Dans les circonstances, Joël Bouchard dresse un bilan positif
Rocket de Laval lundi, 15 avr. 2019. 16:21 samedi, 23 nov. 2024. 14:34LAVAL – Une semaine après le Canadien, c’était au tour du Rocket de Laval de procéder à son bilan. À l’image de Marc Bergevin, Joël Bouchard a dressé une évaluation nettement positive et le moment était venu pour lui de féliciter ses joueurs après avoir été exigeant envers eux dès sa nomination aux commandes de l’équipe.
Bouchard savait dans quel bateau il s’embarquait en faisant le saut derrière le banc d’une formation de la Ligue américaine. Chose certaine, il n’a pas été épargné à sa première saison à la barre du Rocket alors qu’il a dû composer avec les départs de Kenny Agostino, Nikita Scherbak, Jacob de la Rose, Michael Chaput, Byron Froese et les blessures coûteuses à Michael McCarron, Noah Juulsen et Gustav Olofsson.
Par la force des choses, Bouchard s’est retrouvé avec une très jeune équipe entre les mains. Il a talonné ses joueurs du début à la fin pour obtenir leur meilleur rendement, mais ce ne fut pas suffisant pour éviter une sixième exclusion des séries en sept ans pour le club-école du CH. On présume qu’il a parfois eu le goût de supplier Bergevin de lui dénicher du renfort, mais il n’a pas cédé à cette tentation.
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« Non et ce n’est pas si simple. La vraie réalité, c’est qu’il y a des choses qu’on ne pouvait pas contrôler. […] Si Marc était avec moi et qu’il devait m’enlever trois joueurs pour que le CH soit meilleur, je lui dirais de le faire. Mon travail, c’est de développer des joueurs », a décortiqué Bouchard, lundi.
« Marc ne se fout pas de la Ligue américaine, mais il y a une réalité qui s’appelle le Canadien. On est les premiers à être conscients de ça. Quand j’ai décidé de faire le saut, je savais qu’on pourrait perdre sept, huit ou neuf joueurs et McCarron, Juulsen, Olofsson ont été blessés, ce sont des joueurs de premier plan dans la Ligue américaine », a-t-il ajouté.
Aussi direct qu’il peut l’être, le grand manitou du Rocket a bien choisi ses mots pour confirmer qu’il souhaitait du renfort de vétérans en vue de la prochaine saison. Leur rôle sera notamment d’encadrer l’afflux de talent qui pourrait s'établir à Laval. On pense ici à des candidats comme Josh Brook, Cayden Primeau, Nick Suzuki et peut-être Ryan Poehling.
« Le travail de Marc est commencé sur comment structurer l'organisation. Il l’a déjà expliqué, il a donné des choix au repêchage et d’autres espoirs évoluent en Europe. Il y a un gap, on est d’accord et réaliste. On est excités des jeunes qui s’en viennent et c’est évident qu’il faudra greffer des vétérans », a cerné Bouchard.
Pour ceux qui croient que le Canadien devrait modifier son approche et viser dorénavant un accès aux éliminatoires dans la Ligue américaine, Bouchard a rapidement lancé cette précision.
« Il y en a eu un l’an passé, mais on a fini l’année avec deux vétérans… Ce n’est pas relié à un manque de volonté. Le plan toujours été de faire les séries. »
Pour une partie considérable de la saison, Bouchard s’est même retrouvé avec les mains liées. Il n’avait tout simplement pas assez de joueurs à sa disposition pour pouvoir penser reléguer des joueurs dans les gradins.
« J’ai été pas mal chanceux. Mettez-vous à ma place, j’ai juste des jeunes devant moi et je n’ai pas vraiment de remplaçants. Comment je fais pour les garder responsables? Ce n’est pas comme si je pouvais en mettre un autre à leur place. C’est pour ça que je dis qu’on a été très chanceux et ils méritent qu’on le dise », a-t-il admis.
« On les poussait et jamais ils n’ont rouspété, jamais. Il n’y a pas eu de chicane, ils avaient l’esprit ouvert pour devenir meilleurs. Oui, on n’a pas fait les séries et je trouve ça tough, mais tabarnouche, les gars ont bien réagi jusqu’au dernier week-end », a ajouté Bouchard.
Lors de certaines confrontations visiblement inégales, Bouchard a été honnête devant ses joueurs leur demandant de modifier la stratégie.
« Il a toujours fallu s’ajuster pour se donner les meilleures chances de gagner. On a réussi contre des équipes qui étaient nettement supérieures sur papier et plus expérimentées. On disait aux gars ‘Si on ne fait pas ça, on va avoir de la misère’. Mais les gars embarquaient et, parfois, on ne tenait pas à grand-chose, mais les gars s’accrochaient à de petits détails et on parvenait à gagner. Des équipes sont arrivées ici ferrées solide », a soupesé Bouchard qui ne voulait pas encaisser de raclée.
Voilà pourquoi la première réponse du point de presse de Bouchard n’était que positive.
« Une première année dans la Ligue américaine avec des jeunes extraordinaires. Je comprends les gens qui peuvent regarder ça en se disant qu’on n’a pas fait les séries, ce qui reste le but ultime, mais il faut donner crédit aux joueurs pour leur niveau d’engagement ; ils ont été impressionnants. »
Si le bilan a majoritairement été rédigé en vert, ça ne veut pas dire que le Rocket dispose d’un imposant bassin de joueurs pouvant se tailler une place avec le Canadien en octobre.
« Ce n’est pas mon travail, mais l’écart est trop grand présentement. C’était mon message aux joueurs : ‘Pas assez bon. Tu as eu une bonne progression, c’est une rencontre positive, mais ce n’est pas suffisant’. Les joueurs de la LNH ou les espoirs qui veulent y accéder vont travailler fort cet été donc ce sera à eux d’en faire plus. Ils sont tous dans la jungle du hockey présentement. Ils sont plusieurs à avoir le potentiel, mais ils doivent être meilleurs. (Alex) Burrows l’a dit, être dans la LNH, ce n’est pas un tour de magie », a exposé Bouchard.
Cinq mois plus tard, Juulsen est enfin rétabli
Le bilan du Rocket a permis de confirmer une bonne nouvelle : Noah Juulsen est rétabli de sa blessure à l’œil gauche qui avait mené à des rumeurs telles que la fin de sa carrière.
Plus que malchanceux, Juulsen a été atteint au visage par deux rondelles lors du match du 19 novembre alors qu’il évoluait pour le Canadien. Sa remise en forme est devenue interminable et il a dû se contenter de trois petites parties (les 21, 22 et 27 décembre) avec le Rocket cette saison.
C’est là qu’il a confirmé que sa vision périphérique n’était pas rétablie et qu’il devait retourner sur la touche.
« J’ai vécu un événement un peu freak. Maintenant, je quitte en sachant que je suis rétabli et que je pourrai me préparer pour la prochaine saison. Je pense que j’étais correct après le premier impact et que c’est le deuxième qui a causé tous les dommages. Je suis content d’être en santé », a confié Juulsen qui n’est pas du style à s’ouvrir aux journalistes.
Au final, il a perdu une saison importante dans son développement.
« C’est difficile évidemment, mais je suis rétabli et je dois tourner la page. Ce n’était pas évident, mais quand j’ai su ce qui m’attendait et le temps que ça prendrait, ce fut plus facile », a noté Juulsen qui ne pouvait rien face aux rumeurs.
Près de cinq mois se sont écoulés depuis qu’il a été blessé. C’est long, très long pour un jeune compétiteur, sauf qu’il a pu compter sur l’appui de Bouchard, de ses adjoints et du personnel médical du Rocket.
« Je sympathise beaucoup avec lui, ce n’est pas le fun. On a eu quelques rencontres dont une plus importante. Je peux juste imaginer le néant dans lequel il se trouvait quand on ne sait pas ce qui se passe pour une blessure. C’était important de lui dire que je le comprenais parce qu’il y a beaucoup de doute qui peut s’installer. Je ne voulais pas qu’il se sente isolé, négligé ou oublié. Je voulais le réconforter, lui dire que le temps fait son œuvre. J’ai moi-même manqué des mois et des moitiés de saison durant ma carrière, tu te sens vraiment sur une île déserte. Il a extrêmement bien réagi à une situation qui n’était pas évidente », a conclu Bouchard.