MONTRÉAL - Au nombre de fois que ce club imprévisible a fait mentir tous ceux et celles qui les croyaient un jour en route pour la gloire et le lendemain en totale déroute, j’aurais dû me garder une petite gêne.

 

J’aurais dû être plus prudent avant de lancer qu’après l’effort pitoyable de jeudi, il était clair comme l’eau cristalline tout droit descendue des Rocheuses par la Bow River que le Canadien disputerait, samedi, un meilleur match. Qu’après la pause syndicale obligatoire de vendredi et le congé d’entraînement de samedi matin, il amorcerait le match avec entrain et énergie. Qu’il afficherait même un heureux mélange de fierté et de hargne pour venger sa défaite d’il y a deux jours et surtout faire oublier sa pire performance jusqu’ici cette année.

 

Mais non! Ce brin de confiance affiché à son endroit, le Canadien me l’a fait très cher payer.

 

Car après avoir connu, jeudi, son pire match de l’année, le Canadien a trouvé le moyen d’offrir à son coach et à ses partisans la pire période des 85 disputées depuis le début de la saison. Pire que les 78 qui se sont succédé au fil des 26 premiers matchs. Pire que les six prolongations qui se sont ajoutées. Ça vous donne idée!

 

Contre des Flames qui jouaient le hockey simple, soutenu et efficace imposé par leur nouveau coach Darryl Sutter, le Canadien s’est contenté de patiner dans le sable. En fait, je ne suis pas même convaincu qu’il patinait tant il a été dominé dans tous les aspects du jeu.

 

C’était gênant!

 

Ce qui me console, du moins un peu, c’est que je ne suis pas le seul à avoir été berné par les joueurs du Tricolore. Dominique Ducharme l’a été tout autant. « Je sentais que les gars étaient prêts avant le match. On avait eu des bons meetings. Je sentais que les gars voulaient rebondir », que le coach a confirmé après le match.

 

« Capables de beaucoup mieux »

 

Il faut croire que ce désir est demeuré au vestiaire tant le Canadien était démuni une fois sur la patinoire. Tant il était désorganisé. Tant il a mis de côté les principes fondamentaux du jeu. À commencer par la protection de l’enclave en zone défensive.

 

Sur le premier but, Joel Armia a perdu une bataille derrière son filet aux dépens de Brett Ritchie. Pas une bonne idée : mettons!

 

Ça n’excuse pas le fait que Sean Monahan, une fois en possession de la rondelle, a pu revenir dans l’enclave, faire une pirouette pour s’offrir un angle de tir et déjouer Carey Price dans la lucarne avec un tir parfait. Tout ça avant qu’un des quatre autres joueurs du Canadien n’apparaisse dans son champ de vision.

 

Déjà qu’ils étaient englués à la gauche de Carey Price, Jeff Petry et Joel Edmundson se sont contentés de regarder Armia partir derrière le but de Price au lieu de revenir vers l’enclave. Quand Armia a perdu la rondelle et que le trouble s’est présenté, il était trop tard pour réagir. Pas plus prudents, Nick Suzuki et Tomas Tatar étaient déjà en mode relance à la ligne bleue alors que la rondelle était derrière leur but.

 

Sur le troisième but, Edmundson s’est encore contenté d’être spectateur. Non seulement il occupait le meilleur siège du Scotiabank Saddledome pour voir son partenaire Petry perdre une bataille derrière le but de Price, mais il s’est assuré de suivre les deux joueurs derrière le filet au lieu de venir couvrir l’enclave... avec le résultat prévisible qui a suivi : Mikael Backlund a profité d’une enclave libre pour tirer derrière Price après que Mangiapane lui eut refilé la rondelle gagnée contre Petry.

 

Edmundson est le premier à blâmer. Mais il est complètement inadmissible qu’aucun des attaquants – Suzuki et ses compagnons de trio Drouin et Anderson étaient alors sur la glace – ne soit même passer proche de venir embêter Backlund tant leurs replis manquaient de conviction.

 

Et le deuxième but? Les Flames l’ont marqué lors d’une attaque massive. Je veux bien. Mais comme l’a fait souvent son petit frère Brady, Matthew Tkachuk a pris le contrôle de l’action devant le filet. Il a brassé Shea Weber et Joel Edmundson qui ont eu les mains tellement pleines pour le contrer qu’ils en ont oublié la rondelle et Sean Monahan qui l’a poussée dans un filet désert.

 

ContentId(3.1385013):Dominique Ducharme : « Aucune raison d'avoir ce départ » (Canadiens-Flames)
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« Quand tu ne bouges pas sur la patinoire, tu n’exécutes pas. Tu n’es pas à la bonne place autant en attaque qu’en défensive. Il n’y a pas de support et tu donnes trop de temps et d’espace à l’adversaire. Notre niveau d’implication et de compétition n’était pas là en première moitié de match. On est capables de beaucoup mieux », a plaidé Dominique Ducharme.

 

Pourtant bien reposés

 

Et cette fois, on ne peut pas imputer à un deuxième match en moins de 24 heures et à une nuit écourtée en raison de l’envolée Vancouver-Calgary et la perte d’une heure en raison du décalage horaire le fait que le Canadien ait été aussi amorphe en début de match.

 

Le Canadien était reposé. Mais il a encore été déclassé quand même.

 

« Aucune excuse ne peut justifier notre première période. Nous étions simplement trop lents dans tous les aspects du jeu », a convenu Jeff Petry.

 

Le vétéran défenseur a ajouté un 11e but à sa fiche sur un tir parfait décoché après réception d’une belle passe de Jonathan Drouin alors que les deux équipes jouaient à quatre contre quatre. Ce but qui confirme la qualité du jeu offensif de Petry ne peut toutefois faire contrepoids aux difficultés que lui et son partenaire de travail ont connues au cours de la rencontre.

 

Bien qu’il traverse une séquence difficile et qu’après un excellent début de saison, il semble incapable de se défaire des griffes des centres qui se dressent devant lui, Nick Suzuki maintient qu’il est à sa place au centre du premier trio du CH. « C’est ce genre de défis que je veux relever. Je veux jouer contre les meilleurs attaquants et les meilleurs défenseurs des autres équipes. J’ai simplement besoin de retrouver un peu de confiance afin d’offrir de meilleures performances », que le jeune homme a affirmé.

 

Sans critiquer son jeune joueur de centre, Dominique Ducharme a refusé d’endosser les prétentions selon lesquelles Suzuki est victime du fait que les équipes de la division canadienne comptent sur des gros centres capables de lui compliquer la vie.

 

« On est dans la Ligue nationale. Dans la meilleure ligue de hockey au monde. Tous les clubs ont de très bons joueurs de centre », a répliqué Ducharme.

 

Le coach a raison. Suzuki et Jesperi Kotkaniemi ont convaincu tout le monde, l’été dernier et encore en début de saison, qu’ils étaient prêts à prendre en main l’attaque du Canadien. À orchestrer les poussées des deux « premiers » trios. En ce moment, ils n’offrent toutefois pas du hockey convaincant.

 

Ça ne veut pas dire qu’ils ne seront jamais capables d’y arriver. Leur jeunesse et leur manque d’expérience ne minimisent en rien leur talent et leurs qualités. Mais peut-être étaient-ils moins prêts que plusieurs – ajoutez mon nom à la liste – le croyaient.

 

Ce sera à eux de trancher cette question.

 

L’effet Sutter

 

En deux matchs derrière le banc des Flames, Darryl Sutter a déjà reçu deux victoires de la part de ses joueurs. Deux gains qui ont mis en évidence le hockey efficace que le nouveau coach impose à ses joueurs.

 

ContentId(3.1385015):Flames : du hockey simple et efficace avec Darryl Sutter (LNH)
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« Le message de Darryl est basé sur des principes très simples : intensité et vitesse reviennent tout le temps dans ses directives. On doit jouer de la bonne façon même si cela veut dire de tirer la rondelle en fond de zone ennemie et de foncer pour aller la récupérer. C’est comme ça qu’on a marqué deux de nos buts ce soir », a expliqué Mikael Backlund.

 

« Darryl exige une implication totale de tous les joueurs sur la patinoire. L’intensité qu’il réclame sert à pousser l’adversaire à se rendre coupable de revirements au lieu que ce soit nous qui les commettions parce que nous nous retrouvons sous pression. On doit dicter le jeu », a renchéri Monahan.

 

Cette pression qui a mis le Canadien sur les talons au point de le déséquilibrer ne s’est pas remarquée seulement en matière des buts marqués par les deux équipes – cinq pour Calgary et deux pour Montréal – lors des deux derniers matchs.

 

Elle s’est aussi traduite par le fait que les Flames ont dominé le Canadien 65-43 au fil des deux matchs en matière de tirs cadrés et qu’ils ont décoché un total de 116 tirs en direction de la cage du Tricolore qui a répliqué avec 84.

 

En battant le Canadien coup sur coup, les Flames ont signé deux gains consécutifs pour la première fois depuis les 9 et 11 février alors qu’ils avaient eu le dessus les Jets de Winnipeg et les Canucks de Vancouver. Entre ces deux séquences – période au cours de laquelle Geoff Ward a été congédié – les Flames s’étaient contentés de quatre victoires en 13 parties (4-7-1-1).

 

Les voilà de retour dans la course aux séries alors qu’ils n’accusent qu’un retard de deux points derrière le Canadien et le quatrième rang de la division Nord. Le Tricolore qui complétera son voyage de six matchs dans l’Ouest canadien contre les Jets, à Winnipeg, lundi et mercredi, a toutefois un match en mains.

 

Entre les lignes

 

-      Dominique Ducharme a préféré prolonger le repos obligatoire de vendredi que de faire patiner ses joueurs en matinée samedi. Surtout qu’avec un match à 17 h – heure des Rocheuses – une séance d’entraînement aurait eu plus d’impacts négatifs que positifs. « On avait la glace à 11 h ce matin. Avec un match à 17 h, il aurait pratiquement fallu passer l’après-midi ici ou repartir de l’hôtel aussitôt revenu. On a jugé que ça ne valait pas la peine »...

 

-      Les deux buts de Sean Monahan étaient ses 200e et 201e en carrière. Il est devenu le neuvième joueur seulement de l’organisation à marquer au moins 200 buts dans l’uniforme des Flames...

 

-      Phillip Danault a dû retraiter au vestiaire en première période après avoir été blessé légèrement. Bien qu’il soit revenu au jeu en deuxième, le centre québécois était visiblement ennuyé par cette blessure dont le Canadien n’a pas dévoilé la nature. Le fait que le centre n’ait disputé que 10 mises en jeu indique qu’il pourrait avoir été blessé à une main, un poignet ou une épaule...

 

-      En plus de compter sur un Danault amoindri, le Canadien a aussi dû se passer de Nick Suzuki en troisième période. Secoué lors d’une collision avec son coéquipier Corey Perry, Suzuki a été confiné au vestiaire par les responsables de la LNH qui l’ont contraint à respecter les protocoles de prévention en matière de commotion cérébrale. « Je me suis plié à leur décision, mais je n’avais aucun symptôme », a plaidé le jeune joueur de centre après la rencontre...

 

-      Malgré l’utilisation limitée de Danault et la pause forcée de Suzuki, le Canadien a terminé nez à nez avec les Flames alors que les deux équipes ont remporté 32 mises en jeu. Jesperi Kotkaniemi (10 mises en jeu gagnées – 9 perdues) a été le plus occupé du Tricolore suivi de Suzuki (9-7) et Danault (5-5). Paul Byron qui remplaçait Jake Evans au centre du quatrième trio n’a disputé que deux mises en jeu (1-1). Gallagher (3-2), Drouin (2-3), Armia (0-4), Toffoli (2-0) et Tatar (0-1) ont aussi mis l’épaule à la roue...

 

-      Bien que le Canadien ait connu sa part de difficultés aux cercles des mises en jeu cette année, il présente une meilleure fiche (7-6-3-1) lorsqu’il en perd plus souvent qu’il n’en gagne que l’inverse (4-1-1-2)...

 

-      Le Canadien a terminé deux matchs à égalité avec un adversaire aux cercles des mises en jeu. Les deux fois contre Calgary : la première, il a battu les Flames 5-2 au Centre Bell. Samedi, à Calgary, il s’est incliné 3-1...

 

-      Les arbitres ont vu juste à deux occasions samedi alors qu’ils ont rapidement refusé des buts qui auraient été bons au soccer, mais qui ne le sont pas au hockey. Johnny Gaudreau d’abord et Josh Anderson ensuite ont tous deux botté la rondelle avec le patin alors que les règles permettent seulement de la rediriger...

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ContentId(3.1385018):LNH : Canadiens 1 - Flames 3 (Hockey)
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