Au cours des prochains jours, le RDS.ca publiera une dizaine d’articles sur des espoirs en vue du repêchage de la LNH qui aura les 21 et 22 juin à Vancouver.

Repêchage 2019 : fais ton classement

BUFFALO – Même s’ils parcourent des milliers de kilomètres pour déceler le maximum d’indices, les recruteurs sportifs doivent parfois se fermer les yeux devant une démonstration de talent.
 
On vous l’accorde, l’idée paraît ridicule. Pourtant, c’est une approche qui revient occasionnellement pour ne pas désavantager un joueur. Par les temps qui courent, les dépisteurs attitrés à la LHJMQ doivent composer avec ce dilemme pour déterminer leur ordre de recommandation entre Raphaël Lavoie, Jakob Pelletier, Samuel Poulin et peut-être Nathan Légaré.
 
À la conclusion du calendrier régulier de la LHJMQ, Pelletier était parvenu à se hisser au sommet de la liste de plusieurs recruteurs qui se terrent dans les arénas du circuit Courteau. À preuve, le collègue Stéphane Leroux avait rapporté un échantillon de neuf recruteurs sur dix qui prônaient en faveur de Pelletier.

« Je voudrais être repêché par le Canadien! »

Mais ces centaines d’heures d’évaluation ont été remises en question durant les séries. Malchanceux, Pelletier a subi une blessure significative (entorse à une cheville) tandis que Poulin et Lavoie ont profité de l’occasion pour inciter une remise en question.
 
« C’est une malchance, je ne peux rien y faire. C’est sûr que c’est dommage, ça se passait en séries et je ne voulais pas perdre. J’étais fâché que ça arrive à ce moment », a admis le sympathique ailier.  
 

Il serait injuste de pénaliser Pelletier pour cette blessure surtout qu’il a eu le courage d’aller représenter le Canada au Championnat mondial U18 en dépit de la douleur. D’un autre côté, ce serait bête de ne pas réviser son évaluation d’après le potentiel exposé par Lavoie et Poulin.
 
« Présentement, mon ordre serait Lavoie, Pelletier et Poulin. Mais il faut être prudent et honnête parce que les joueurs que tu vois le plus longtemps te restent plus dans la tête. L’être humain est comme ça. Il faut aussi que tu te rappelles de Pelletier quand il était à 100%. Tu te dis que si tu l’avais vu jouer à 100% dans la coupe Memorial, tu serais sûrement excité. Il a été blessé vers la fin et ça ne l’a pas aidé. Il est allé au tournoi U18 et je ne pouvais pas croire qu’il y allait, que son agent le laisse aller sur une patte. C’est juste que Lavoie peut devenir un coup de circuit, il a laissé cette impression dans quelques matchs », a résumé un recruteur d’une équipe de l’Ouest.
 
L’un de ses confrères employé par un club de l’Est affiche une plus grande réserve.
 
« Pelletier, je l’ai troisième sur ma liste parce que ce n’est pas un gars ultra talentueux pour un joueur de cinq pieds neuf pouces. Ses mains sont correctes et son patin est correct aussi, mais pas de niveau élite. Ce n’est pas un gars qui compte des buts de loin non plus. C’est tout à son honneur cependant parce que bien des buts sont marqués de cet endroit dans la LNH et il faudra voir s’il va bien transposer ça dans la LNH. Ce qui le classe parmi les meilleurs, c’est son caractère, son éthique de travail et son leadership. Je me réserve une petite marge d’erreur parce que, même s’il n’a pas toutes les habiletés aujourd’hui, je suis persuadé qu’il va travailler tellement fort pour améliorer ces choses-là », a lancé celui-ci.  
 
« Peut-être qu’on dira dans quelques années ‘Oh shit, il aurait dû être classé avant les autres autres. Mais, actuellement, je ne trouve pas qu’il a les outils nécessaires pour un gars de cinq pieds neuf pouces pour jouer un rôle très offensif dans la LNH », a poursuivi le recruteur qui le voit comme un éventuel patineur de troisième trio.Jakob Pelletier
 
Le troisième recruteur contacté confirme que l’hypothèse de départ est légitime dans ce contexte.
 
« Ses points, il les a accumulés tout au long de la saison. Son championnat U18 peut avoir eu une influence, mais c’est moins vrai quand tu connais tout le contexte. C’est un kid qui a démontré beaucoup de volonté, il a son équipe à cœur », a validé cet observateur.
 
Ainsi, son nom apparaît à différentes altitudes sur les listes d’experts. Vous pouvez repérer Pelletier aussi haut que dans le top-20 que plus tard que le 40e rang. Sur le rapport de la Centrale de la LNH, l'ordre se lit de cette façon : Lavoie 20e, Poulin 22e, Pelletier 27e et Légaré 54e.  
 
Difficile de ne pas le comparer à Brendan Gallagher
 
« Ne lui dites pas qu’il n’est pas gros ! », s’empresse de lancer Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement quand on lui mentionne que Pelletier se débrouille bien malgré sa petite taille (cinq pieds neuf pouces et 160 livres).
 
Marr est sous le charme de Pelletier pour son abnégation et cette forme d’aveuglement volontaire.  
 
« Quand je donne des conseils à des joueurs lorsqu’ils se font demander leur grandeur, je leur dis de répondre : I’m big enough. Évidemment, il ne joue pas comme un petit joueur et il est toujours attelé à la tâche. Il est en mesure d’anticiper rapidement et de réagir tout aussi vie, voilà ce qui le rend très dangereux. J’ai l’impression que son style ne changera pas beaucoup dans la LNH et qu’il va trouver une façon de voler un poste à un autre joueur », a argué Marr.  
 
Si vous êtes rendus à ce paragraphe et que vous n’avez pas encore songé à Brendan Gallagher, c’est que vous êtes distraits par vos réseaux sociaux en même temps. À son année de repêchage, Gallagher avait amassé 81 points (41 buts et 40 passes) en 72 matchs avec les Giants de Vancouver. Pour Pelletier, il s’agit de 89 points (39 buts et 50 aides) en 65 rencontres. Précisons que Pelletier a été le meilleur pointeur de la LHJMQ cette saison pour les joueurs disputant leur année de repêchage.
 
Même les recruteurs ne se gênent pas pour établir le parallèle entre eux. C’est vrai que Gallagher a été repêché en cinquième ronde en 2010, mais le hockey n’a plus le même visage.  
 
« C’est un travaillant qui se présente tous les matchs. Physiquement, il a tout un ouvrage à faire, mais c’est normal pour plusieurs joueurs de son âge. S’il continue dans la même veine, il va ajouter 10-15 livres dans les prochaines années. C’est sûr qu’il ne mesurera jamais six pieds quatre pouces, mais il procure tellement d’autres éléments dans son jeu », a cerné le deuxième recruteur de l’Est à se prononcer.
 
Tout comme Gallagher, Pelletier est souvent décrit comme la bougie d’allumage de ses équipes.
 
« Je suis un gars positif, toujours souriant. Je n’ai pas de TDAH, mais je suis hyperactif, j’aime bouger », a pigé Pelletier pour décrire sa personnalité.
 
Le gaucher des Wildcats de Moncton s’inspire de Gallagher avec plaisir, mais aussi de plusieurs autres petits joueurs qui se démarquent. Grâce à ceux-ci, il est persuadé qu’il pourra jouer de la même manière dans la LNH.  
 
« La plupart de mes buts sont marqués de près, je suis présent pour les retours malgré ma petite taille. À Montréal, Gallagher n’est pas gros, mais il est pas mal le cœur du CH », a mentionné celui qui a rencontré 27 équipes à Buffalo.
 
En l’entendant parler de cœur, on se souvient sur le champ d’avoir assisté à un exercice de vélo dans un gymnase avec quelques espoirs de cette cuvée. Complètement exténué de son effort, il est resté étendu sur le plancher pendant quelques minutes. Sa détermination a payé puisqu’il s’est démarqué dans quatre tests au Combine à Buffalo incluant un d’agilité, deux de vélo et celui de la puissance générée au bench press en fonction de son poids.