Ce qu’on peut être chauvins! Analystes, observateurs, amateurs, partisans, le chapeau nous fait tous! Il ne s’agit que d’avoir trempé un tant soit peu, ou même d’avoir suivi de loin une compétition internationale, pour comprendre à quel point l’opposition est farouche. Toute nation tentera de saisir la chance inouïe de se frotter aux superpuissances du hockey, souvent sans complexes, même la Lettonie. Tout athlète voudra briller sur la plus grande scène du monde, particulièrement face aux meilleurs, même un Slovène. Le hockey ne nous appartient pas. En fait, si, un peu, mais pas plus qu’à un Norvégien. La gloire se trouve rarement au bout d’un chemin sans embûches. L’histoire tend à nous démontrer qu’un brin d’adversité sert bien l’équipe qui trouve le moyen de la surmonter.

On ne retire pas de gloire ou de satisfaction à gagner par huit buts, même contre l’Autriche. Les statistiques n’intéressent pas les athlètes dans un tournoi de courte durée, ni les entraîneurs. Dans leur bulle, les hockeyeurs qui représentent leur pays ne cherchent que des résultats, que LE résultat visé. Une fois l’Or accroché au cou, vous irez demander à un joueur combien de buts supplémentaires il aimerait à sa fiche. Il vous répondra ZÉRO. Soit le chiffre exact correspondant au niveau d’importance qu’il aura accordé aux critiques de ses détracteurs le long du parcours.

Les Gardiens pour l’Or

Mike Babcock a choisi Carey Price comme gardien partant à Sotchi. Confortable avec Roberto Luongo dans l’enclos des releveurs au cas où, l’entraîneur a démontré une grande confiance envers celui qui a le mieux performé parmi les trois gardiens canadiens dans les semaines menant au tournoi olympique. Il a aussi choisi d’y aller avec le gardien qui avait le plus grand potentiel en ce qui a trait au niveau de jeu nécessaire pour cueillir les grands honneurs. Price lui donne raison. Son calme est contagieux. Malgré de grandes performances d’à peu près tous les gardiens auxquels il a fait face, Price a su donner à son équipe l’arrêt important nécessaire à chaque victoire. Il a appris rapidement qu’il est impossible d’effectuer 40 arrêts lorsqu’on ne fait face qu’à 17 tirs. Il n’a pas tenté de trop en faire. Analysant avec justesse que la communication avec ses défenseurs n’était pas parfaite lors de ses sorties de filet, il s’est ajusté en demeurant plus souvent dans son demi-cercle. Même si l’adversaire n’était souvent qu’à un tir de créer l’égalité, voire de provoquer une onde de choc, il n’a jamais ouvert la porte de façon à leur redonner vie inutilement. Avec toute l’attention dirigée vers lui, il a su rester en contrôle jusqu’ici.

Alors que les Suédois furent les premiers à confirmer leur place en grande finale du tournoi olympique de hockey, il est de mise de se demander si quelqu’un pourra les ébranler. S’il est vrai qu’ils ont eu un parcours plus facile, il est aussi vrai qu’ils se sont assurés d’éviter les situations précaires. Ils ont repoussé une bonne opposition tchèque dès le match d’ouverture de la ronde préliminaire et ont évité les pièges par la suite. En demi-finale, ils n’ont pas bronché malgré avoir vu la Finlande prendre les devants en deuxième période sur un jeu contesté. Ils ont profité des ouvertures et ont joué de façon systématique pour empêcher toute remontée finlandaise.

Malgré le solide tournoi des défenseurs Karlsson, Kronwall et Ericsson, la clé du succès des suédois est assurément devant le filet. Ayant déjà réalisé deux blanchissages lors du tournoi, Henrik Lundqvist poursuit son excellente tenue aux Jeux. Ses coéquipiers savent que lorsqu’ils ont les devants dans un match, ils sont en voiture. Jouant avec aplomb et constance il inspire confiance. Il a disputé chaque minute du tournoi, fidèle à l’habitude de l’entraîneur suédois, confirmant ainsi son statut de leader incontesté, facteur d’autant plus important avec l’absence d’Henrik Zetterberg et de Henrik Sedin. Lundqvist n’a jamais à se déplacer sur une longue distance latéralement alors qu’il préfère demeurer près de la ligne des buts, réagissant aux tirs grâce à une lecture hors-pair du jeu. Avec une ligne bleue solide devant lui et une équipe habituée aux grandes glaces olympiques, il représente un défi de taille pour tous ses adversaires, y compris les canadiens pour le match ultime.

Si le passé est garant du futur dans ce tournoi, nous aurons droit à tout un duel de gardiens, encore une fois, dimanche matin.