SHERBROOKE - Il y a cinq jours, Marc-Antoine Blais-Bélanger tâtonnait de l'épée contre le champion olympique en titre aux Mondiaux d'escrime de Budapest, en Hongrie. Engagé dans une folle course contre la montre depuis dimanche soir, Blais-Bélanger est finalement arrivé à Sherbrooke, où il va tenter d'aider le Québec à gagner des médailles d'or aux Jeux du Canada.

Un changement de scénario à 180 degrés pour le jeune Outremontois qui, après avoir livré 10 matchs en autant de jours en Hongrie, veut tout mettre en oeuvre afin d'éviter de connaître un relâchement à Sherbrooke.

Peu s'en ait fallu pour qu'il rate les Jeux du Canada. Il n'aurait pas pu se pointer à temps, si l'équipe canadienne d'épéistes s'était rendue plus loin dans le concours par équipes aux championnats du monde. Et lundi, il a craint ne pas arriver à Montréal en soirée comme prévu, au terme d'une interminable journée de déplacement.

« L'escale à Francfort, en Allemagne, était serrée », a-t-relaté, mardi, à son arrivée à Sherbrooke. « J'ai craint de rater le vol, mais j'ai surtout craint que mon sac d'armes ne suive pas. J'étais très heureux de le voir apparaître sur le carrousel à bagages de Dorval. Même si j'étais rendu, je n'aurais rien pu faire sans mes épées. »

Après avoir passé la nuit à la maison, Blais-Bélanger est prestement venu rejoindre ses coéquipiers du Québec afin de s'imprégner de l'atmosphère des Jeux.

« C'est différent comme type d'expérience, a-t-il mentionné. Les Jeux du Canada, c'est gros, il y a plusieurs disciplines sportives. Aux Mondiaux d'escrime, j'avais le sentiment que c'était moins publicisé et que même si je faisais mal, ç'aurait passé davantage inaperçu. Ici, on va en parler si je fais moins bien. »

Expérience profitable

L'épéiste âgé de 18 ans ne fondait évidemment pas de grands espoirs à sa première présence dans la cour des grands. Il était, de loin, le plus inexpérimenté épéiste canadien. Il a très bien fait, mieux qu'anticipé.

« J'ai commencé lentement, et j'ai passé de justesse dans les poules. J'ai donc dû livrer trois matchs de qualification. J'ai gagné le premier sans problème, avant d'affronter le meilleur américain qui a été dans le top-16 cette année. C'est à ce moment que le déclic s'est fait pour moi, et je l'ai vaincu 15-13. J'ai remporté le troisième match pour accéder au tableau principal, ce qui était en soi un exploit. »

Comble de malchance, Blais-Bélanger a retrouvé sur son chemin au premier tour le champion olympique et numéro un mondial, le Vénézuélien Rubén Limardo, de 10 ans son aîné.

« J'ai perdu, mais j'ai fait un bon match. Je suis resté proche au score. Je ne me suis pas fait laver. »

Le jeune homme a agi comme réserviste pour le concours par équipes. Les Canadiens ont subi l'élimination dès le premier tour, dimanche.

Un autre jeune escrimeur canadien présent aux Mondiaux de Budapest a dû traverser l'Atlantique en toute hâte afin de participer aux Jeux du Canada. Il s'agit du sabreur Shaul Gordon, de la Colombie-Britannique.

Rester concentré

Affirmant avoir réussi à bien dormir et n'être pas trop affecté par le décalage horaire, Blais-Bélanger sait quel défi l'attend maintenant.

« Je ne dois pas relâcher mentalement et garder ma concentration, a-t-il avancé. Je ne dois surtout pas me dire que ça va être facile parce que je n'ai pas le champion olympique devant moi. Je devrai rester dans ma bulle et être bien concentré. Mon objectif est de gagner les médailles d'or en individuel et en équipe. Mon coéquipier Clément Féménias-Métivet et moi-même sommes capables. Nous sommes bien préparés. »

Historiquement dominants, les escrimeurs québécois veulent marquer le coup à l'occasion du chant du cygne de la discipline sportive aux Jeux du Canada. L'escrime ne fera plus partie du programme des Jeux du Canada.

« Nous avons le sentiment d'avoir de la chance », a résumé Blais-Bélanger.