MONTRÉAL - Le nageur paralympique Benoît Huot a annoncé sa retraite sportive, mardi, après avoir décroché une panoplie de médailles au cours de sa carrière qui s'est échelonnée sur deux décennies.

Il a confirmé l'information lors d'une conférence de presse tenue au Centre sportif de l'Institut national du sport du Québec. Cette annonce n'est toutefois pas étonnante puisqu'il avait déjà déclaré en 2017 qu'il ne prévoyait pas poursuivre sa carrière jusqu'aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2020.

«Le temps est venu d'accrocher mon Speedo, a-t-il déclaré. Ce fut le plus grand honneur de représenter notre pays et je suis fier d'avoir accompli tous mes rêves sportifs. Le sport est la plus belle école de vie et j'ai eu le privilège d'en être un étudiant lors des 25 dernières années.»

Né avec une malformation à la jambe droite, communément appelée le pied bot, Huot a commencé la natation dès l'âge de 8 ans. Il a fait partie de l'équipe nationale canadienne de paranatation à compter de 1998.

«Benoît est l'un des paralympiens les plus célébrés au monde, mais il est aussi beaucoup plus que toutes les récompenses et réalisations que je pourrais énumérer, a mentionné Ahmed El-Awadi, directeur général de Natation Canada, dans un communiqué. La vérité est que Benoît a transcendé le sport et qu'il laisse un héritage d'esprit sportif, de courage et de dignité.»

L'athlète de 35 ans, qui est originaire de Longueuil, est l'un des paralympiens canadiens qui a connu le plus de succès dans l'histoire, ayant remporté 20 médailles en cinq Jeux paralympiques (2000-2016). Il y a eu ses victoires à Sydney, alors qu'il était encore adolescent. Sa domination à Athènes quatre ans plus tard. Sa médaille d'or à Londres, après sa déception à Pékin en 2008. Puis une dernière médaille paralympique de bronze à Rio de Janeiro.

Huot a également participé à trois éditions des Jeux du Commonwealth, où il a remporté quatre médailles, et fracassé plus de 60 records du monde dans sa catégorie. Il fut également chef de mission adjoint de l'équipe canadienne aux Jeux du Commonwealth présentés à Gold Coast, en Australie, l'an dernier.

Huot est devenu le père de Mila-Grace, l'automne dernier. Il est aussi membre de l'Ordre du Canada depuis 2016, et a été fait Chevalier de l'Ordre national du Québec l'an dernier. Huot a également été le porte-drapeau canadien à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques de Londres en 2012 ainsi que plusieurs fois récipiendaire du prix King Clancy remis à la «Personnalité avec un handicap de l'année au Canada».

«Je crois que c'est la médaille dont je suis le plus fier, a-t-il dit, en référence à celle de l'Ordre du Canada. Une partie de ma carrière l'explique. Mais ce qui me rend le plus fier, aujourd'hui, c'est probablement l'évolution du mouvement (paralympique).»

À ses débuts aux Jeux paralympiques, à Sydney en 2000, Huot s'est souvenu que sa conquête de la première médaille d'or n'avait généré qu'une seule phrase dans un des grands quotidiens montréalais.

«C'était frustrant, a-t-il admis. À cette époque, je n'avais pas réalisé l'importance des jeux. Mais lorsque je suis rentré (à la maison), je m'étais dit: 'Attends une minute, pourquoi personne n'en a parlé? Pourquoi personne n'a souligné ce que nous avons fait?'»

«Ç'a été mieux à Athènes, puis à Pékin, puis à Londres, ainsi qu'à Rio, et ce sera assurément beaucoup mieux à Tokyo. Nous avons donc été témoins d'une progression.»

Il y a maintenant plus de disciplines et d'épreuves au programme, les réseaux de télévision sont impliqués, les spectateurs sont au rendez-vous et l'intérêt des médias est rehaussé.

Comme il l'a récemment fait remarquer en entretien, l'intérêt des gens s'est amélioré au fil des ans, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.

«La façon de suivre les Jeux paralympiques des Canadiens s'est complètement transformée entre la fin des années 1990 et aujourd'hui, a-t-il dit. Nous avons été en mesure d'éduquer les Canadiens sur ce que nous faisons, et sur nos objectifs. Nous avons pu faire notre place dans le monde du sport, qui est dominé par le sport professionnel et les Jeux olympiques.»

«C'est ce qui me rend le plus fier, de savoir qu'il y a maintenant une place pour les athlètes paralympiques. Je quitte le sport, mais j'ai l'impression d'avoir accompli un objectif.»

Le principal intéressé compte maintenant s'investir auprès des jeunes ayant un handicap et continuera de donner des conférences. Il poursuit également sa maîtrise en administration des affaires à temps plein à l'Université Queen's.

«Il était temps, a confié Huot à propos de sa retraite. Après cinq Jeux paralympiques, j'avais encore cette flamme en moi. Mais je ne crois pas que j'aurais pu me rendre à Tokyo dans une forme (physique) suffisante pour affronter les meilleurs nageurs au monde.»