Un moral mis à l’épreuve
Canadiens jeudi, 10 juil. 2014. 21:50 dimanche, 24 nov. 2024. 23:44BROSSARD, Québec – Dans un an, peut-être que les rôles seront inversés. Peut-être qu’un joueur invité, arrivé sans tambour ni trompette, épiera discrètement Alexandre Goulet d’un air admiratif.
Pour l’instant, Goulet est celui qui observe sans prendre trop de place au camp de perfectionnement du Canadien. Il suit Nathan Beaulieu, « qui est déjà rendu à son quatrième ou cinquième camp... c’est assez impressionnant! » Il exécute les mêmes exercices que Michael McCarron et Nikita Sherback, mais n’attire pas le dixième de l’attention portée vers les deux plus récents choix de première ronde de l’équipe.
Pour l’instant, Alexandre Goulet patine dans l’ombre et il est loin de s’en plaindre. L’anonymat relatif réservé aux joueurs qui n’ont pas eu la chance d’être repêchés ne semble pas lui déplaire.
Mais ce n’est quand même pas ce qu’il avait en tête quand la fin de sa saison recrue dans la LHJMQ a signalé le début de ses vacances estivales.
Classé au 65e échelon de la liste finale des espoirs nord-américains de la Centrale de recrutement de la LNH au printemps, l’attaquant des Islanders de Charlottetown était convaincu de trouver preneur au repêchage du circuit Bettman, il y a deux semaines. Il s’attendait à la quatrième ronde, rêvait à la troisième. Au pire la cinquième! Mais son nom serait appelé, c’était certain.
Goulet était si confiant qu’il avait fait le voyage à Philadelphie avec ses parents. Il était assis dans les gradins du Wells Fargo Center quand le nom de Jacob Middleton a été prononcé au 210e et dernier rang de l’encan. Incrédule, il venait d’apprendre qu’il rentrerait au Québec sans chandail ni casquette.
« J’étais très déçu, frustré aussi. Mais j’ai rapidement compris qu’il fallait que je passe à autre chose et que je laisse ça de côté. Je devais me concentrer sur l’avenir et me demander ce que je devais faire pour ne pas vivre ça deux fois », racontait récemment le jeune originaire de Disraeli, le moral requinqué, au terme d’un entraînement matinal au complexe d’entraînement du Tricolore.
En fait, le sentiment de rejet n’était pas étranger à Goulet, dont la carrière avait déjà été marquée d’un affront similaire. En 2012, après sa première saison avec les Commandeurs de Lévis, les 18 équipes de la LHJMQ avaient ignoré son potentiel et l’avaient forcé à prolonger son développement au niveau Midget AAA.
« Ce n’était pas le fun sur le coup, mais quand j’y repense, ça a été une bonne affaire. J’ai été obligé d’attendre un an de plus, mais ça a été une belle opportunité de montrer ce que je savais faire. »
À sa deuxième saison sur la Rive-Sud de Québec, Goulet a amassé 59 points en 42 parties, un rendement qui a convaincu les Islanders d’utiliser le 19e choix du repêchage de la LHJMQ pour acquérir ses services. Et la décision en a été une bonne.
« J’ai commencé l’année sur le troisième trio, mais ça allait tellement bien qu’après un mois, je suis monté sur le premier. Je faisais mes points, je montrais ce dont j’étais capable et tout allait pour le mieux », récapitule le joueur de centre.
Goulet a terminé au deuxième rang des marqueurs de son club avec 48 points en 66 rencontres. Avec son compagnon de trio Daniel Sprong, qui a été, à 16 ans seulement, l’attaquant le plus prolifique de l’Île-du-Prince-Édouard, il a été nommé sur l’équipe étoile des recrues de la LHJMQ.
Mais malgré ses statistiques éloquentes, Goulet plaide coupable à des accusations de manque de constance, la raison qui explique peut-être, selon lui, pourquoi il n’appartient toujours pas à une équipe de la LNH.
« Ça a quand même été une année d’adaptation. Un calendrier de 68 matchs avec autant de longs voyages, je n’étais pas habitué à ça. À certains moments, ça allait moins bien, puis soudainement ça repartait à profusion », relate-t-il.
Goulet voit grand pour les Islanders et lui la saison prochaine. Jack Nevins, qui l’accompagne au camp de perfectionnement du Canadien, n’y sera plus, mais Sprong et lui devraient de nouveau former le noyau de la principale unité offensive de l’équipe. Les vétérans Oliver Cooper et Ross Johnston, deux nouveaux venus, seraient à son avis de bonnes options pour les accompagner.
« On va avoir une très bonne équipe et selon moi, on va se battre pour le haut de la division dans les Maritimes. Pour moi, le fait de ne pas être repêché sera une motivation supplémentaire. Je vais connaître une grosse année et on verra où ça me mènera. »
Qui sait? Dans un an, peut-être que les rôles seront inversés.