SOTCHI - Le gardien Carey Price a offert toute une prestation pour blanchir la formation américaine, qui venait de marquer 20 fois en quatre rencontres avant sa demi-finale des Jeux olympiques de Sotchi perdue 1-0 aux mains du Canada.

Le représentant du Tricolore a effectué 31 arrêts pour inscrire son premier jeu blanc aux JO, mais plus que cela, son aplomb devant le filet canadien a le don de calmer ses coéquipiers.

«Carey (Price) a calmé la défensive. Il a calmé tout le monde avec les arrêts qu'il a faits, l'a louangé Patrice Bergeron. On lui fait confiance et on essaie de l'aider le plus possible pour qu'il voie les rondelles et effectue les arrêts clés.»

L'attaquant des Bruins de Boston sent que le gardien a trouvé une zone de confort dont il sera difficile de le faire sortir.

«Je pense que depuis le début (du tournoi) on le sent dans sa zone. Il a fait exactement le travail dont on s'attendait qu'il ferait. J'ai la chance de jouer contre Price souvent dans la Ligue nationale et je suis content de pouvoir jouer avec lui maintenant.»

«Il a très bien joué, a ajouté le défenseur Duncan Keith. Il fait les gros arrêts quand nous en avons besoin.»

Le principal intéressé ne veut évidemment pas prendre le crédit, mais ses statistiques sont éloquentes: en quatre rencontres, il a alloué trois buts sur 82 lancers pour un taux d'efficacité de 96,3 pour cent et une moyenne de but alloué de 0,74.

«J'ai pleine confiance en les gars en avant de moi, a-t-il dit. C'est plein de gagnants dans ce vestiaire, des gars qui ont joué dans toutes les situations possibles. Ce groupe joue très bien défensivement. Ils font de l'excellent travail pour dégager le devant du filet et me permettre de voir les lancers.»

«(Vendredi), les gars ont été impeccables en repli. C'est ce qui a fait la différence.»

En plus d'être confiant, on sent que Price s'amuse: il sourit constamment et il semble éprouver un réel plaisir pendant ces Jeux de Sotchi.

«Je n'ai jamais ressenti autant d'émotions à ce niveau, a-t-il expliqué. C'est un super groupe de gars, amusants à côtoyer. On serait prêts à faire n'importe quoi pour le reste de l'équipe. J'éprouve beaucoup de plaisir!»

Le plan de Babcock adopté par tous

Au sein d'Équipe Canada, on ne se soucie guère de l'inquiétude qui règne au pays au sujet du manque de production offensive et qui est véhiculée par les médias présents aux Jeux olympiques de Sotchi.

Depuis le début, le plan de match de l'entraîneur-chef Mike Babcock a été de limiter les occasions de marquer de l'adversaire et de tenter de tirer profit au maximum de celles qu'on lui concédera. Tous ses joueurs, sans exception, ont adhéré à ce plan et c'est ce qui leur a permis de signer un gain de 1-0 face à la formation américaine en demi-finale du tournoi de hockey masculin.

«La clé de notre succès jusqu'ici est la façon dont nous avons adopté le plan de match, a analysé le capitaine Sidney Crosby. La plupart des matchs dans le tournoi ont été serrés. Quand il n'y a pas grand-chose qui sépare les équipes, c'est certain qu'il faut garder la rondelle hors de notre filet. Comme groupe, on a fait du super travail et c'est certain que Carey (Price) en a fait de l'excellent aussi, en effectuant les arrêts dont nous avions besoin.»

C'est un but de Jamie Benn, à 1:41 de la deuxième période, qui a fait la différence et qui donnera l'occasion au Canada de devenir la première nation depuis l'Union soviétique, en 1988, à Calgary, à défendre avec succès sa médaille d'or en hockey. La Suède a défait la Finlande, qui affrontera les Américains pour le bronze, 2-1 plus tôt en journée.

Après avoir alimenté Jay Bouwmeester à la ligne bleue, Benn s'est dirigé tout droit vers le filet de Jonathan Quick, auteur de 36 arrêts, où il a habilement redirigé le tir-passe de son défenseur pour son deuxième du tournoi. Ça aura pris un jeu parfait pour vaincre l'un des deux gardiens, qui ont été sans reproche pour le reste du match. Price a signé son premier jeu blanc aux JO avec une performance de 31 arrêts.

«C'est le genre de match qu'on voulait jouer: on ne marque pas beaucoup de buts», a ironisé le défenseur Marc-Édouard Vlasic avec les journalistes.

«Ce sont deux gardiens de premier plan, a-t-il ajouté plus sérieusement. C'est certain que c'est un match défensif, mais depuis le début du tournoi, nous jouons des matchs serrés.»

Le plan de match est simple: marquer seulement un but de plus que l'adversaire. C'est ce que le Canada a appliqué jusqu'ici et c'est ce qui lui a permis d'atteindre le match ultime.

Le Canada n'a marqué que 14 buts en cinq matchs, mais personne ne s'en soucie au sein de l'équipe: il n'en a concédé que trois.

«Les gars ont confiance que la rondelle va se retrouver dans le filet et si elle ne le fait pas, ça ne fait pas dire que vous deviez tout changer, a philosophé Crosby. Nous croyons que nous obtenons de bonnes occasions de marquer et avec nos gros joueurs, il y aura toujours des rondelles près du filet. Ça ne veut pas dire qu'il faut tout changer parce qu'on ne marque pas beaucoup. On a confiance en nos moyens.»

«On joue contre des supers bonnes équipes. C'est l'élite, a fait remarquer Patrice Bergeron. Il n'y aura pas de match de 5-0. Il faut travailler pour chaque pouce de glace et créer le plus possible avec ça. Il faut aussi aider sur les replis et l'échec avant: ce sont les détails qui font la différence.»

«Et on ne s'occupe pas (de ce que les gens pensent). Ça semble cliché, mais c'est ce qu'on a fait: demeurer dans notre bulle, se préoccuper de nous-mêmes. Il n'y a pas eu un match facile et c'est ce à quoi il fallait s'attendre.»

Ces mêmes gens inquiets de la production offensive du Canada craignaient les Américains, qui avaient inscrit 20 buts jusqu'ici en quatre rencontres. Mais la formation de Dan Bylsma a été complètement neutralisée par celle de Babcock.

«Ils nous ont pris de front tous les 20 joueurs ensemble, a indiqué Bylsma. Ils nous ont attaqués avec leur vitesse et ils n'ont pas lâché pendant 60 minutes. C'était un match rapide: je ne crois pas avoir été impliqué dans un match aussi rapide de toute ma carrière. Il y avait beaucoup de vitesse et nous n'avons pas été capables de la contrer comme nous l'aurions voulu.»

«Nous sommes une bonne équipe en possession de rondelle et nous les avons forcés à jouer dans leur zone, a ajouté Crosby. Ils sont rapides, mais nous avons fait du bon travail pour les empêcher d'exploiter cet aspect de leur jeu.»

Bergeron croit que c'est cet acharnement qui a permis au Canada d'obtenir ses occasions de marquer.

«On a eu beaucoup de chances créées par notre échec avant, par notre travail. Il faut continuer à travailler: il n'y aura pas de match facile. C'est une grosse équipe qu'on vient d'affronter. On a respecté le plan de match tout au long de la partie et c'est ce qu'on voulait. Évidemment, défensivement, les six sur la glace ont contribué. C'est ce que ça prenait ce soir et c'est ce que ça prendra dans le prochain match.»

C'est le gardien Carey Price qui a peut-être le mieux résumé la performance du Canada.

«Si on tient compte du résultat obtenu, on peut dire qu'on a joué un match parfait», a-t-il commenté.