Alors que le déconfinement s'opère en Amérique du Nord, les différentes ligues et associations sportives professionnelles suivent le pas. L'UFC a été la première à présenter du direct pour la première fois de puis mars. Les courses automobiles Nascar ont suivi. Des plans sont développés par plusieurs autres pour pouvoir revenir au jeu rapidement. Il s'agit en effet d'une opportunité en terme marketing. L'UFC et le Nascar ont pu profiter du vide de sport en direct pour récolter une augmentation importante de leur cote d'écoute, à tout le moins lors de leur retour. Évidemment, les enjeux prioritaires concernent le respect des normes de sécurité sanitaire. Jouer à huis clos est considéré comme un postulat en ces temps de distanciation. Pour la Ligue canadienne de football (LCF), cela représente un dilemme majeur.

 

En effet, alors que les différentes ligues travaillaient à des plans permettant de rouvrir le plus rapidement possible, le commissaire de la LCF Randy Ambrosie affirmait qu'il n'était pas concevable de jouer sans les fans dans les gradins. Les circonstances l'ont néanmoins quelque peu forcé à modifier son approche. Un scénario est en cours de développement permettant aux équipes de pouvoir faire leurs matchs à huis clos dans possiblement deux villes hôtesses. Il s'agit d'une stratégie déjà utilisée et qui semblerait être la plus réaliste dans la situation où la LCF déciderait d'aller dans cette direction. Dans le cas d'une saison écourtée, cela permettrait de payer les joueurs et de limiter les risques de complication avec l'AJLCF (déjà que la relation est assez tendue entre eux et le commissaire).

 

Cependant, les choses ne sont pas aussi simples. La LCF dépend beaucoup des revenus de la billetterie pour s'assurer de balancer les comptes. Le contrat entre la ligue et TSN/RDS, du montant oscillant dans les alentours de 50 millions $ par année plus incitatifs, ne permettrait pas de couvrir les dépenses seul. Dans la situation qui nous intéresse, jouer à huis clos signifierait se priver d'une part importante de revenus sans nécessairement diminuer les dépenses. C'est dans cette optique que le commissaire a fait une demande pour obtenir une aide financière du gouvernement fédéral: 30 millions $ maintenant et un montant additionnel pouvant aller jusqu'à 120 millions $ si la saison était annulée. La présentation d'Ambrosie au comité des finances n'a d'ailleurs pas été bien reçue autant par les parlementaires que par les fans. Certains critiquaient son ton alarmiste, son attitude laissant peu de place à la modération ou encore le montant demandé. La réticence du gouvernement à accorder une telle aide financière, justifiée ou non, n'est pas surprenante. D'une part, seulement trois des neuf équipes (Blue Bombers, Roughriders et Eskimos) appartiennent à la communauté; les autres ont des propriétaires privés. D'autre part, accorder des fonds publics dans cette situation risque de créer un précédent et ouvrir la porte à ce que d'autres ligues quémandent aussi un soutien financier.

 

Dans cette situation, nous pourrions être tentés de songer que l'annulation pure et simple de la saison soit la moins pire des solutions. Cependant, d'autres considérations trottent dans la tête d'Ambrosie. J'ai précédemment parlé de l'impact de ce dénouement sur les joueurs. Seront-ils payés tout de même? Y'aura-t-il une vague de renégociation des contrats en raison de la baisse des revenus? Activerait-on le scénario évoqué d'accorder le statut de joueur autonome à tout le monde? 

 

Dans ce dilemme importante, la variable qui rsique d'être prise en considération en première instance sera celle des coûts. Ambrosie devra prendre la décision qui lui permettra de ne pas creuser l'écart entre les revenus et les dépenses. Dans toutes les situations, la décision qu'il prendra risque de laisser une marque indélébile à son bilan.