De toute la grande confrérie que forme le personnel d'entraîneurs de la Ligue nationale de hockey, Ian Laperrière est certainement celui qui est le plus en forme. L'ancien joueur des Blues, des Rangers, des Kings, de l'Avalanche et des Flyers occupe actuellement le poste d'entraîneur adjoint chez les Flyers de Philadelphie. Il a connu une année 2013 assez révélatrice de son niveau de forme. En quelques mois à peine, il a couru un marathon, en plus de participer à un triathlon (distances olympiques), un demi-Ironman et un Ironman!

 

Celui qui a joué 16 saisons dans la LNH a toujours aimé s'entraîner. Il affirme que cela l'aide à se sentir bien dans sa peau. Lorsqu'il évoluait dans le circuit Bettman, il ne rechignait jamais à l'idée de s'entraîner souvent, même en été. « J'adore aller au gym. Mon épouse est comme moi. Lorsque nous ne nous entraînons pas et que nous prenons quelques jours de repos nous ne sommes pas les mêmes personnes! De plus, je veux donner le bon exemple aux joueurs que je dirige et à mes enfants », précise Ian.

Le triathlon donne une bonne raison à Laperrière de se garder en forme. Son corps traine le lourd bagage de ses différentes blessures dans la LNH. L'attaquant québécois, qui n'a jamais été reconnu pour reculer devant un adversaire ou pour hésiter avant de se lancer devant un puissant lancer, croit que le triathlon hypothèque beaucoup moins son corps puisqu'il s'agit de trois sports en un!

Avant d'entamer sa carrière de joueur professionnel, Ian Laperrière a eu l'opportunité de s'entraîner avec le grand olympien Gaétan Boucher qui s'entraînait lui-même avec Marc Cormier, un spécialiste du triathlon. Ce fut le point de départ de son intérêt pour ce sport qu'il pratiquera finalement une vingtaine d'années plus tard. « Je courais avec eux et c'est à ce moment que j'ai été initié aux triathlètes. Ça m'avait marqué. Ce n'est qu'après ma carrière dans la LNH que je me suis vraiment intéressé à ce sport. Il y a de nombreux triathlètes non loin d'où je demeure au New Jersey. Il y a quelques temps, je m'entraînais pour participer au marathon de Los Angeles mais je me suis blessé au tendon d'Achille. Un de mes amis m'avait alors invité à aller nager avec son groupe pour garder ma forme sans aggraver ma blessure. Même si j'étais un nageur moyen, j'ai bien aimé et me suis retrouvé à les accompagner à vélo et à la course sur de courtes distances. Ce n'est qu'après avoir couru mon premier marathon, celui de Philadelphie en 2012 (3 h 42) qu'un ami triathlète m'a envoyé un texto pour me féliciter tout en me demandant ce que j'attendais pour essayer le triathlon. Ce challenge est venu me piquer à la bonne place. Deux semaines après je commençais à m'entraîner pour mon premier Ironman », se remémore Ian.

 

Ce nouveau défi est arrivé au bon moment. Il occupait alors le poste de directeur du développement des joueurs des Flyers et avait beaucoup de temps libres. Il voyageait régulièrement et devait parfois attendre de longues heures à l'hôtel avant d'assister à un match en soirée pour écrire son rapport. « Je devais me trouver quelque chose à faire pour me garder occupé. Tu es seul longtemps quand, par exemple, tu te retrouves au Dakota du Nord!  Maintenant, c'est plus difficile de trouver du temps depuis que j'occupe le poste d'entraîneur adjoint des Flyers. Mais je suis loin de vouloir me plaindre puisque j'ai rencontré des gens qui travaillent du matin au soir et qui trouvent tout de même le temps de s'entraîner pour un Ironman. Alors quand tu veux, tu peux! Il y a une piscine à cinq minutes de l'aréna où se déroulent les entraînements de l'équipe. J'ai toujours mes chaussures de course avec moi sur la route et je vais recommencer à faire plus de vélo au début de l'année prochaine. »

Des trois disciplines qui composent le triathlon, sa préférée est la course à pied même si courir représente parfois un défi douloureux pour son corps éprouvé de joueur de hockey!  Il ne se considère par comme un très bon nageur et aime le vélo car c'est un sport qui utilise sensiblement les mêmes muscles que ceux développés en jouant au hockey.

 

La route vers sa participation au Ironman de Tremblant, en août 2013, fut longue et ponctuées de nombreux entraînements de course à pied, vélo et natation. Lorsqu'il parle de ce premier Ironman (3,86 km de natation, 180 km de vélo et 42,2 km de course) Ian explique qu'il a fait ses devoirs en y allant par étape. Ce furent une douzaine de mois intenses puisqu'il a terminé le marathon de Philadelphie (novembre 2012) avant de prendre part à un triathlon de distances olympiques pour enchaîner ensuite avec le demi-Ironman de Tremblant (juin 2013) puis l'Ironman au même endroit deux mois plus tard seulement.

 

« Je n'oublierai jamais ce moment lorsque j'ai terminé mon Ironman le 18 août 2013 à Tremblant. Ça ma procuré un feeling que je n'avais jamais ressenti de ma vie. Même pas lors de ma carrière dans la LNH. Laisse-moi te dire qu'après douze heures et onze minutes à nager, pédaler et courir tu es vraiment fier de toi! En plus, j'ai ressenti des crampes aux mollets vers la moitié du marathon qui conclut l'Ironman mais je n'ai jamais lâché. La sensation que tu ressens en traversant le fil d'arrivée après une aussi longue journée de travail est indescriptible. Mes enfants étaient là à m'attendre. C'était magique. Je veux faire un autre Ironman pour vivre à nouveau ce sentiment d'accomplissement total. Mais ça devra attendre un peu pour que je puisse totalement me remettre du premier. Certains sont capables d'en faire un par année. Ce n'est pas mon cas je crois », raconte Ian avec beaucoup de lucidité.

Effectivement, Il n'a pas pris part à l'Ironman cette année à Tremblant en raison d'une vieille blessure à la hanche qu'il doit soigner. Des douleurs sont apparues cinq semaines avant la course alors que son entraînement se déroulait bien. Ian avait déjà complété le demi-Ironman en juin et il ne voulait prendre aucune chance alors il a sagement opté pour le retrait. Il a dû passer sous le bistouri au début du mois d'août pour se faire opérer à cette hanche qui le fait souffrir.

Au-delà du plaisir d'être en forme, Ian cite d'autres motivations qui le poussent à s'entraîner aussi fort. L'an dernier seulement, grâce de à différentes collectes de fonds associées à ses compétitions, il a amassé 17 000 $ qu'il a remis à cinq organisations caritatives différentes. Parmi elles, la Fondation Ironman et un organisme qui lutte contre le cancer du pancréas, une maladie dont son père est décédé.

Malgré sa charge de travail à titre d'entraîneur adjoint chez les Flyers de Philadelphie, il ne se voit pas laisser de côté ses entraînements. Il pense déjà à ses prochaines compétitions. « À court terme, j'aimerais beaucoup refaire le demi-Ironman à Tremblant en 2015 et des triathlons de distances olympiques.  Je dois d'abord me remettre de ma blessure et de mon opération à la hanche. J'en ai encore pour deux mois à attendre avant de pouvoir recommencer à courir. Je me garde toutefois en forme. Je viens tout juste de terminer un entraînement de vélo et j'irai nager demain. Je prendrai ma véritable décision en décembre puisque c'est à ce moment que doit débuter un entraînement sérieux pour arriver parfaitement en forme à Tremblant six mois plus tard. »

Une chose est certaine, les joueurs des Flyers ne pourront jamais reprocher à Ian Laperrière de ne pas prêcher par l'exemple puisqu'il travaille aussi fort qu'eux pour garder la forme. C'est en se remémorant ses souvenirs de joueurs dans la LNH qu'il conclut notre conversation. « Pendant ma carrière, je détestais ça quand un entraîneur me disait de me tenir en forme et que lui ne l'était vraiment pas avec sa bedaine! Je trouvais cela très hypocrite! Je me disais alors que ne ferais pas la même erreur plus tard si j'occupais ce genre de poste. Je fais donc tout pour me garder en forme. Lorsqu'on me demande de garder les joueurs sur la glace après un entraînement pour les faire patiner un peu, il ne m'est jamais arrivé d'en entendre un seul rouspéter car ils voient bien que je travaille aussi fort qu'eux! C'est également un message direct que je lance à mes enfants. À quoi bon leur dire de faire attention à leur santé si leur propre père est incapable de le faire pour la sienne? »