PARIS (AFP) - Les semaines du record du monde du 110 m haies semblent comptées tant le chrono de référence (12.91), signé par l'athlète Britannique Colin Jackson le 20 août 1993 à Stuttgart, et que le Chinois Liu Xiang a égalé en finale des JO d'Athènes, est convoité par une troupe de prétendants.

Ils sont six en ce début de saison à avoir couru autour des 13 secondes: Allen Johnson (12.99), Dominique Arnold (13.01), Terence Trammell (13.02), départagés sur le fil ans en finale des sélections américaines le 24 juin à Carson (Californie), Liu Xiang (13. 06), le Letton Stanislav Olijar (13.11) et le Français Ladji Doucouré (13.14).

"Cent pour cent d'accord, les conditions sont réunies pour sa chute (du record). Une telle émulation, ça ne peut que pousser au record, qui est déjà ancien", souligne Renaud Longuèvre, entraîneur de Doucouré.

Depuis le 19 août 1981 à Zurich, où l'Américain Renaldo Nehemiah réalisa 12 sec 93/100es sur la piste magique du Letzigrund, le record n'a en effet progressé que de deux centièmes de seconde, avec l'étape intermédiaire des 12 sec 92/100es réussis par Roger Kingdom, autre Américain, le 16 août 1989, encore à Zurich.

Interrogé sur l'hypothèse d'une amélioration imminente, Liu Xiang, arrivé depuis lundi soir dans la capitale française, estime que "le record ne sera pas battu" vendredi, à l'occasion de la première étape de la Golden League 2005 d'athlétisme.

Difficilement à Paris

Il paraît en effet peu probable que la marque soit abaissée au Stade de France, les trois Américains et Liu Xiang devant en particulier récupérer des fatigues de leurs championnats nationaux et du décalage horaire, une dizaine d'heures d'ouest en est pour les premiers, dans l'autre sens pour le médaillé d'or des Jeux 2004.

Mais le champion de Shanghai ne s'est pas prononcé sur la longévité du record au-delà de l'échéance parisienne, à commencer par les réunions de Lausanne (5 juillet) et de Rome (8 juillet, deuxième étape de la Golden League).

Entraîneur de Liu Xiang, le plus indiqué parmi les postulants au record, Sun Heiping admet que le record est "mûr" et qu'il attend un "coup de vent" pour tomber. Le vice-président de la Fédération chinoise d'athlétisme, Feng Shuyon, rappelle que son pays possède "une forte tradition sur les haies hautes" et compte en Shi Dongpeng (21 ans et 13.29 cette saison) un autre athlète de valeur internationale.

Désormais commentateur à la BBC, Colin Jackson ne se faisait pas trop d'illusion il y a une semaine et demie à Florence, où il suivait la Coupe d'Europe, sur ses chances de conserver longtemps encore l'un des records masculins les plus anciens pour ce qui est des courses.

Rois de la discipline pendant des lustres, les hurdlers américains ont mal pris l'intrusion de Liu Xiang et Dacouré dans leur domaine. Après les Trials de Carson, le vieux Johnson (34 ans), quadruple champion du monde, a lancé, avec ses compatriotes Arnold et Trammell, un "défi" aux jeunots chinois et français.

"Il y a une forte densité de coureurs à 13 secondes aux Etats-Unis. Tant mieux pour eux, mais chacun court pour soi. A moins qu'ils ne veulent jouer collectif", ironise Doucouré, joueur de football manqué.

"On ne peut que se frotter les mains d'une telle lutte. Ca remet à l'honneur une discipline qui apprend la coordination, le rythme", conclut Renaud Longuèvre.