Dans un monde idéal, Hendrix Lapierre, des Saguenéens de Chicoutimi, serait en train de se préparer pour le match no 3 de la série huitième de finale que son équipe disputerait, fort probablement face aux Remparts de Québec. Mais, les choses étant ce qu’elles sont avec la pandémie, le jeune espoir, qui vient d’avoir 18 ans le mois dernier, passe du temps à la maison familiale à Gatineau et s’entraîne en solitaire en attendant la suite des événements.
 
Ce ne fut certes pas une année facile pour Lapierre, que notre collègue Craig Button de TSN voyait dans son top-5 de la séance de sélection de 2020 à la suite de ses performances étincelantes lors du Tournoi Hlinka-Gretzky d’août 2019. Lapierre venait de récolter 11 points en 5 matchs, une performance qui lui a valu le 2e rang des pointeurs du tournoi derrière son compagnon de trio Cole Perfetti, du Spirit de Saginaw.  

Mais voilà que tout a basculé le 23 octobre dernier alors que le no 92 a subi une commotion cérébrale à Rimouski, blessure qui lui a couté une participation à la série de deux matchs avec les étoiles de la LHJMQ contre les Russes au début du mois de novembre. De retour au jeu le 8 novembre, Lapierre a de nouveau été blessé à Moncton moins de deux semaines plus tard, et ce match du 21 novembre fut son dernier de la campagne 2019-2020.

« Nous ne sommes pas sûrs à 100 % que j’ai subi une autre commotion cérébrale. J’avais souvent des maux de tête le matin pendant ma convalescence mais ce n’est pas tous les symptômes qui apparaissaient. J’ai vu beaucoup de spécialistes et ils sont plutôt d’avis que j’ai souffert de ce qu’on appelle en anglais un « twisted and stuck » au niveau des vertèbres C-0, C-1 et C-2 », assure Lapierre, qui était sur le point d’effectuer un retour au jeu lors de la suspension de la saison.  

« La date envisagée était le 18 mars, je devais normalement obtenir le feu vert le 16 et j’aurais pu jouer les trois derniers matchs de la saison. »
 
Au cours des prochaines semaines, son agent Philippe Lecavalier va s’assurer de faire parvenir aux 31 équipes de la LNH le dossier médical de Hendrix afin de rassurer tout le monde quant à son état de santé et afin surtout de faire la preuve que son client souffrait plutôt de vertèbres déplacées et fort probablement pas d’une commotion qui refusait de guérir.

« Je ne sais pas si ça me fera reculer au repêchage mais je suis convaincu que je suis rétabli. Je n’ai pas eu de maux de tête depuis un fichu bout de temps. » confirme le jeune homme, qui figurait au 13e rang en Amérique du Nord sur le classement de mi-saison de la Centrale de recrutement de la LNH. 
 
Son histoire n’est pas sans rappeler celle d’Antoine Vermette lors de la campagne 2001-2002 avec les Tigres de Victoriaville. Blessé durant le camp estival d’Équipe Canada junior à l’été 2001, Vermette avait raté les 68 premiers matchs de son équipe alors qu’on croyait à une commotion cérébrale qui n’en finissait plus de guérir.  
 
Vers la fin du mois de janvier 2002, des tests plus poussés avaient aussi révélé des vertèbres déplacées dans son cou et une fois le problème réglé, Vermette avait effectué un retour au jeu le 12 mars après pratiquement sept mois d’inactivité.  Le joueur alors âgé de 19 ans avait par la suite aidé son équipe à mettre la main sur la Coupe du Président en étant un des meilleurs joueurs de son équipe en séries. L’année suivante, Vermette faisait le saut au hockey professionnel, et avant de prendre sa retraite à l’été 2018, il avait eu le temps de disputer 1046 matchs en saison régulière dans la Ligue nationale.
 
Pour revenir à Lapierre, il n’aura disputé que 19 matchs en saison régulière le temps de récolter deux buts et 15 mentions d’aide. Questionné à son sujet un recruteur d’une équipe de l’association de l’Est a déclaré que son cas est très particulier « Nous savons qu’il est bourré de talent et qu’en pleine forme il serait un choix top-15, mais on ne l’a pas vu depuis longtemps ce qui fait en sorte qu’il pourrait aussi bien être choisi au 15e rang mais aussi au 50e! »  

Un autre recruteur d’une équipe de l’Ouest le verrait bien avec une formation qui possède un second choix vers la fin de la première ronde. « Le risque est moins élevé dans ce temps-là et cela peut devenir une acquisition intéressante s’il s’avère qu’il redevient le joueur qu’on a vu l’été dernier au côtés de Cole Perfetti ».  
 
À noter que cinq formations possèdent, au moment d’écrire ces lignes, plus d’un droit de parole en première ronde : Ottawa, Minnesota, Anaheim, New Jersey et les Rangers de New York.  Les Sénateurs, l’équipe de sa région natale, ont acquis un 3e choix de première ronde dans la transaction avec les Islanders qui a fait passer Jean-Gabriel Pageau dans la Grosse Pomme. Qui sait si ce choix ne pourrait pas servir à réclamer un autre gars de l’Outaouais...

Hendrix Lapierre fébrile à quelques mois du repêchage