Sylvain Girard : une vie au rythme du sport
Alouettes mardi, 16 juin 2020. 09:40 mardi, 16 juin 2020. 13:44RDS.ca vous propose une série de rencontres avec des athlètes québécois qui ont marqué l’histoire de leur sport à leur façon. Que font maintenant ces anciens athlètes de haut niveau? Nous poursuivons cette série avec l’ancien receveur éloigné des Alouettes, Sylvain Girard.
À ce moment-ci de l’année, Sylvain Girard devrait normalement tirer un trait sur la longue année de football scolaire. Les camps de printemps réservés aux vétérans se concluraient, tout comme la mini-saison qui donne l’occasion aux plus jeunes d’apprivoiser le sport et peut-être l’adopter.
Mais à l’instar de tous les intervenants du milieu, l’ex-receveur éloigné des Alouettes a assisté à l’arrêt complet des activités sportives au Québec du jour au lendemain à cause de la COVID-19. En date d’aujourd’hui, il n’a aucune idée quand et comment il retrouvera ses étudiants-athlètes.
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À titre de coordonnateur du Centre d’activités au Collège Saint-Anne, il étudie présentement de nombreux scénarios, qui semblent changer d’heure en heure, et reconnaît d’emblée que si les autorités gouvernementales décident de ne pas autoriser la reprise du football comme tout le monde le connaît, cela représenterait un puzzle pour lequel il ne semble pas y avoir de solution.
« En ce moment, personne ne sait encore si les jeunes seront en mesure de jouer au football cet automne, a avoué Girard en entrevue téléphonique il y a quelques semaines avec RDS.ca. C’est évident que de rater une saison complète de football pour avoir des conséquences dramatiques.
« Je pense notamment aux finissants qui devaient aller jouer aux États-Unis, mais qui ne savent pas ce qui va arriver. Par contre, tout le monde se retrouve aujourd’hui dans le même bateau. Ce sont ultimement les gens qui sont les plus résilients qui parviendront à s’en sortir le mieux. »
Évidemment, ce ne sont pas tous les étudiants-athlètes qui aspirent à poursuivre leur carrière dans les rangs universitaires et professionnels, mais Girard insiste sur l’importance que le sport peut avoir sur la vie des jeunes. Il le remarque dans le cadre de son travail ainsi qu’à la maison.
« Ma fille était la première déçue lorsque toutes les activités de son équipe de flag-football ont été chamboulées, explique l’homme maintenant âgé de 44 ans. Le sport permet aux jeunes de s’intéresser à quelque chose et a un impact positif sur le reste de leur vie. Quand je repense à mon propre parcours, mes années à l’Université Concordia ont été les plus belles de ma vie...
« Le sport éveille toutes sortes de choses chez les jeunes. Il permet notamment de canaliser les énergies, d’apprendre à travailler et de comprendre que les efforts effectués maintenant seront récompensés plus tard. Je le constate quotidiennement avec tous les étudiants que je côtoie. »
La semaine dernière, Football Québec a présenté un plan de relance comme la quasi-totalité des autres fédérations sportives de la province, sauf qu’aucune date de retour à la pratique normale du sport n’a été avancée. L’organisation suit attentivement l’évolution de la situation, mais à un peu plus de deux mois du début des camps d’entraînement, la marge de manœuvre est réduite.
Toujours le bienvenu
Choix de 1re ronde – 5e au total – des Alouettes en 1999, Girard a porté les couleurs de l’équipe pendant 8 saisons et faisait évidemment partie de l’édition 2002 championne de la coupe Grey. Il a annoncé sa retraite en février 2007 après une dernière campagne marquée par les blessures.
À l’image de plusieurs de ses anciens coéquipiers, il a toutefois été très peu vu dans l’entourage du club, mais l’homme originaire de Chicoutimi assure qu’il s’agit de sa décision et non celle de l’organisation. « J’ai toujours senti que j’avais ma place dans le giron de l’équipe », martèle-t-il.
Girard précise qu’avec ses nombreuses responsabilités professionnelles, ses temps libres sont consacrés à la vie de famille, comme la plupart des gens d’ailleurs. Et c’est pour cette raison qu’il n’aspire pas le moindrement à diriger dans les rangs collégiaux, universitaires ou professionnels.
« Je n’ai pas ce genre d’ambition, car mon rôle au Collège Saint-Anne me permet également de toucher à tous les sports, dit Girard. Autant j’ai aimé ma carrière dans le football professionnel, autant j’aime celle au collège. Depuis le premier jour, je n’ai jamais eu l’impression de travailler.
« Tout ce que je souhaite, c’est de transmettre la passion du sport aux jeunes et qu’ils trippent pendant qu’ils jouent au football. Il n’y a aucune obligation d’en faire une carrière par la suite! »
Ce n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard si bon nombre d’anciens décident de passer au coaching au terme de leur carrière. Il s’agit de faire rapidement le tour des différents programmes de la province pour voir des visages qui sont facilement reconnaissables pour les amateurs de foot.
« Il y a une énorme volonté de redonner au sport, mais également de retrouver cette adrénaline que nous vivions pendant les matchs, explique Girard. Le thrill que je peux vivre sur les lignes de côté en tant qu’entraîneur, c’est pratiquement semblable! C’est assurément aussi passionnant!
« Au collège où je suis, il y a également un intéressant mélange entre les plus jeunes et les plus vieux, si bien que tout le monde a des expériences différentes à partager. Nous sentons que les élèves sont vraiment intéressés... il n’y a pas meilleur enseignant que celui qui est passionné! »
Bref, tant qu’il y aura des apprentis footballeurs déterminés, Girard sera prêt à les aider comme tous ceux qui ont jonché son parcours au fil des années. Ils sont peut-être un petit peu moins nombreux depuis quelques années, mais l’ancien Alouette ne s’en formalise pas outre mesure.
« Ce sont des cycles tout à fait normaux, conclut-il. Il y a eu des années plus difficiles, sauf qu’un formidable ambassadeur comme Laurent Duvernay-Tardif permet d’attirer une nouvelle fois les regards sur le sport. Ce qui est important, c’est que les jeunes s’y intéressent. Dans les dernières années, cela a surtout été le basketball, mais je pense que c’est tout à fait correct comme cela! »