MIAMI – Quand on dispose d’un diplôme de médecine en poche, qu’on a paraphé un contrat de plusieurs millions, qu’on a atteint un niveau de jeu qui se classe dans l’élite à notre position et qu’on vient d’atteindre le Super Bowl, il n’est pas farfelu de penser qu’on pourrait accrocher ses crampons.

Cette situation, c’est celle de Laurent Duvernay-Tardif – on sait bien que vous aviez deviné – sauf que le garde à droite des Chiefs de Kansas City n’entend pas choisir l’option de la retraite contrairement à certains joueurs d’impact tel Luke Kuechly.

« Je vais répondre en parlant de moi et je pense que c’est la même chose pour bien des joueurs. Il faut se poser des questions pour savoir si on veut continuer à jouer, si ça vaut encore le coup. Pour moi, la réponse ne fait aucun doute, à 100%. C’est un privilège, mais il faut se poser la question comme pour n’importe quel métier », a réagi Duvernay-Tardif quand le choix de Kuechly lui a été évoqué.

On peut le comprendre de vouloir poursuivre son impressionnante carrière. Après tout, il n’est âgé que de 28 ans et il ressent encore un immense plaisir dans l’environnement du football professionnel.

« J’ai encore trop d’excitation, de fébrilité et d’adrénaline sur le terrain pour que ce soit un dernier match pour moi. J’ai encore besoin de ce feeling et j’ai encore besoin de gagner à KC. J’ai eu la confirmation que la médecine pouvait attendre quatre ans après ma graduation (printemps 2018). Je ne suis pas dans une situation que je dois prendre une décision », a-t-il précisé.

Bien sûr, tout est plus agréable quand les victoires sont au rendez-vous alors que les Chiefs se classent parmi les puissances de la NFL.  

« Les choses ont tellement évolué positivement collectivement pour les Chiefs et pour moi dans les dernières années que je veux continuer sur cette lancée », a ajouté le Québécois auquel on avait attribué un podium lors de la disponibilité médias du club.

Sa nature réfléchie l’incite tout de même à comprendre la réalité de son milieu.  

« Est-ce que tu peux garantir que c’est ton dernier match ? Non, parce que c’est la réalité du football. Mais, je pense qu’il n’y a pas de doute que je vais avoir l’occasion de revenir avec les Chiefs surtout après la façon que je suis parvenu à jouer pendant la deuxième moitié de la saison », a mentionné LDT.

La première partie de cette réponse s’explique par le fait que Duvernay-Tardif a désormais reçu l’argent garanti (environ 20 millions) de son entente de 42 millions via un boni de 10 millions et les deux premières années de son contrat. Les Chiefs pourraient donc choisir de libérer sans avoir à lui verser plus d’argent. Mais une telle décision serait étonnante considérant les propos publics tenus mardi par l’entraîneur-chef Andy Reid.

« Il se démène au travail, il est fort, intelligent et il adore le football. Je n’ai pas l’impression qu’il souhaite devenir docteur à temps plein sous peu ce qui devrait nous permettre de miser sur lui pendant encore plusieurs années et il continuera de progresser », a lancé Reid aux médias.   

Le numéro 76 des Chiefs sait mieux que quiconque que le football comporte sa dose de risques, mais il considère que les bénéfices sont trop intéressants pour le moment.

« C’est le sport d’équipe ultime, j’ai tellement appris via le football et les autres sports d’équipe. Il y a des inquiétudes par rapport aux commotions cérébrales et d’autres blessures. Au final, il faut regarder l’ensemble du portrait. Selon moi, les gens qui font des sports d’équipe et qui sont actifs deviennent normalement des meneurs et de meilleurs humains dans le sens que leur rythme de vie est plus équilibré. On doit aussi considérer cet aspect quand on tranche », a témoigné avec pertinence le colosse des Chiefs qui a même répondu à des questions de confrères anglophones sur le coronavirus.

D’ailleurs, il a précisé qu’il ne considère pas que les contacts au football soient nécessaires pour les enfants. ​

Bien maîtriser les derniers détails

Pour le moment, Duvernay-Tardif s’assure de ne pas dévier sa concentration du match ultime face aux 49ers. Les Chiefs sont rendus à l’étape de s’assurer que les détails du plan de match sont maîtrisés par l’ensemble des joueurs.

Sinon, LDT prévoit que ce sera très plaisant de se retrouver sur le terrain du Hard Rock Stadium dimanche.

« C’est une occasion incroyable, ça vient avec beaucoup de fébrilité et ce sera amusant. Je le vois comme une expérience très positive, j’ai hâte », a indiqué celui dont il est pertinent de mentionner, en cette journée Bell Cause pour la cause, qu’il travaille régulièrement avec un psychologue sportif pour sa préparation mentale.

Sans surprise, ce sera encore plus plaisant pour la bande de Patrick Mahomes si ça se déroule bien pendant la partie. Pour que ce scénario se produise, les Chiefs devront maîtriser la fascinante défense des 49ers.

« C’est une défense qui ne possède pas vraiment de lacunes, ils sont solides à toutes les positions. On ne peut pas regarder les vidéos et dire c’est là qu’on va attaquer. Il faut être créatifs et c’est la tâche de nos entraîneurs d’élaborer des contextes pour nous permettre d’avoir du succès contre eux », a-t-il prudemment déclaré.

Tandis que les partisans rêvent d’un match serré, Duvernay-Tardif ne peut rien garantir.

« Le meilleur match pour nous n’est pas nécessairement le meilleur pour les partisans. Nous, on veut que ce soit clair et par beaucoup de points. »

Pour une rare fois, il sera réuni avec ses parents et ses deux sœurs (Delphine et Marilou) dimanche. Une victoire rendrait le tout magique pour le clan Duvernay-Tardif.

« Ça me touche beaucoup, je ne me rappelle pas de la dernière fois qu’on a été tous ensemble. Avant, c’était Delphine qui était à Canmore avec l’équipe de ski de fond. Après, c’était Marilou (en Colombie-Britannique pour l’aviron) et il y a eu moi avec la médecine et les Chiefs. Après le Super Bowl, ce sera un beau moment de se retrouver en famille. »