Pilotes de F1 : des athlètes?
En forme dimanche, 17 juil. 2022. 06:44 vendredi, 17 juin 2022. 07:18Ce n’est pas parce qu’ils sont assis pour pratiquer leur sport qu’ils ne sont pas des athlètes de grande qualité. Ne vous laissez surtout pas berner! Les pilotes de Formule UN font partie des athlètes les plus en forme de la planète. Conduire une voiture de Formule UN moderne représente un énorme défi sur le plan physique et seule une personne dans une condition physique parfaite peut le faire.
Lors d’une course, le pilote place son corps à rude épreuve. Il brûle jusqu’à 1500 calories et perd 3 à 5 kilos en raison d’une sudation extrême. Les accélérations puissantes, les virages rapides et les freinages soutenus font en sorte qu’il peut encaisser jusqu’à 5 G de force. C’est surtout au niveau du cou que les pilotes doivent posséder une musculature idéale.
Le poids de la tête avec un casque est d’environ 7 à 8 kilos. Si un pilote ressent une force de 5 G dans un freinage, cela signifie qu’il a soudainement une tête pesant 40 kilos qui donne l’impression de vouloir se décrocher des épaules! Pour une personne normale, cette force G deviendrait rapidement intolérable. Après un seul tour d’un circuit à vitesse rapide, il quitterait la voiture en mauvais état, pris de nausées et d’étourdissements. Il est donc important d’avoir un bon cardio et une excellente résistance physique.
Comparons un marathonien élite à un pilote de Formule UN. Le marathonien fera sa course de 42,198 kilomètres en 2h10. Le pilote de Formule Un bouclera une course en 1h30–1h45. Le marathonien bouge pour pratiquer son sport alors que le pilote est confiné à un étroit cockpit bruyant, chaud et inconfortable. Respirer normalement dans ses conditions, avec le casque sur la tête, devient difficile.
Tout au long de sa course, le marathonien verra à bien s’hydrater en avalant de l’eau ou des boissons énergétiques aux tables de ravitaillement. Le pilote de Formule UN ne pourra pas s’arrêter pour boire. Il ne peut compter que sur une petite bouteille d’un litre fixée près de son siège et reliée directement à son casque. La boisson de sa bouteille, souvent tiède ou même chaude, est loin d’être suffisante. Et il arrive régulièrement qu’un pilote doive se débrouiller sans cette bouteille en raison d’un bris.
Au repos, le rythme cardiaque du marathonien élite, tout comme celui du pilote de Formule Un, est dans la quarantaine de battements par minute. Celui d’un individu normal est à 70. Mais dès que le pilote s’installe derrière son volant et fixe les feux rouges qui s’allument avant le départ d’une course, son rythme cardiaque grimpe à 185 battements par minute. Tout cela sans bouger un seul muscle! Durant la course, sanglé solidement sur son siège, le pilote verra son cœur se stabiliser à 170–190 battements par minute, soit 80 pourcent de son rythme cardiaque maximal pendant près de deux heures. C’est épuisant.
Un marathonien élite doit surveiller son poids. S’il est trop lourd, il perd de la vitesse. La pilote doit également prendre un soin jaloux du sien car il fait partie du poids total de la voiture. Le poids minimal d’une voiture de F1 est de 691 kilos cette saison. Moins un pilote est lourd, plus les ingénieurs peuvent ajouter des composantes à la voiture tout en gardant leur bolide le plus léger possible. Un ou deux kilos de trop sur une voiture signifient quelques centièmes de secondes de retard au tour. En formule UN, c’est énorme.
Lors de la course la plus chaude du calendrier, le Grand Prix de Malaisie, le mercure grimpe à 40 degrés celsius et l’humidité est à 80 pourcent! Lorsque la course se termine, les pilotes quittent leurs voitures dans un état de déshydratation avancé. Certains sont près de l’évanouissement. On comprend donc que les pilotes de Formule Un doivent soigner leur condition physique. C’est la raison pour laquelle ils pratiquent tous des sports d’endurances. Course à pied, natation, ski de fond, vélo, patin à roues alignées, tennis, etc.
Le marathonien élite planifie son calendrier d’entraînement pour participer à quatre ou cinq épreuves importantes dans l’année. En gros, il court cinq à six jours par semaine. Le pilote de Formule UN participe à 19 fins de semaine de Grand Prix dans une saison. Il est rarement à la maison et doit planifier son entraînement en fonction du pays où il se trouve. Lui aussi s’entraîne en endurance plusieurs fois par semaine.
Tous les pilotes de F1, et je dis bien tous les pilotes, sont des athlètes. Leur niveau de consommation maximale d’oxygène (VO2max) se situe entre 70 et 80 (ml/kg/min). Celui d’un joueur de hockey est entre 45 et 50. Celui d’une personne sédentaire à 35. Plusieurs participent à des marathons. Fernando Alonso est un cycliste reconnu qui a même formé sa propre équipe.
C’est au pilote de l’écurie McLaren, Jenson Button, que revient la palme de la bonne forme physique. Le vétéran a plusieurs triathlons olympiques et Ironmans à son actif. Pendant la saison de F1, malgré un horaire extrêmement chargé de promotions diverses et de compétitions, il trouve le moyen de s’entraîner 45 heures par mois en natation, vélo et course à pied. Le cas de Button est intéressant. Il mesure 6 pieds mais ne pèse que 70 kilos. C’est grâce à son entraînement et à sa nutrition qu’il peut conserver ce poids. Son taux de gras est à 8 pourcent seulement!
En conclusion, tous ceux qui croient que les pilotes de Formule UN ne sont pas des athlètes devront revoir leurs arguments. Contrairement à ce qu’ils pensent, piloter un bolide à plus de 300 km/h et encaisser des forces latérales énormes sur toute la durée d’une course demande une préparation physique parfaite. Celui qui tricherait sur son entraînement ferait long feu dans le monde hyper-compétitif de la F1 où des centaines de millions de dollars sont investis.
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Bon Grand Prix du Canada à tous!