Mathieu Raymond, d'athlète international à homme d'affaires !
Course à pied lundi, 6 juil. 2020. 08:19Il n’existe aucun livre d’instruction pour partir en affaires. Souvent, le germe est inné.
Un jour, lors d’un cours d’entreprenariat à l’université Laval à Québec, Mathieu Raymond, athlète de calibre international en athlétisme, remet un travail à l’enseignant Guy Verrette. Ce dernier lui retourne le document avec une note de 45%. Habituellement d’une grande compréhension, Mathieu ne l’accepte pas. Il rebondit.
Il demande à rencontrer M. Vermette en privé pour lui faire sentir son mécontentement. « Je lui ai précisé qu’il s’agissait d’un travail d’opinion et qu’il ne pouvait pas me faire couler. Je lui ai demandé de le relire. Il l’a fait et m’est revenu avec une note de 80% », raconte Mathieu, principal actionnaire de l’unique compagnie qui fabrique des chaussures de course à pied au Canada, Math Sport tout en précisant que cet incident fut l’élément déclencheur dans son aventure qui a débuté en 2014 et qui en est déjà à sa 6e année d’existence.
Mathieu en présence de son oncle Louis, le grand responsable de ses succès en course à pied.
Une chaussure, lorsqu’elle quitte l’usine, possède une durée de vie de cinq ans, peu importe si vous l’utilisez ou non.
Âgé de 32 ans, né un 20 octobre, Mathieu a du culot. Il fonce et brise les barrières. Toutefois, les sacrifices, il ne les comptabilise pas car il sait très bien qu’ils l’amèneront éventuellement vers la réussite. « J’ai toujours eu cette fibre en moi. Au début, c’était pour manipuler mon horaire, ce qui me permettait de m’entraîner et payer mes études ».
Il ne l’a pas toujours eu facile. Il rappelle cette compagnie de palettes de bois créée par son père qu’il a vendue juste à temps en 2008 pour obtenir un profit intéressant. Il se souvient avoir planifié la première course à obstacles au Canada. Après quatre ans, elle comptait 1200 participants ! Là aussi, il s’en est départi au bon moment.
Aux yeux de Mathieu, la famille, c'est ce qu'il y a de plus important. On le voit entouré de sa compagne Audrey et de leur fils Louis.
À 10 ans, il trouvait triste que son ami Martin Fournier qui s’entraînait à la course à pied, ne puisse venir coucher à la maison le vendredi soir. « J’ai sauté dans l’entraînement avec lui, question de le suivre et ce fut le début ». Mais quel coureur ! Son premier et seul marathon en 2h57 et ce n’était même pas sa spécialité, lui qui courait le 5 km aux alentours des 16 minutes ! À un certain moment, il occupait le 3e échelon au Canada pour le 800 mètres. Que dire maintenant de son frère Benjamin Raymond, 1h08 au demi !
Math Sport produit en moyenne une centaine de paires de souliers par semaine. « On ne se cache pas qu’une grande partie du soulier est fabriquée en Chine mais la section interne est fait chez-nous, à Saint-Léonard. Aujourd’hui même, je suis heureux de t’annoncer que nous commençons la confection de souliers pour le trail après un investissement de 35,000$, avec une feuille d’érable rouge sous la semelle puisque cet emblème possède une meilleure adhésion que plusieurs autres dessins », de m’annoncer avec fierté Mathieu, que nous avons rencontré dans son usine qui regroupe cinq employés.
Il y a quelques années, il misait sur un passage à l’émission des Dragons mais un mauvais synchronisme a fait hésiter les éventuels investisseurs à bouger.
Ses parents et son frère Benjamin, tout un athlète également.
Jean Samson fut le premier à lui faire confiance et à croire au produit. « Je l’ai rencontré par pur hasard lors d’un gala de la Fédération d’athlétisme du Québec. J’ai su après que je voyageais sa fille à l’entraînement à l’université ! Il m’a demandé ce que j’allais faire dans la vie ? Du tac au tac, j’ai répliqué : Créer une compagnie de chaussures internationale. Je lui ai dit que j’aurais besoin de 45,000$. Il m’a conseillé de trouver 25,000$ et qu’il me prêterait la balance. Je me suis alors tourné vers mon père qui a fait toutes les entourloupettes possibles pour me les prêter. »
Lors des premiers moments de la compagnie, Mathieu dormait très peu. « Je ne ressentais même pas de fatigue tellement j’étais motivé à ce que le projet aille de l’avant. Je vivais un rêve. Je me souviens que je devais partir de Montréal à Boston dans la même journée car je ne voulais pas dépenser de l’argent pour des frais d’hôtel », se rappelle avec autant de passion le papa de Louis, deux et demie.
Jean Samson a été le premier à croire au projet.
« Ma conjointe Audrey Pomerleau était d’accord pour ce prénom car je voulais ainsi rendre hommage à mon oncle Louis qui m’a guidé admirablement bien à mes débuts en athlétisme. » Audrey et Mathieu forment un couple depuis cinq ans.
Et sans que je lui pose la question, Mathieu m’a spécifié qu’à ses yeux, la famille occupe le premier rang au classement des priorités dans la vie et que s’il fallait faire un choix entre la famille et sa compagnie, il opterait sans hésiter pour la famille. Voilà une déclaration qui en dit beaucoup sur le genre de personne qu’il constitue.
Mathieu raconte que la pandémie à donné un élan supplémentaire à sa compagnie alors que les autorités ont incité les Québécois à encourager les entreprises locales. « Je désire créer une trace dont mes enfants seront fiers plus tard. »
Mathieu a vendu son automobile récemment pour l’obliger à trouver du temps afin de reprendre l’entraînement. D’Ahuntsic à Saint-Léonard, il court ou il roule à vélo et je suis assuré qu’il jongle lors de ces trajets car je demeure convaincu que des gens comme lui ne mettent jamais leur cerveau à pause.