BRUXELLES (AP) - La Fédération internationale de patinage (ISU) a démenti, vendredi, les propos de la juge française Marie-Reine Le Gougne, suspendue pour "faute" après le scandale du patinage artistique des Jeux olympiques de Salt Lake City, qui a affirmé jeudi que la paire russe aurait de toute façon été sacrée championne olympique si ses notes avaient été annulées.

Quelques jours avant son audition par le conseil de la Fédération internationale de patinage (ISU) à Lausanne en début de semaine prochaine, Le Gougne a déclaré que le couple canadien Jamie Salé et David Pelletier auraient terminé derrière les Russes Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze si les votes de seulement huit des neuf juges avaient été comptés.

A Salt Lake City, les Russes avaient remporté l'épreuve des couples par cinq voix contre quatre. Lors d'une réunion d'après compétition, Le Gougne avait "craqué" et indiqué avoir voté en faveur des Russes "sous la pression" de sa fédération (FFSG) et de son président Didier Gailhaguet. Elle s'était ensuite rétractée.

L'ISU l'avait suspendue indéfiniment, et le Comité international olympique avait octroyé sur tapis vert une autre médaille d'or aux Canadiens, arrivés deuxièmes sur la glace.

Le Gougne a déclaré qu'elle avait servi de bouc émissaire pour que les Canadiens puissent être récompensés. L'ISU a cependant annoncé qu'un tel recompte était hors de propos et impossible à évaluer, notant que toutes les compétitions avaient besoin d'un nombre inégal de juges pour éviter d'éventuelles égalités.

"C'est dans les règles. Sept ou neuf juges pour les compétitions internationales, a affirmé une porte-parole de l'ISU, Aline Bussat. Un nombre impair brise les égalités."

La porte-parole a précisé qu'à partir du moment où le scandale avait éclaté ce décompte précis n'avait plus d'importance.

Dans un communiqué publié le mois dernier, l'ISU avait qualifié l'attribution d'une deuxième médaille d'or de "mesure extraordinaire correspondant à une situation extraordinaire".

"Il n'y a rien dans les règlements pour parer à ça... C'est comme ça que ce doit être vu", a ajouté Bussat.

L'ISU a indiqué avoir attribué une deuxième médaille d'or à cause des déclarations initiales de Le Gougne faisant état de pressions pour qu'elle vote en faveur des Russes.

Les avocats de Le Gougne, Maxwell A. Miller et Erik A. Christiansen, dans une lettre adressée à l'ISU, ont écrit qu'il n'existait aucune "preuve crédible de la mauvaise conduite" de leur cliente.

"L'ISU a pris une décision politique sous la pression du CIO et des médias nord-américains pour ignorer ses propres règlements, pour invalider les notes de tous ses juges, et enfin pour désigner un juge endossant la responsabilité de tous ceux impliqués dans la compétition, ont écrit les avocats.

"Cette audition est donc injuste, discriminatoire, et destinée uniquement à fabriquer un bouc émissaire pour justifier aux yeux du public la décision politique de l'ISU d'ignorer ses propres règlements et d'attribuer une deuxième médaille d'or."

Si la suspension de Le Gougne n'est pas levée par l'ISU, la juge pourra encore faire appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).