MARCOUSSIS (AFP) - Homme de base lors du Grand Chelem dans le Tournoi des six nations de rugby, l'hiver dernier, l'ailier David Bory (Montferrand), non retenu pour affronter les All Blacks samedi au Stade de France, avoue sa déception d'avoir disparu du XV de France.

Drôle de statut ! David Bory, 26 ans, 15 sélections, et son compagnon d'infortune, Rémy Martin, sont "remplaçants des remplaçants". Ils disparaissent du groupe dès l'annonce de la composition d'équipe, le mardi. Quatre jours à tuer, à jouer l'opposition aux entraînements, à rassurer les partenaires à l'approche du match.

Pour le premier test-match, face à l'Afrique du Sud, Bernard Laporte avait misé sur deux ailiers en forme, les Toulousains Cédric Heymans et Vincent Clerc. Une semaine et un succès sur les Springboks plus tard, le duo est reconduit, et David Bory (1,81 m, 86 kg) se retrouve 23e homme.

"J'avais un gros espoir de jouer. Une espèce d'intuition. En plus, je me sens de mieux en mieux sur le plan physique, lâche-t-il. Là, je prends une grosse claque dans la figure. Mais comme je suis un garçon qui a du mental, je vais vite rebondir, pour reprendre le dessus".

"Je paye les résultats de mon club"

Pourquoi moi ? la question hante l'esprit de tous les mis à l'écart. Avant lui, un autre ailier, Christophe Dominici, grande vedette de la Coupe du monde 1999, a clâmé sa rage de n'avoir pas été retenu pour la série de tests-matches. David Bory philosophe.

"J'en veux surtout à moi-même, glisse-t-il. J'ai loupé le début de saison avec mon club pour cause de blessure et puis j'ai été très en-dessous du niveau lors du dernier match de Championnat à Bourgoin (le 2 novembre) et Bernard Laporte l'a remarqué. Je paye aussi les résultats de mon club. Pendant ce temps, Toulouse pratique un jeu extraordinaire devant les caméras de télévision, et en plus Cédric Heymans et Vincent Clerc brillent".

Pour entretenir l'espoir, David Bory plonge dans ses souvenirs. Il se rappelle de son premier aller-retour en équipe de France. "J'ai vécu cela une première fois après les deux premiers matches de l'automne 2000 (défaites face à l'Australie et la Nouvelle-Zélande), raconte-t-il. Je suis revenu plus fort, mentalement et physiquement".

"Inconcevable de ne pas aller à la Coupe du monde"

Econduit une deuxième fois, cet adepte de la préparation physique profite des installations du Centre national (CNR) de Marcoussis pour travailler davantage. "On fait du spécifique avec Rémy Martin, explique-t-il. On s'entraîne plus que les autres. On fait de la course et de la musculation".

Ces efforts devraient être récompensés. Pour le troisième test-match de la série, face au Canada, le 23 novembre au Stade de France, il devrait retrouver une place sur le terrain. En attendant, cette épreuve semble renforcer la motivation de David Bory. D'abord par rapport à ses nombreux concurrents (Clerc, Heymans, mais aussi Rougerie, Dominici, Jeanjean, Garbajosa, Lombard) pour les deux postes d'ailiers du XV de France.

"La concurrence est de plus en plus importante, et c'est tant mieux, estime-t-il. Cela pousse à travailler davantage, à ne pas rester sur ses lauriers".

Surtout, il mesure la place prise par le XV de France dans ses préoccupations. Il avoue ainsi sans détour ses espoirs de réintégrer le groupe en vue de la Coupe du monde.

"Je vis au jour le jour, mais je pense énormément à la Coupe du monde, souligne-t-il. D'ailleurs, je pense que je ne supporterais pas de ne pas faire partie du groupe. Ce serait inconcevable. Et je vais me donner les moyens d'y être".