Aucun sentiment d’urgence!
Canadiens lundi, 24 févr. 2020. 20:38 jeudi, 28 nov. 2024. 10:59Déjà plus qu’échaudés par la perspective d’une troisième élimination consécutive des séries et d’une quatrième exclusion lors des cinq dernières saisons, plusieurs partisans ont vertement critiqué le Canadien en marge des ventes conclues lundi, dans le cadre de la dernière journée des transactions.
Ont-ils raison? Ont-ils tort?
Le temps répondra à cette question. Mais depuis le temps qu’ils composent avec une équipe qui semble tourner en rond plutôt que de faire des bonds en avant, quitte à encaisser un sérieux recul pour mieux rebondir ensuite – les partisans ont certainement le droit d’afficher leur impatience et leur déception. Ils ont même le droit de carrément perdre confiance.
Surtout que ce qui a le plus sauté aux yeux et aux oreilles dans le cadre de la conférence de presse du directeur général Marc Bergevin une fois le couperet tombé en après-midi, est le fait qu’aucun sentiment d’urgence ne semble flotter au sein de l’organisation.
Marc Bergevin a bien admis être déçu de voir son club au 13e rang de l’Association Est et la possibilité qu’il rate une fois encore les séries. Il a bien reconnu le manque de constance de ses joueurs, leur incapacité de gagner à la maison alors qu’ils y sont pourtant arrivés sur la route et les ratés multipliés cette année alors qu’ils ont transformé des avances qui semblaient suffisantes pour gagner en défaites aussi amères que difficiles à expliquer.
Mais du même souffle, il a assuré qu’il faisait confiance au noyau de joueurs qu’il a conservé intact; qu’il faisait confiance à Claude Julien et à son équipe d’entraîneurs; qu’il était satisfait du développement orchestré à Laval chez le Rocket qui pourrait lui aussi rater les séries; qu’il était même confiant d’attaquer le prochain repêchage avec la même équipe de recruteurs qui est pourtant loin d’avoir fait banco surtout avec ses sélections de première ronde.
Un peu plus, et on croyait que tout allait bien dans le meilleur des mondes chez le Canadien. Que la vie était belle autant en en bleu, en blanc qu’en rouge.
Simonac!
Je veux bien croire que le Canadien ne soit mathématiquement qu’à six points d’une place en séries, mais quand on met de côté la gymnastique comptable qui donne l’impression que cette équipe est plus près qu’elle ne l’est en réalité des séries, il devrait y avoir une, cinq, dix, cent raisons d’être inquiet. Même très inquiet!
Kovalchuk, Thompson, Cousins
Surtout qu’en dépit une journée fort active malgré les nombreuses transactions survenues au cours des derniers jours, voire des dernières semaines, en dépit des prix très élevés, voire exorbitants payés par certains clubs dans leur quête de se renflouer en vue des séries – Barclay Goodrow est un joueur intéressant et qu’il ne sera payé que 925 000 $ l’an prochain, mais un choix de première ronde, même tardif, me semble beaucoup trop cher payé – le Canadien est loin d’avoir obtenu la lune en retour d’Ilya Kovalchuk, de Nate Thompson et de Nick Cousins.
Kovalchuk a ramené un choix de troisième ronde des Capitals de Washington, ce qui représente une valeur honnête.
Le Canadien aurait pu obtenir mieux en prenant une chance puisqu’une formation a offert au Canadien un choix de troisième ronde qui aurait pu devenir un choix de deuxième l’été prochain selon les résultats obtenus en séries par Kovalchuk et l’équipe, mais Marc Bergevin n’a pas voulu courir de risque.
« J’avais un choix de troisième ronde sur une table et un choix potentiellement meilleur sur une autre. J’ai pris ce qui était sûr pour éviter de me retrouver les mains vides », que le directeur général du Canadien a indiqué lors de son point de presse de lundi après-midi.
Un point de presse au cours duquel le DG du Tricolore a semblé sur la défensive du début à la fin et souvent déstabilisé par des questions auxquelles il a répondu de façon approximative.
Marc Bergevin a mieux patiné que la majorité de ses joueurs lorsqu’est venu le temps d’expliquer pourquoi il s’était senti dans l’obligation « d’accommoder » Kovalchuk en acceptant l’offre des Capitals bien qu’il n’ait disputé que 22 matchs dans l’uniforme tricolore.
« C’est un futur membre du Temple de la renommée. Il a aimé son expérience à Montréal. On a apprécié les services qu’il a rendus à l’équipe et on voulait trouver une façon de le satisfaire. Mais je n’ai pas refusé une meilleure offre pour le satisfaire », a répondu Bergevin.
Il est toujours dangereux de lire entre les lignes d’une réponse, mais ce que j’ai compris dans les propos de Kovalchuk c’est quelque chose comme : « nous n’étions pas en mesure de nous entendre sur les modalités d’un nouveau contrat. Mais comme nous n’écartons pas la possibilité de lui faire une offre l’été prochain et qu’il est toujours très difficile d’attirer à Montréal des joueurs autonomes de premier plan, nous avons décidé d’être beaux joueurs avec Kovi afin de maximiser nos chances si on doit le courtiser à nouveau en juillet... »
Je vous laisse établir votre propre interprétation.
Dans le cas de Thompson et de Cousins, il était clair qu’ils écoulaient leur dernière saison à Montréal. Tant qu’à les perdre sans rien obtenir en retour sur le marché des joueurs autonomes, il valait mieux garnir la banque de choix.
J’anticipais un peu plus – un choix de quatrième ronde et non de cinquième – pour Thompson et je croyais qu’il était possible pour le Canadien d’obtenir un choix de troisième ronde en retour de Cousins.
Mais bon!
Ces choix n’aideront pas le Canadien à battre les Canucks de Vancouver mardi soir ou à rejoindre et dépasser les Sabres de Buffalo, les Panthers de la Floride et les Maple Leafs de Toronto dans la course aux séries. Ces choix n’aideront pas le Canadien non plus la saison prochaine. Simonac! Il est permis de se demander si ces choix, bien qu’il représente des compensations honnêtes sans plus pour les joueurs qui ont quitté, aideront le Canadien un jour!
Je vous invite d’ailleurs à lire mon deuxième texte consacré exclusivement au repêchage.
Le noyau est conservé... pour le moment
Échanger des joueurs en fin de contrat pour des choix passe toujours, mais les partisans s’attendaient à plus : ils s’attendaient, ou à tout le moins espéraient, que Marc Bergevin profite de l’effervescence de la journée de lundi pour maximiser la valeur de joueurs comme Tomas Tatar, Jeff Petry et plusieurs autres.
Bergevin a décidé de ne pas toucher à son noyau. Le directeur général a assuré ne pas avoir eu à prendre de décisions difficiles, de ne pas eu avoir à jongler avec des offres mirobolantes impliquant des espoirs de premier plan.
« Je n’ai pas dit non à des offres qui auraient fait du Canadien une moins bonne équipe l’an prochain pour devenir une bien meilleure dans deux ans », a assuré le DG du Tricolore.
« On est passé d’acheteur à vendeur au cours des derniers jours, mais on est encore dans le portrait des séries. Je n’ai pas touché au noyau parce que les gars qui sont demeurés avec l’équipe sont en mesure de nous faire gagner et peut-être de causer une surprise. On verra. Mais je dois aussi penser à l’avenir. Je dois penser à ce qu’on mettra sur la glace l’an prochain. Et on voudra gagner l’an prochain », a lancé Bergevin.
Tout ça est bien beau.
Mais le noyau sauvé lundi est le même noyau qui ratera encore les séries cette année. Pourquoi tant tenir à le garder intact? Surtout que du groupe, cinq joueurs – Tomas Tatar, Brendan Gallagher, Phillip Danault, Joel Armia et Jeff Petry – pourraient profiter de leur autonomie complète à la fin de la saison prochaine pour quitter Montréal s’ils ne se sont pas entendus sur les modalités de nouveaux contrats avec le Canadien.
« On a gardé notre noyau aujourd’hui, mais ça ne veut pas dire qu’on ne le changera pas plus tard. En juin, toutes les équipes sont en mesure de discuter et c’est plus propice alors de conclure des transactions de hockey », a aussi ajouté Bergevin dans le cadre d’une de ses réponses les plus importantes à mes yeux.
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Car si on considère que le marché des joueurs autonomes sera assez mince l’été prochain, c’est par le biais de transactions majeures que le Canadien devra renflouer son équipe. Qu’il devra ajouter au moins un défenseur sur son flanc droit et combler le manque de profondeur de cette équipe qui est devenue très vulnérable dès qu’elle a dû composer avec des blessures.
C’est dans le cadre de ces transactions qu’il faudra déterminer le sort des Max Domi, Jonathan Drouin, Tomas Tatar, Jeff Petry et autres joueurs susceptibles de permettre au Canadien de s’améliorer comme il l’a fait avec les acquisitions des Weber, Domi, Tatar et Suzuki au fil des derniers étés.
Après une journée honnête, sans plus, lundi et en dépit les espoirs que le Canadien tentera de soulever avec un repêchage faste – du moins en nombre de sélections puisque le Canadien en compte 14 pour le moment – qui se déroulera à Montréal en prime, j’ai bien hâte de voir quelles actions concrètes le Canadien prendra au cours des prochains mois pour vraiment s’améliorer.
Car il doit s’améliorer. Et s’améliorer beaucoup!
C’est l’énorme défi qui se dresse maintenant devant Marc Bergevin. Car s’il fait confiance à l’équipe qu’il a sous la main en ce moment une fois encore l’an prochain, le directeur général du Canadien tentera à nouveau de sauver la face à la date limite des transactions dans 12 mois au lieu de faire le plein de munitions pour non seulement accéder aux séries éliminatoires, mais avoir des chances logiques de s’y imposer.