MONTRÉAL – Les joueurs des Sea Dogs de Saint John ont eu une semaine pour faire sortir le méchant.

Au lendemain de leur élimination surprise aux mains de l’Océanic de Rimouski au premier tour des séries de la LHJMQ le 12 mai dernier, chacun des membres de l’équipe hôte de la Coupe Memorial a reçu l’instruction de rentrer à la maison, de renouer avec ses proches et d’oublier le hockey un peu. Tourner la page.

« Ç’a fait du bien », reconnaissait jeudi le capitaine Vincent Sévigny en entrevue avec le RDS.ca. « Après ça, on est tous retournés à Saint John pour se lancer dans une sorte de camp d’entraînement. »

L’homme aux commandes sur la glace du TD Station n’était toutefois plus le même à leur retour au Nouveau-Brunswick. Congédié 10 jours après l’échec de son équipe en séries, Gordie Dwyer avait cédé sa place à Gardiner MacDougall, un entraîneur-chef de location appelé à la rescousse des rangs universitaires canadiens pour la durée du tournoi uniquement.

« Tous les joueurs, on ne s’attendait pas à ça, confie Sévigny, un vétéran de 21 ans. C’est un entraîneur qui perd son travail et ce n’est jamais quelque chose de l’fun pour les joueurs. »

De MacDougall, Sévigny ne savait que très peu de choses, si ce n’est que l’homme de 62 ans lui avait donné un coup de fil peu de temps après la transaction l’ayant fait passer des Tigres de Victoriaville aux Sea Dogs pour lui vanter les mérites du programme des Varsity Reds de l’Université du Nouveau-Brunswick, alors que s’achevait sa dernière saison dans la LHJMQ.

Nous n’étions pas sur la ligne pour écouter l’essentiel de cette conversation, mais parions que MacDougall en a profité pour glisser un mot sur les sept titres universitaires canadiens que les Reds ont conquis en 22 ans sous sa gouverne.

Un habitué des tournois, où il s’est forgé une envieuse réputation qui a incité le directeur général des Sea Dogs Trevor Georgie à lui lancer un appel à l’aide, MacDougall est un gagnant.

« Ça nous inspire confiance, s’enchante Sévigny. En partant, il nous a montré ses bagues et nous a énuméré tout ce qu’il a gagné. [...] Je sais pas combien il y avait [de bagues]... Sept? Je sais pas, mais il y en avait beaucoup. »

MacDougall ce n’est toutefois pas qu’un collectionneur de bijoux au brillant curriculum vitae. Comme nous le décrivaient récemment deux de ses anciens protégés, le sympathique moustachu maîtrise aussi l’art de la motivation.

« C’est très visible quand tu lui parles, que ce soit à propos du hockey ou d’autre chose, confirme Sévigny. Il est très passionné par ce sport et c’est quelque chose de vraiment contagieux. Il est énergique sur la glace [...] Il a gagné souvent et il veut faire la même chose avec notre équipe. On travaille dans le même but, c’est ça qui est beau. »

Pour atteindre cet objectif, c’est-à-dire conquérir la coupe Memorial sur leur propre terrain après un long congé involontaire de 38 jours, MacDougall a aussi soumis ses ouailles à une autre de ses spécialités : les entraînements rythmés et rigoureux.

« C’est intense, résume Sévigny. Tu entends le nom du drill et tu t’en vas te placer sinon tu patines. Il faut que tu sois concentré à tout moment. »

Pour faciliter l’apprentissage de ceux-ci en un aussi court laps de temps, MacDougall a baptisé chacun de ses exercices du nom de l’un de ses joueurs.

« Un certain temps nous est alloué et si tu ne te places pas en cinq secondes, tu patines, explique Sévigny. On fait du bande à bande et on se replace ensuite pour le même drill. À force de patiner, on va le savoir. »

Aux séances d’entraînement sur la patinoire et à l’extérieur de celle-ci, MacDougall a de plus programmé des matchs improvisés contre des joueurs de la région aux trois ou quatre jours, question de préparer ses joueurs au sprint qui les attend.

« C’était des joueurs des environs, d’un peu partout au Nouveau-Brunswick. Du monde de UNB (Université du Nouveau-Brunswick), de la East Coast League. Même Philippe Myers (un défenseur de l’organisation des Predators de Nashville) est venu », énumère Sévigny.

« Le but c’est d’arriver top shape pour le moment où la rondelle sera mise sur la glace le 20 juin, qu’on ne soit pas rouillés et qu’on ne se demande où aller sur la patinoire. Retrouver ses habitudes de partie. »

Sévigny et les Sea Dogs auront une première opportunité face aux Bulldogs d’Hamilton en ouverture de Coupe Memorial lundi soir de prouver qu’ils seront tout sauf d’accueillants hôtes. Des duels de ronde préliminaire suivront ensuite contre les Oil Kings d’Edmonton mercredi et face aux Cataractes de Shawinigan samedi.

« On sait que c’est notre dernière chance de prouver ce que notre équipe est capable de faire, et on ne veut pas la manquer. »