COFFS HARBOUR (AFP) - Il l'avait dit et il l'a fait: l'entraîneur australien Eddie Jones n'a pas cédé aux pressions qui l'exhortaient à bouleverser sa formation pour affronter l'Ecosse samedi en quart de finale du Mondial 2003 de rugby.

Il n'a procédé qu'à deux changements. Encore, pour l'un d'eux, le choix lui a-t-il été facilité. Le trois-quarts centre Matthew Burke s'est en effet blessé (genou) face à l'Irlande. Cela a évité à Jones d'avoir à trancher entre lui et Stirling Mortlock dont la rentrée, après une lourde opération de l'épaule, avait été satisfaisante face à la Namibie (victoire 142-0 le 25 octobre) et qui était annoncé comme partant certain contre les Ecossais.

Jones a en revanche réservé une surprise à l'aile des trois-quarts en titularisant dans son XV de départ le transfuge du XIII Lote Tuqiri en lieu et place de Joe Roff relégué sur le banc des remplaçants.

Après le match contre l'Irlande, c'est plutôt l'autre ailier, Wendell Sailor, autre treiziste repenti, qui avait été critiqué pour s'être troué en défense lors de l'essai inscrit par le trois-quarts centre irlandais Brian O'Driscoll.

Immuable

Stabilité totale en revanche dans toutes les autres lignes.
L'arrière Chris Latham, auteur de cinq essais contre la Namibie, n'est même pas sur le banc.

La charnière George Gregan-Stephen Larkham reste en place en dépit de la déferlante de critiques dont elle a été la cible.

Devant, c'est exactement le pack qui s'était fait bouger par les Irlandais qui a été reconduit. La troisième ligne Waugh-Lyons-Smith est immuable. Ni Justin Harrison, ni Daniel Vickermann n'ont déboulonné David Giffin en deuxième ligne et, aux fauteuils d'orchestre, le pilier Ben Darwin a résisté à la poussée d'Al Baxter.

Les Australiens, déjà champions du monde en 1991 et tenants d'un titre (1999) qu'ils défendent à domicile, se sont fixé pour objectif d'être la première nation à réaliser le triplé et à s'imposer lors de deux éditions consécutives.

Un défi qui a enflammé les esprits et les passions, au point que le moindre faux pas est immédiatement commenté dans les médias comme l'annonce d'un échec.

Tous les grands anciens sont sollicités et certains ne se privent pas de tirer à boulets rouges.

Boulets rouges

Au points que Larkham, dans l'espoir de raisonner ce qu'il perçoit comme une "panique" injustifiée, a dû rappeler que cette équipe en était à quatre victoires en quatre matches et que l'important à ce jeu était de gagner. Fût-ce avec un seul point d'avance.

Parmi les critiques les plus prestigieux, Jones s'est trouvé dans la mire de Bob Dwyer, Nick Farr-Jones et David Campese, respectivement sélectionneur, capitaine et meilleur marqueur d'essais de l'équipe des Wallabies victorieuse du trophée en 1991.

Dwyer l'avait invité à tailler dans le vif en renvoyant sur le banc six des titulaires. Premiers visés, Gregan et Larkham. Farr-Jones avait également critiqué Gregan et appelé à la titularisation de son éternelle doublure, Chris Whitaker. Campese enfin, l'homme aux 101 sélections et aux 64 essais (record du monde) sous le maillot or et vert, avait plaidé la cause du jeune Matt Giteau, meilleur selon lui en N.10 que Larkham.

Eddie Jones avait sèchement confirmé ses options. Il sait depuis longtemps que son destin est clair: le triomphe ou les gémonies.