Section spéciale : 2020, plus jamais les mêmes

 

Bien avant l’apparition des concepts de bulles familiales et celles de bulles scolaires avec lesquelles nous avons appris à vivre en 2020, il y a eu les bulles sportives.


Si l'on dit que la nécessité est la mère de l'invention, ce sont les motifs économiques et sportifs qui ont favorisé l'apparition des bulles. La Formule 1, la MLS, la LNH, la NBA et la WNBA ont misé sur la bulles pour compléter leurs championnats respectifs, mais aussi pour respecter les lucratives ententes commerciales, qui ont en partie compensé l'absence des spectateurs.

« Un mal nécessaire », comme le mentionne le journaliste sportif Luc Gélinas. « On en voulait du sport pour la survie de RDS. Je suis convaicu que la bulle, c'était la seule solution, en tout cas la meilleure, parce qu'il n'y a pas eu de cas de COVID-19 dans la bulle de la LNH. »

 

« Les concepts de bulles sportives ont été un succès, à commencer avec la MLS et son tournoi 'MLS is Back' au début juillet, malgré des cas d'éclosions de virus à l'arrivée des équipes à Orlando, estime pour sa part l'ancien gardien, Greg Sutton, devenu analyste de soccer à TSN. « Pour les équipes, ce tournoi constituait une bonne opportunité de revenir au jeu et de donner de la visibilité à une ligue qui est encore très jeune. »

 

Au même moment, Orlando accueillait également 22 équipes de la NBA qui devaient terminer leur saison et amorcer le processus éliminatoire. De ces équipes, la formation canadienne des Raptors de Toronto s'était prêtée à un isolement supplémentaire avant de se rendre à Orlando. Chris Boucher raconte son expérience dans la bulle.

Entrevue avec Chris Boucher des Raptors

 

Le joueur québécois dit ne pas avoir été affecté par son expérience estivale, mais dit comprendre « l'enfer » qu'ont pu vivre d'autres joueurs qui ont des obligations familiales, ou qui sont de nature plus sociale. L'arrivée de la 2e vague de la pandémie n'a pas permis la réouverture de la frontière canado-américaine, ce qui fait que les Raptors sont encore contraints à un exil en Floride, pour la 1re portion du calendrier 2020-2021 de la NBA. Heureusement pour eux, les règles pour l'établissement à Tampa Bay ne seront pas aussi strictes que celles vécues l'été dernier.

 

Un sentiment de claustrophobie

 

La création des bulles sportives a représenté des grands défis logistiques, avec des coûts importants pour les ligues. La NBA a estimé que la bulle d'Orlando a couté 150 millions $. Pour la LNH, les coût des bulles de Toronto et d'Edmonton est évalué entre 75 et 90 millions $. Le Canadien avait amené 51 personnes dans la bulle de Toronto. Le responsable des communication Paul Wilson était du groupe et y a vécu pendant un mois.

Entrevue avec Paul WIlson, responsable des communications CH

 

« Il y avait belle atmosphère, et aujourd'hui avec les communications technologiques comme Facetime, on n'avait pas l'impression d'être complètement éloignés de nos familles, relate Wilson. Je parlais à mes enfants de façon régulière et je pense que plusieurs joueurs faisaient ça aussi. Je pense que le plus gros point négatif était d'être éloigné de nos familles. C'est sûr que la première semaine, j'avais un peu une impression de claustrophobie. Je savais que je ne pouvais pas aller de l'autre côté de la rue car physiquement, je ne pouvais pas revenir. » 

 

Certains athlètes, comme le gardien des Bruins de Boston Tuukka Rask, ont vécu l'éloignement de leur famille plus difficilement que d'autres. Rask avait d'ailleurs décidé d'abandonner son équipe pour se rendre d’urgence auprès de sa famille. De plus, selon des commentaires des joueurs de la LNH, la vie dans les bulles n'a pas été aussi idyllique qui ce qui avait été promis par la ligue. Un article publié en septembre par les journalistes Emily Kaplan et Greg Wyshynski du réseau ESPN, qui s'est basé sur les commentaires de neuf joueurs sous le couvert de l’anonymat, relatait en détail les conditions des joueurs dans ces cages dorées.

 

Ce qui est étonnant, c'est que malgré le stress subi par ces êtres d’habitudes que sont les athlètes, le niveau de compétition n'a pas trop été affecté par les conditions causées par l'isolation. « J'ai été épaté par le niveau de compétition. Ça été un bon show j'ai aimé ça », affirme Luc Gélinas.

« Tous les joueurs qui ont décidé de quitter leurs familles pour se rendre dans la bulle avaient tous en tête la volonté de gagner », constate Chris Boucher. La compétition y était. Tous les joueurs faisaient un sacrifice. »

 

Chose certaine, les psychologues et les sociologues auront matière à études pendant des années après cette pandémie pour analyser ce concept de bulles sur le comportement humain et physique.