Carré d'as avec ou sans atout?
$content.firstChildCategorie jeudi, 24 juil. 2014. 12:30 lundi, 7 juil. 2014. 15:23
Alors, vous avez obtenu le carré d‘as qu‘à l‘origine vous aviez prévu? Je vous félicite, mais non sans une certaine retenue. Il y a bien eu quelques surprises dans ce Mondial les éliminations prématurées de l'Espagne et de l'Italie ou la percée inattendue du Costa Rica mais depuis les coups d‘éclats du premier tour, la logique des favoris sur le papier a largement été respectée sur les pelouses auriverdes.
Allons-y donc d‘un aperçu des quatre équipes encore en lice à cette étape tardive de la compétition. Vous allez voir, il y peut-être un favori, mais tout le monde a des raisons de prétendre qu’ils ont dans leur jeu l’atout qui fera la différence!
Brésil
Il a beau être un poids-plume, le pays hôte a de bonnes raisons de trouver lourde la perte de son héros Neymar en quart de finale contre la Colombie. Rare source de créativité d'une Seleçao qui a depuis plusieurs années choisi de troquer le rôle de la cigale pour celui de la fourmi Felipao doit aimer les fables de La Fontaine – on est en droit de se demander comment les Auriverdes inquièteront les défenses adverses durant le reste du tournoi.
Il faut dire que les joueurs ayant un profil similaire à celui de Neymar n'abondent pas dans l'effectif de Scolari. On y revient encore, mais la non-sélection de Lucas Moura prive le Brésil d'un potentiel offensif qu'on peut réellement qualifier d'explosif. Et quand on repense à la dernière saison en Premier League anglaise, on se dit que même Coutinho apporterait un plus à cette Seleçao. Or, ce n‘est certainement pas en déplorant ces choix que la situation s‘améliorera.
Le Brésil a beau faire la baboune, il n'est pas encore éliminé. Et comme le souligne Barney Ronay, le traumatisme d‘avoir perdu sa starlette libère en quelque sorte les Brésiliens du fardeau d‘être favori, une pression qui les a paralysés à plus d‘une reprise depuis le début de la Coupe.
David Luiz, ce que le Brésil a de mieux à offrir?
Felipao devra donc chercher une solution pour combler l'absence de son numéro 10 face à l'Allemagne. Si certains voient Bernard d'un bon oeil, je miserais plutôt un petit deux sur Willian, un joueur qui possède plus d'atouts offensifs qu'on ne le soupçonne en le voyant jouer pour Mourinho à Chelsea, ou jusqu'à maintenant en Seleçao pour Scolari. Besoin d'une autre option? Il serait aussi possible d'insérer Hernanes en poste de milieu offensif et de demander à Oscar d‘occuper le flanc laissé libre par Neymar. Mais je vois bien que ça ne vous branche pas plus que moi…
En défense, il reste encore à voir si le pays du pao de queijo un genre de pizza pochette que les Brésiliens mangent à toute heure de la journée pourra compter sur son capitaine Thiago Silva. Non, il n'avait pas le droit de se mettre devant le gardien comme ça. Si l'appel de la suspension n'est pas fructueux, le défenseur central du Bayern Munich Dante devrait logiquement prendre sa place et tenter de faire vivre un enfer à ceux qui sont ses coéquipiers en club. Autrement, Felipao a au moins une bonne nouvelle. Il pourra à nouveau miser sur le moustachu le plus performant de son effectif - non ce n'est pas Frèdge. Luiz Gustavo revient de suspension et il s‘agit d‘un joueur qui connaît également fort bien le championnat allemand. Dommage qu‘il ne soit pas reconnu comme un marqueur.
Mais quand on y pense, les trois derniers buts du Brésil ont été l'oeuvre de leurs défenseurs... Et la dernière fois que les Allemands se trouvaient en demi-finale, c'est d'ailleurs un défenseur à la chevelure de tarzan qui avait marqué le but les éliminant. Est-ce exagéré de croire qu'il reste peut-être bien un missile à David Luiz pour venir à bout de Manuel Neuer? Sinon, ils peuvent toujours viser le match nul et espérer que le destin les favorise en penaltys.
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Allemagne
De son côté, la Nationalmannschaft fait son petit bout de chemin sans susciter l'effroi des dernières années. Mis à part le 4-0 contre le Portugal, l'Allemagne n'a pas vaincu ses autres adversaires à plate couture. Qu'en penser? Une équipe moins puissante, certes, mais qui trouve toutefois le moyen de passer les obstacles se dressant devant elle. Ça fait un peu penser à l'Espagne des dernières années, d'autant plus que Joachim Löw utilise à l‘occasion un système sans attaquant de formation. Coïncidence? Il s‘agit aussi de l‘équipe qui passe le plus souvent le ballon dans la compétition.
Et comme ça se passe avant tout dans la tête rendus où nous en sommes, disons que les les Allemands ont l'air solides entre les deux oreilles. Pas de pleurnichage pas de folie en réaction aux décisions de l'arbitre, bref, si on oublie un moment les plongeons de Thomas Müller, les Allemands sont presque aussi valeureux que de vaillants joueurs de hockey! Je dis bien presque, parce qu'il est bien connu que les contacts au soccer ne provoquent jamais de vraies blessures. Au pire, de temps en temps une petite coupure...
Müller aime la zone payante et en paie parfois le prix
Bon, je suis de mauvaise foi. Mais que voulez-vous, à force d‘endurer les médisances de certains amateurs du dimanche, je me dis parfois que je souhaiterais voir leurs joueurs de hockey soudainement adulés courir pendant 90 minutes à 35 degrés. J‘arrête tout de suite avant que l‘on ne se remette à parler des pays chauds…
Revenons à nos moutons, il semble donc que l'Allemagne doive dorénavant assumer le statut de favori. Si elle a elle aussi perdu un joueur important en Marco Reus avant le début du tournoi, elle comporte néanmoins un alignement supérieur aux équipes qui sont encore en vie à ce stade-ci. Paradoxalement, c‘est possiblement le message que voudra véhiculer Luiz Felipe Scolari dans le but d‘exagérer le niveau de confiance l‘ennemi. Une façon d‘agiter le public du stade Minerao alors que cette Seleçao aux allures d‘animal blessé tentera de gagner un autre match âprement disputé.
Est-ce que ce sera suffisant pour faire craquer les Allemands? Pas supposé! Quelque chose me dit que Schweinsteiger et compagnie ont été drôlement endurcis par les déceptions subies lors des derniers grands rendez-vous. En passant, jamais une équipe n‘a perdu trois fois de suite en demi-finale. Mais rappelons tout de même que les Européens n‘ont jamais gagné la Coupe en Amérique du Sud. Bref, oubliez le jogo bonito, ça sent la grosse bataille à Belo Horizonte.
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Argentine
L'Albiceleste au Brésil, de l'avis de certains, c'est l'histoire d'une équipe ordinaire avec un joueur extraordinaire. Si cette version des faits sent les relents d'amertume, on ne peut toutefois pas nier ses fondements. Et c'est d'autant plus vrai depuis que l'Argentine a appris qu'elle devra se passer d'Angel Di Maria d‘ici à la fin du tournoi.
N‘empêche que la troupe de Sabella a probablement disputé son match le plus abouti en quart de finale contre la Belgique. Un match avec peu d‘occasions pour les deux équipes, où l‘opportunisme de Gonzalo Higuain aura fait la différence. On avait des doutes sur la défense argentine avant le tournoi, mais force est de constater qu‘elle a brillamment limité la redoutable attaque belge à un nombre inférieur d‘occasions que face à la Suisse.
Il est certain que l'avance d'un but ait accentué le mouvement de repli des albicelestes contrairement au match précédent où ils étaient plus nombreux à se lancer à l'abordage. Il n'en demeure pas moins que la défense argentine a très bien absorbé la pression des Diables Rouges en fin de rencontre, contrant même plusieurs centres au moment où la Belgique faisait monter ses géants Lukaku, Van Buyten et Fellaini. De quoi inspirer la défense du Bleu-blanc-noir si vulnérable face à un genre de tactique plutôt courant en Ligue majeure.
Il faudra toutefois voir de quelle façon la ligne arrière argentine se débrouille contre la vitesse d'Arjen Robben. Dans les circonstances, Sabella pourrait être tenté de reconduire son 5-3-2 du premier match contre la Bosnie. Privé de Di Maria, il semble néanmoins possible qu'il puisse miser sur le retour de Sergio Agüero pour le dépanner en attaque. Et puis, il a toujours un certain Lionel Messi. En voilà un atout pour venger le mauvais souvenir de Marseille et d'un certain Dennis Bergkamp.
Messi, pas facile de lui enlever le ballon
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Pays-Bas
Et pour finir, il reste les Pays-Bas. À l'instar de ses corollaires, on parle d'une autre équipe ayant débuté sur les chapeaux de roues (5-1 contre l'Espagne) avant de s'enliser face à de vaillantes formations de Concacaf (Mexique et Costa Rica). Comme le Brésil et l'Argentine, il s'agit d'un autre groupe qui s'appuie de façon un peu excessive sur le brio de son étoile, dans ce cas-ci l'intrépide ailier Arjen Robben. Mais, peut-on réellement les blâmer pour ça?
Cela étant, les Pays-Bas comptent aussi sur une vedette improbable en la personne du sélectionneur Louis Van Gaal. Jadis cible des moqueries de la part des médias ibériques qui déploraient son manque de charisme lors de ses passages au FC Barcelone, Van Gaal fait désormais partie de ce qui se fait de plus cool parmi les dirigeants techniques à cette Coupe du monde. Substitutions qui rapportent gros, célébrations dignes d'un birdie au mini-putt et arrogance lors des conférences de presse, Van Gaal semble devenu à la zone technique ce que le normcore est dorénavant au monde du style. Remarquez que je ne suis pas encore sûr d‘avoir vraiment compris le phénomène normcore…
Soit. J'ai bien hâte de voir de quelle manière il s'y prendra pour contenir La Pulga... Dans le temps celui de Gullit, Van Basten et des maillots aux multiples tons d'orangers c'est à Jan Wouters que les Oranje confiaient ce genre de mission un genre de Brian Skrudland, pour tout vous dire. Il faut cependant faire son deuil de l'héritier le plus naturel de Wouters: Nigel De Jong, qui est blessé pour le reste du tournoi. Utilisé à toutes les sauces, on peut se demander si Daley Blind a un peu de bulldog en lui? Sinon, je pense bien que Dirk Kuyt n‘a pas encore joué à cette position…
Et si ça devait se rendre en penaltys, Van Gaal osera-t-il nous refaire le coup de la substitution de dernière minute avec Tim Krul et ses entourloupettes? Il s'est d'ailleurs écrit bien des choses à ce sujet. Krul ayant joué son rôle avec brio, on lui reproche toutefois d'avoir joué à fond la carte de l'intimidation. Si vous voulez mon avis, ça reste dans les limites du jeu, bien qu'il me semble irresponsable que l'arbitre n'ait pas insisté pour qu'il prenne immédiatement sa place sur la ligne de but. En réponse à ce genre de comportement, je verrais bien un joueur placer une Panenka question de décontenancer ce portier qui joue au fanfaron. Demandez donc à Sepp Maier ce qu‘il en pense…
Antidote à la tactique de Tim Krull?