Exclusion de la Russie de la Coupe du monde : pas une première dans l'histoire
Soccer mercredi, 2 mars 2022. 16:00 lundi, 25 nov. 2024. 17:22Lundi, la FIFA a annoncé la suspension des sélections nationales et des clubs russes « jusqu’à nouvel ordre » en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cela implique notamment que la Russie a été disqualifiée des barrages de la prochaine édition de la Coupe du monde de soccer
Ce n’est pas la première fois qu’un pays est exclu d’une grande compétition internationale. À vrai dire, les exemples fusent depuis plus d’un siècle et en voici cinq qui ont marqué les esprits.
Jeux olympiques
Au fil des années, plusieurs pays ont été bannis des Jeux olympiques à commencer par ceux d’Anvers, en Belgique, en 1920, alors que l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie et la Turquie ont été privées des Jeux en raison de leur rôle pendant la Première Guerre mondiale.
Le conflit avait commencé quelques années plus tôt après que l’Autriche-Hongrie eut déclaré la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914 dans la foulée de l’assassinat de l’héritier au trône de l’Empire austro-hongrois François-Ferdinand par Gavrilo Princip un mois plus tôt à Sarajevo.
Le jeu des alliances entre les grandes puissances européennes de l’époque a fait en sorte que l’Allemagne et l’Empire ottoman ont rejoint l’Autriche-Hongrie dans la guerre en octobre 1914, tandis que la Bulgarie a fait de même un an plus tard. Les Empires centraux rateront les JO de 1920 et l’Allemagne sera également absente de ceux de Paris en 1924 quatre ans plus tard.
L’Allemagne, tout comme le Japon, sera également privée des Jeux de Londres en 1948, en raison de son implication dans la Deuxième Guerre mondiale. D’autres pays seront bannis par la suite, dont l’Afrique du Sud pendant plus de 20 ans de 1964 à 1988 en raison de l’apartheid.
Tournoi des cinq nations
Aujourd’hui connu sous le nom de Tournoi des six nations, le Tournoi des cinq nations était une compétition de rugby à XV qui regroupait l’Angleterre, l’Écosse, la France, l’Irlande et le pays de Galles. Mais ne cherchez pas inutilement les Bleus dans le palmarès des éditions de 1932 à 1939.
Pourquoi? Pour la simple et bonne raison que l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande et le pays de Galles se liguèrent pour exclure la France en raison de son « professionnalisme » et de son jeu violent.
À l’époque, il y a en effet une aura de pureté autour du rugby outre-Manche. Les joueurs sont « amateurs », tandis que la France a mis en place un système qui ne choquerait absolument personne aujourd’hui afin de favoriser son émancipation et succès sur la scène internationale.
Côté violence, un article du Paris-Soir, qui cite un joueur français résume assez bien la situation : « Il (un joueur gallois) a voulu "m’amocher", je l’ai maquillé un peu, je crois avoir le punch. [...] William (un avant gallois) s’est montré le plus méchant de tous [...|; je l’ai étendu d’un crochet du gauche qui lui a ouvert la joue. » À noter qu’il est bien question de rugby et non de pugilat!
Après d’âpres négociations, la France sera finalement réadmise en 1939 en vue de l’édition 1940, mais la Deuxième Guerre mondiale force l’a suspension de la compétition jusqu’en 1947.
Championnat mondial de hockey junior
La rivalité entre le Canada et l’Union soviétique au hockey est bien ancrée depuis la tenue de la Série du siècle en 1972 et chaque rendez-vous entre les deux pays suscite les passions, peu importe le niveau. C’est d’autant plus vrai en 1987, même en pleine « Nouvelle Détente ».
Lors du Championnat mondial junior en 1987, le Canada affronte l’Union soviétique dans le dernier match du tournoi et est assuré – au minimum – de remporter le bronze. Il faut rappeler qu’à cette époque, chaque pays dispute sept matchs et les trois premiers au classement sont récompensés avec une médaille. Il n’y avait pas de ronde éliminatoire comme aujourd’hui.
Le Canada mène 4-2 avec 6:07 à jouer en deuxième période lorsque l’attaquant soviétique Pavel Kostichkin cingle l’attaquant canadien Theoren Fleury, ce qui provoque une bagarre entre les deux joueurs. Quelques minutes plus tard, l’attaquant Evgeny Davydov quitte le banc soviétique pour venir en aide à son coéquipier Valeri Zelepukin, qui a maille à partir avec Mike Keane.
La situation dégénère complètement et tous les joueurs des deux équipes se retrouvent sur la patinoire dans le but de tendre la joue à son prochain. Ayant perdu complètement le contrôle de la situation, les officiels demandent éventuellement que les lumières soient éteintes. La rencontre est ultimement annulée et le Canada ainsi que l’Union soviétique sont disqualifiés.
Coupe du monde de rugby
Pendant des décennies, le projet d’une grande compétition internationale opposant les meilleures nations de rugby de la planète ne parvient jamais à se matérialiser. Ce n’est qu’en 1987 que la première Coupe du monde est finalement organisée en Australie et Nouvelle-Zélande.
Les meilleurs pays sont invités à y participer – il n’y avait pas de qualifications pour cette première édition – sauf l’Afrique du Sud, toujours sous le régime de l’apartheid. Le pays sera également absent de la deuxième édition en 1991 pour exactement les mêmes raisons.
Cette décision ne tombe pas des nues à l’époque, puisque l’Afrique du Sud est déjà privée de Jeux olympiques depuis ceux de Tokyo en 1964. Au rugby, le pays est aussi isolé depuis les années 1970. Une tournée de l’équipe néo-zélandaise en Afrique du Sud en 1976 mènera d’ailleurs au boycottage des Jeux de Montréal de plus de 20 pays africains cette année-là.
L’abolition de l’apartheid le 30 juin 1991 permettra ensuite à l’Afrique du Sud de participer à sa première Coupe du monde de rugby en 1995, dont elle est justement l’hôte. Comme si l’histoire avait été écrite d’avance, l’Afrique du Sud est sacrée championne après avoir remporté tous ses matchs.
Euro
Au printemps de 1992, la Yougoslavie est l’une des grandes favorites en vue de l’Euro qui sera présenté du 10 au 26 juin en Suède. Il s’agit de la dernière phase finale à seulement 8 équipes.
À cette époque, la sélection yougoslave a le vent dans les voiles. « Les Brésiliens de l’Europe » avaient en effet survolé les qualifications de l’Euro en maintenant un dossier de sept victoires contre une seule défaite pour terminer en tête du groupe 4, un point devant le Danemark.
Deux ans plus tôt, la Yougoslavie avait été éliminée aux tirs au but par l’Argentine en quart de finale de la Coupe du monde de 1990, tandis que plusieurs membres de l’équipe nationale avaient mené l’Étoile rouge de Belgrade à la conquête de la Ligue des Champions en 1990-1991.
Mais il faut savoir qu’au même moment, la Yougoslavie est en train de s’autodéchirer à la suite des déclarations d’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en 1991. Si le conflit avec la Slovénie se règle relativement rapidement, celui avec la Croatie perdure pendant quatre ans. À cela, s’ajoute, à partir de 1992, une autre confrontation, cette fois, avec la Bosnie-Herzégovine.
La pression monte et dix jours avant le début de l’Euro, la FIFA et l’UEFA décident de suspendre la Yougoslavie de toute activité internationale. L’exclusion de la Yougoslavie marquera l’entrée en scène du Danemark à l’Euro, qui contre toute attente, remportera ensuite la compétition.