« Cette série d’articles sur le Championnat mondial junior est une présentation de Hockey Canada »

BOISBRIAND, Qc – Pour l’avoir vécu, Thomas Chabot sait ce que c’est que de connaître l’échec au Championnat du monde de hockey junior.

S’il colle bout à bout tous les témoignages qu’il a reçus depuis que sa cohorte est revenue de la Finlande avec une sixième place il y a un an, il a aussi une bonne idée de ce à quoi peut s’apparenter l’euphorie de la victoire.

Chabot dit avoir réalisé qu’un lien fort unissait les anciens d’ÉCJ quand il est arrivé au camp d’entraînement des Sénateurs d’Ottawa en septembre. Ceux qui l’avaient précédé dans l’aventure, les Dion Phaneuf, Kyle Turris, Clarke MacArthur et Curtis Lazar, tenaient tous à raconter leur histoire et à entendre la sienne.

« Chaque fois, les gars sont tellement heureux de se rappeler ces souvenirs qu’ils sont un peu à court de mots pour décrire ce qu’ils ont vécu, a remarqué Chabot, un choix de première ronde des Sénateurs en 2015. Ça m’a surpris au début. »

L’un des témoignages les plus motivants qu’il a reçus est toutefois venu de l’extérieur du vestiaire des Sens. Cette semaine à Boisbriand, Chabot est tombé face à face avec Patrice Brisebois. L’ancien défenseur du Canadien a remporté l’or avec Équipe Canada en 1990, alors qu’il était âgé de 18 ans.

« Il m’a dit que gagner la médaille d’or, c’était peut-être encore mieux que de gagner la Coupe Stanley, racontait Chabot cette semaine au camp de sélection d’ÉCJ. C’est l’un des plus gros tournois auxquels un joueur risque de participer, c’est une occasion spéciale, alors il faut en profiter. »

Au sein de la brigade défensive qui sera à la disposition de l’entraîneur Dominique Ducharme cette année, Chabot est le seul défenseur de l’édition déchue de 2016 à revenir pour chercher vengeance. Il admet que la distinction vient avec une certaine dose de pression.

« Mais je tente de ne pas le voir de cette façon, relativise le Beauceron. C’est un beau défi pour moi et je crois que je suis prêt à le relever. L’an passé, avec Joe Hicketts, j’ai eu la chance de jouer contre les meilleurs trios des équipes adverses. J’ai beaucoup appris, l’expérience m’a fait grandir et j’ai hâte de me recommencer cette année. »

Il s’est passé beaucoup de choses dans la vie de Chabot depuis cette décevante exclusion du podium. L’été suivant, il s’est fait critiquer sur la place publique par Randy Lee, l’adjoint au directeur général des Sénateurs, pour ce que l’organisation jugeait comme une piètre performance au camp de perfectionnement de l’équipe.

« J’ai vu ça comme un obstacle sur ma route. J’avais bien fait au camp d’entraînement l’année précédente et peut-être que je pensais que ça allait être un peu trop facile. Quand on m’a renvoyé à la maison, j’ai travaillé vraiment fort pour pouvoir leur montrer que ce qu’ils avaient vu cet été-là, ce n’était pas moi. Et j’ai réussi à le faire. Avec le recul, cette histoire m’a beaucoup aidé. »

Elle l’a aidé à un point tel que Chabot, même si les Sens avaient tous leurs défenseurs sous contrat pour le début de la saison, a connu un assez bon camp d’entraînement pour débuter l’année dans la Ligue nationale. Il a disputé un match avant qu’on le retourne à son club junior.

« Dans la LNH, le hockey devient un métier comme un autre, a-t-il remarqué. Il faut se présenter au travail à chaque jour et travailler vraiment fort. C’était passionnant, j’ai appris beaucoup en peu de temps, surtout sur mon jeu défensif. J’ai l’habitude de jouer contre des gars de 19 ou 20 ans. Contre des gars plus vieux, plus rapides et plus fort, c’était un bon défi pour moi. »

Prêt pour toutes les missions

Avec le choix de première ronde du Canadien Noah Juulsen, Chabot sera le pilier de la brigade défensive canadienne cette année. Le petit nouveau à qui il sera jumelé devra être prêt à passer beaucoup de temps sur la patinoire. Le vétéran de 19 ans devrait également assurer une présence rassurante dans les deux facettes des unités spéciales.

Et si jamais la situation devenait vraiment corsée, Chabot veut qu’on sache qu’il se portera aussi volontaire.

ÉCJ : L'édition 2017 est maintenant connue !

Il y a deux semaines, l’entraîneur des Sea Dogs Danny Flynn a envoyé son quart-arrière au début d’une séance de tirs de barrage à Shawinigan. Un peu surpris, Chabot s’est présenté au centre de la glace et s’est avancé lentement vers le gardien Mikhaïl Denisov. Arrivé au filet, il a feinté des épaules et laissé la force d’attraction l’attirer vers sa gauche, mais a étiré les bras du côté droit pour glisser lentement la rondelle dans le fond du filet.

« J’ai toujours pratiqué mes échappées au début ou à la fin des entraînements, mais je ne pensais jamais qu’on allait un jour m’envoyer dans une vraie fusillade, rigolait Chabot en se remémorant la scène. La semaine précédente, on avait joué à Moncton et personne n’avait réussi à marquer en tirs de barrage. Pour rire, je suis allé voir mon coach des défenseurs et je lui ai dit que si jamais ils avaient besoin de quelqu’un, j’étais prêt à y aller. Il faut croire que Danny m’a pris au sérieux!

Chabot ne savait pas si Dominique Ducharme avait entendu parler de ses douze secondes de gloire – « si tout le monde l’a vu, il l’a probablement vu lui aussi », dit-il en riant – mais il veut qu’on sache qu’il est prêt à répéter l’expérience si son pays a besoin d’une autre feinte magistrale dans le temps des Fêtes.

« Je serais probablement pas mal nerveux, mais j’aimerais avoir ma chance, c’est sûr! »