Les filles s'activent!
Amateurs dimanche, 24 mai 2015. 12:07 jeudi, 12 déc. 2024. 03:48
Les adolescentes ne bougent pas assez! Elles représentent le segment de la population le plus inactif au Canada. Au pays, 96% des jeunes filles n’atteindraient pas le nombre d’heures d’activité physique recommandé par jour. Divers facteurs sont avancés pour expliquer ce phénomène, mais soulignons que le jugement des autres et le manque d’estime de soi sont deux des plus souvent mentionnés.
Ces statistiques sont celles de la FitClub, un programme d’entraînement mis sur pied par la fondation Fillactive en 2007. Cette fondation a pour mission de faire découvrir aux adolescentes les avantages et le plaisir qui découlent de la pratique d'activité physique dans un environnement positif, valorisant et ouvert à toutes. De l’aveu même de la fondatrice et présidente de Fillactive, Claudine Labelle, cet apprentissage leur permet de développer de saines habitudes de vie fondées sur la réalisation de soi.
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C’est en 2004 que l’idée de fonder Fillactive a commencé à germer dans l’esprit de madame Labelle. Cette athlète de haut niveau en cyclisme sur route entraînait des jeunes issus de milieux défavorisés tout en poursuivant son propre entraînement. Elle inculquait au passage l’importance de l’activité physique aux jeunes filles. Cela lui permit de réaliser que d’adopter des bonnes habitudes de vies et d’être en forme était souvent bien plus important que de compétitionner.
Cette même année, elle subit un grave accident lors d’un entraînement à Toronto. Une voiture la happe et elle se retrouve à l’hôpital avec un trauma crânien. Elle profite de la période de convalescence pour prendre un peu de recul et se convainc de lancer Fillactive. Elle avait désormais un but, celui de faire bouger les filles de 12 à 17 ans.
« Ce n’est pas toujours facile pour nos adolescentes d’être actives quotidiennement. Il y a plusieurs barrières qui les empêchent de bouger surtout lorsqu’elles arrivent au secondaire en raison, entre autres, de changements corporels et du regard des autres. Nous essayons de leur donner confiance et de leur faire comprendre que l’activité physique peut être extraordinaire. C’est vrai que le créneau de compétitivité n’est pas accessible à toutes. Ce ne sont pas toutes les filles qui ont le goût de faire de la compétition, mais elles peuvent faire du sport entre amies. L’important, c’est de bouger », explique Claudine Labelle.
En 2009, le programme Fillactive a lancé le FitClub, un programme de course pied d’une durée de huit à dix semaines qui débouche sur une compétition de 5 ou 10 km. Le taux de participation a connu une progression fulgurante au cours des dernières années. En 2012, 1 125 filles ont participé à une course organisée par Fillactive. Cette année, près de 10 000 participantes s’élanceront lors d’une des course du programme au Québec et en Ontario.
Dès le mois de février, des représentantes de Fillactive ont offert des conférences aux filles des écoles secondaires du Québec et de l’Ontario avec des athlètes ambassadrices pour qui l’activité physique est importante. Elles ont partagé leur passion sur le plaisir de bouger et de manger sainement. À la suite des conférences, les filles intéressées ont eu l’opportunité de s’inscrire au FitClub. Lors des dix semaines du programme, une responsable scolaire leur a offert un encadrement pendant que Fillactive proposait des ateliers d’entraînement, de nutrition, de Zumba, etc.
« À Québec, elles étaient plus de 4 000. À Toronto, elles ont été 3 000 et à Montréal plus de 2 700. Ce qui est agréable, c’est que la bonne nouvelle se repend rapidement. Depuis deux ans, une course a lieu à Val-d’Or et Rouyn-Noranda. Il y aura également des courses à Blanc Sablon, Sudbury et London. On voit qu’on a fait un bout de chemin important et que les régions commencent à s’organiser et développer un réseau Fillactive. C’est merveilleux puisqu’un transfert des connaissances s’effectue et l’objectif de faire bouger les filles à une plus grande échelle est en train de prendre forme », se réjouit madame Labelle.
Cette dernière ajoute que c’est grandiose de voir défiler les participantes à l’arrivée des courses, mais qu’au-delà du succès que connaissent ces événements, elle est heureuse de constater que les jeunes filles poursuivent, dans 70% des cas, la pratique de l’activité physique après le FitClub.
« Pour nous, c’est une indication claire qu’il y a un engouement grandissant et certain pour l’activité physique. C’est ce qui nous motive d’ailleurs plus que tout à continuer de développer de telles initiatives pour les filles afin de contribuer à faire en sorte que les statistiques de ce groupe d’âge s’améliorent. »
La fondatrice et présidente de Fillactive a toutes les raisons d’être heureuse et satisfaite. Elle rappelle qu’il y a quelques années à peine, elles étaient 25 participantes par école en moyenne à être inscrites au programme. Aujourd’hui, on parle de 150 à 200 filles par écoles. Cela crée un effet d’entraînement pour elles en plus de les aider à avoir une voix plus importante.
« Elles se font écouter, les profs sont enthousiastes et ont le goût de les pousser encore plus loin. Lorsque Fillactive a cheminé dans une école pendant dix semaines, les filles continuent ensuite de vouloir se garder en forme et les responsables scolaires vont vouloir les pousser encore plus loin! Notre objectif est de s’assurer que toutes les écoles à travers le Canada vont pouvoir faire ce cheminement et qu’en bout de ligne la majorité des jeunes canadiennes vont faire du sport. On ne parlera plus de 96% de filles qui ne bougent pas suffisamment, mais plutôt de 96% de filles qui bougent », conclut Claudine Labelle.
Une bonne façon d’évaluer la qualité et l’efficacité d’un programme de course à pied comme celui mis sur pied par Fillactive est de jeter un coup d’œil au pourcentage des écoles qui décident d’y revenir l’année suivante. Jusqu’à présent, 99% des écoles inscrites à la FitClub sont de retour à coup sûr l’année suivante.
On ne peut que saluer des initiatives comme celle mise sur pied par Claudine Labelle. Elle est maintenant à la tête d’une petite cohorte d’une dizaine d’employés à temps plein et de 16 coordonnateurs de régions.
Souhaitons que ses actions inspirent quelqu’un à lancer un volet masculin de ce programme. Garsactif ça sonne bien! Nos adolescents aussi ont un besoin criant de bouger plus.
Entre-temps, bravo aux filles de relever le défi Fillactive!