Le résultat d'un changement de culture
Omnium Banque Nationale lundi, 7 août 2017. 13:56 dimanche, 24 nov. 2024. 14:07Le Centre national d'entraînement de Tennis Canada fête en 2017 ses 10 ans d'existence.
Ancien dirigeant au sein de la Fédération française de tennis, Louis Borfiga a accepté un nouveau défi ici pour bâtir un programme qui rassembleraient les jeunes joueurs sous un même toit et les aideraient à grandir. Ils étaient auparavant nombreux à s'exiler pour poursuivre leur apprentissage, mais le Centre national sert maintenant de quartier général.
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« Il fallait recruter de bons entraîneurs, et c'est ce qu'on a fait. Au-delà de tout ça, on voulait mettre l'emphase sur l'éducation. On veut toujours former des hommes et des femmes, et des champions parfois. Si j'ai accepté de venir ici, c'est parce que c'est le Canada. C'est un pays avec lequel j'avais quelques atomes crochus. Je crois qu'on ne peut pas diriger un pays si on n'a pas la passion pour ce pays. Je ne pensais pas rester si longtemps, mais finalement je suis toujours là! »
L'un de ses ambassadeurs est Milos Raonic. Originaire de l'Ontario, l'actuel no 10 mondial est venu après mûre réflexion s'installer à Montréal à 16 ans alors que le programme, qu'il qualifie aujourd'hui d'innovateur, en était à ses premiers balbutiements.
« Quand je suis arrivé, j'avais deux ans de plus que les autres. Ce qui était le plus attrayant, c'est que les dirigeants ont amené des spécialistes de l'extérieur pour venir combler un grand manque. Nous avions beaucoup de joueurs au pays, mais ils ne se retrouvaient jamais ensemble au même endroit. Cette idée de compétition était attirante. C'est ce que j'avais besoin personnellement pour espérer réussir. Le succès du Canada à l'époque était loin de celui d'aujourd'hui. »
« Avant ça, je travaillais fort, mais je faisais de mon mieux avec les ressources à ma disposition. Ici, ça déborde de ressources. Nous avons démontré que le programme fonctionne et ça nous motive à travailler plus fort. Au tennis, c'est très difficile de mener un jeune à la réussite. De voir le succès qui émane aujourd'hui est assez impressionnant. »
Martin Laurendeau, entraîneur et capitaine de Coupe Davis, est aussi fier du développement de ce modèle encensé à l'étranger.
« Je continue de croire qu'on offre le meilleur programme junior au monde et les résultats le prouvent. Si on regarde les 8 à 10 dernières années, le succès est constant. Notre succès au pro rata est incroyable et est reconnu internationalement. »
Auger-Aliassime suit les traces de ses prédécesseurs
Comme l'une de ses idoles, Roger Federer, Félix Auger-Aliassime fêtera son anniversaire le 8 août, et il aura alors 17 ans.
ll a longtemps été entraîné par son père Sam avant que celui-ci en vienne à la réalisation que son fils avait besoin d'un encadrement supérieur.
« Je dois dire que je suis né dans une bonne génération du tennis canadien. À 7-8 ans, quand j'ai commencé à jouer, le Centre national est né. Avec mon père, dès le début quand il a vu les installations, le but était de m'y amener. Il connaissait ses limites, il savait qu'il devait m'amener avec une belle équipe de professionnels. La grande chance que j'ai eue, c'est que le Centre national est une continuité des valeurs que mon père m'a inculquées. C'est un bel esprit de famille.
« La transition s'est bien faite. La différence entre le Centre national et les autres académies, c'est que l'équipe est très proche même si c'est un sport individuel. Les entraîneurs ont inculqué un esprit de compétition, mais très sain, pour essayer de se dépasser, pour que tous les joueurs se poussent à devenir de meilleurs athlètes. »
Borfiga a d'ailleurs vanté son élève.
« Félix est un garçon très attachant, très bien élevé. Quand on a Félix, on a envie de faire beaucoup d'efforts pour lui parce qu'il vous le rend bien. On n'a qu'une envie, c'est de l'aider à réussir son rêve et on va tout faire pour ça. Il véhicule parfaitement les valeurs de Tennis Canada. À l'étranger, on n'a que des bons commentaires sur Félix. Il a cette qualité d'être un leader et c'est un joueur d'équipe, il va aider les autres. »
Auger-Aliassime fait partie d'un groupe prometteur qui comprend notamment Denis Shapovalov et Charlotte Robillard-Millette. En 2016, le Montréalais a remporté les Internationaux des États-Unis juniors en plus d'avoir fait la finale à Roland-Garros. Il est aussi devenu en 2017 le septième plus jeune joueur de l'histoire à gagner un tournoi ATP, soit le Challenger de Lyon. Il a même reçu plusieurs offres d'ailleurs dans le monde, mais a choisi de rester au Québec car c'est ici qu'il se sent à la maison.
« J'ai extrêmement d'ambitions personnelles. Il y a peut-être des attentes de l'extérieur, mais quand je regarde autour de moi, mes entraîneurs, mes proches, ma famille ne mettent pas plus d'attentes que celles que j'ai déjà. Je me concentre sur ce que je veux, je ne sens pas une pression négative extérieure. C'est encore plus stimulant de voir que tu as un pays ou une province derrière toi. C'est plus stimulant qu'autre chose. »
Auger-Aliassime ne participe pas à la Coupe Rogers cette saison à cause d'une blessure, mais ce n'est que partie remise. D'ici là, il garde le cap.
« Pour l'instant, le but est de rester en santé, de continuer à me développer. Je ne me donne aucune limite, chaque fois que je vais sur le terrain, c'est pour gagner. Je me rappelle quand j'avais 7 ou 8 ans et que je regardais les finales de Wimbledon entre Federer et Nadal, c'est vraiment quelque chose d'inspirant. Je disais "moi aussi papa un jour je vais être sur le central de Wimbledon à jouer une finale Grand Chelem". Ce sont de beaux exemples pour moi. Voir ce que Milos, Vasek et Eugenie ont fait aussi, ç'a aidé beaucoup de jeunes à y croire. »