L'incorruptible Blaise Dubois !
Course à pied jeudi, 11 août 2016. 07:28
Non, pas question d’attaquer Al Capone comme dans la série télévisée !
La liberté d’expression, ça n’a pas de prix.
Je voulais connaître le personnage en profondeur. Me basant sur des échos, j’espérais en apprendre davantage.
Vous obtiendrez l’heure juste avec Blaise Dubois. Établies sur des études scientifiques solides et réfléchies, ses recommandations orientent adéquatement le coureur. Il ne parle pas au travers son chapeau.
Sa libre pensée le transporte vers des analyses exceptionnelles. Par conséquent, il constitue une richesse dans le monde de la course à pied, une référence fiable. On parle ici d’une pureté dans ses propos. On s’en un respect mutuel lorsqu’on se retrouve avec lui, en pleine conversation.
Dans le bois, là où Blaise se sent le plus à l'aise.
Lorsque nous l’avons rejoint pour obtenir une entrevue, surpris, il s’est interrogé sur les motifs de notre visite. Déjà, il projetait des indications significatives de sa personnalité que j’ai pu valider tout au long de ma visite.
À l’âge de 10 ans, Blaise dit avoir subi tout un choc culturel quand il a posé les pieds sur une ferme au Saguenay en provenance de la Suisse. À 14 ans, il s’illustrait déjà à la course à pied. Après le cégep à Sherbrooke, il a joint les rangs de l’équipe d’athlétisme du Rouge et Or de l’université Laval.
À sa 18e année de pratique en physiothérapie, la majorité de ses clients se compose de coureurs. Derrière la Clinique du coureur, il compte 12 établissements et 130 employés. Son entreprise donne plus de 10,000 traitements par année.
Or, ce qui s’avère intéressant, c’est qu’il travaille en clinique sur deux jours seulement. La balance du temps, il façonne la recherche concernant les blessures reliées aux souliers. Car pour lui, les adeptes sont dupés suite à un gigantesque marketing qui entoure la promotion des chaussures de course. Il enseigne également la thérapie du sport dans plusieurs universités dont Québec, Trois-Rivières et Lausanne.
Un conférencier des plus intéressants.
La Clinique s’étend sur 15 pays avec autant d’enseignants qui s’affairent à la prévention des blessures basées sur des données scientifiques. En cinq langues, ils dispensent des cours à des professionnels de la santé.
Il voyage énormément. On parle de 15 à 20 périples par année, particulièrement au printemps et à l’automne, principalement en Europe. Père de quatre enfants, sa compagne Isabelle Dumais, assise à ses côtés durant notre entretien, le confirme. Impliquée dans cette aventure, elle comprend. « Heureusement, les enfants sont matures et en santé, c’est plus facile pour nous ».
Ex-coureur sur route, il a migré graduellement vers le trail, expliquant que c’est moins dur pour la charpente en général.
Blaise et sa compagne Isabelle Dumais.
Je lui ai parlé de mon expérience de coureur sur l’asphalte, précisant que je disposais d’une certaine chance pour éviter les blessures. Il a souri. Il m’a regardé. « Si je te disais qu’il existe quatre aspects qui peuvent expliquer ce rendement. Tu possèdes une bonne génétique, tu étais relativement actif durant ta jeunesse, tu es construit solide et tu n’es pas un excessif ». Sans vraiment me connaître, il venait de me décrire parfaitement.
J’ai ajouté que je n’avais jamais couru avec des minimalistes. Il m’a dit que je courais avec des souliers en plâtre, que le poids de ceux-ci devenait plus nuisible qu’une personne qui court avec une petite bedaine !
À la blague, il a ajouté : « Jeune, j’étais excessif et toujours blessé. Voilà pourquoi je suis devenu physiothérapeute ! »
Florent Bouguin, l'un des athlètes qui sont encouragés par la Clinique du coureur.
À ses yeux, il n’existe aucune recette miracle afin de parer aux blessures. Éviter les montres, adopter des souliers minimalistes, courir dans le bois et oublier les intervalles constituent des incontournables. Conscient qu’il possède une étiquette pour les souliers minimalistes, Blaise ne fait que se rallier à des études approfondies.
« Un gars comme toi qui court avec la même paire de souliers depuis plusieurs années doit les conserver. Je ne vais pas te conseiller d’essayer des minimalistes. Cependant, les nouveaux adeptes devraient à mon avis, s’orienter vers ce choix. Surtout chez les jeunes, il n’existe aucun motif valable pour ne pas les diriger vers les souliers minimalistes. »
Avec cette politique, Blaise réalise qu’il s’attaque à des monstres, des compagnies implantées solidement, dont la visibilité a influencé les coureurs pendant plusieurs années. On parle de 90% du marché des souliers, c’est gigantesque.
« Les souliers minimalistes préservent la mécanique du coureur. Arrêtons de prodiguer des bêtises », confirme-t-il, ajoutant qu’il ne comprend pas encore pourquoi aujourd’hui, il n’a pas reçu une mise en demeure de la part d’une compagnie de renom. Car n’oubliez pas que ce marché représente 5 milliards $ en chiffre d’affaire !
Un athlète complet.
« Tu sais, j’aurais eu la possibilité de joindre l’une de ces compagnies à titre d’ambassadeur si j’avais voulu et je serais millionnaire présentement. Nous ne sommes pas biaisés. Je préfère conserver ma liberté et respecter ma conscience, sachant très bien que mes recommandations ne sont pas liées à l’une de ses compagnies avec l’objectif d’engraisser des profits ».
Voilà un aspect qui donne énormément de crédibilité à Blaise Dubois qui célèbrera son 43e anniversaire le 19 août.
Par ailleurs, le fonds philanthropique de la Clinique du Coureur remet annuellement 5,000$ au programme Tournesol pour les enfants défavorisés en plus d’un 2000$ à l’organisme Cours ta réussite qui s’adresse aux jeunes décrocheurs. La clinique supporte également les athlètes tels Charles Philibert-Thiboutot, actuellement à Rio, Florent Bouguin, Sarah-Bergeron Larouche et plusieurs autres. Elle vient d’offrir aux coureurs la chance de devenir des ambassadeurs et les responsables devront gérer la participation tellement la liste d’intéressés est longue.
Les enfants, la famille, un aspect important aux yeux de Blaise Dubois.
« Habituellement, les souliers minimalistes, tu ne les vois pas dans les boutiques et ils sont souvent en rupture de stock. C’est voulu. Courir avec ton soulier, je me blesserais assurément après 30 minutes. Mais toi, tu es habitué. Ne change rien. Par contre, il faudrait idéalement diriger les recrues vers les minimalistes. Les études scientifiques le démontrent. Quand tu sais que souvent, les femmes opteront pour une paire de souliers à cause de la couleur, ce geste démontre qu’il existe une mentalité solidement implantée qu’il faudrait modifier. La mission est gigantesque. »
Blaise nous captive par ses propos. Convaincu et convaincant, il m’a impressionné. Il se tient debout car il sait qu’il a raison. Personne n’osera l’obstiner car il va courir à sa perte. Voilà pourquoi sa vision ne cessera de grandir au fil des années et s’établira graduellement dans la mentalité des gens.
La patience est sûrement l’une de ses vertus mais quand vous savez que vous détenez l’heure juste et que la logique le commande, vous foncez droit devant, défiant les entraves. Dans ses projets, il s’attaquera à des pays comme la Nouvelle-Zélande et le Japon. « Le minimaliste induit une bonne mécanique, une référence internationale appelée à grandir dans l’avenir.
À la fine pointe de l’actualité, les études de Blaise Dubois doivent être sérieusement prises en considération. Elles dérangent car elles ne font pas l’unanimité mais il sait très bien que personne ne peut le contredire.