sont déjà ornés de petits drapeaux du Brésil, comme des fanions de voitures officielles, pendant toute la durée de la compétition.

Commerce et guerre

La "course au penta" (5e titre mondial) a fait fleurir tout un commerce qui améliore le quotidien des vendeurs ambulants: drapeaux, casquettes, tee-shirts, trompettes, sifflets, pétards et autres attributs indispensables au parfait supporteur.

Même les "pet-shops" connaissent un boom de vente d'articles Coupe du monde pour les toutous: noeuds, cravates, pull-overs (car c'est l'hiver austral avec un thermomètre qui a chuté à entre... 21 et 13 degrés) et même colliers hawaïens typiques du carnaval, mais toujours aux couleurs vert et jaune et ornés d'un petit ballon de foot.

Les grandes entreprises ne sont pas en reste et profitent de l'occasion pour augmenter leurs bénéfices avec force promotions comme le tirage au sort -après chaque but brésilien- de prix allant d'un paquet de lessive jusqu'à des voitures.

La Chambre de commerce extérieure du Brésil a annoncé le lancement d'une campagne "Supporters made in Brazil - Saveur du Brésil dans la Coupe du monde" pour promouvoir l'image des produits brésiliens en Corée et au Japon.

Seule ombre au tableau: la guerre du trafic de drogue a repris cette semaine dans certaines favelas de Rio entre bandes rivales qui se disputent le contrôle de la vente.

Mais les autorités ont déjà annoncé des incursions quotidiennes de la police dans ces favelas afin que Rio puisse vibrer pleinement avec la Seleçao.