Cette élimination du 27 avril 1980 a longtemps laissé un goût amer dans la bouche des supporteurs du Tricolore. «Ils ont perdu mais», mentionnaient les amateurs déçus. 40 ans plus tard, il est permis de croire qu’avec un alignement en santé, le CH, qui était encore une très bonne équipe, aurait remporté facilement cette série face aux North Stars du Minnesota. Ceux et celles qui ont plus de 50 ans s’en souviennent comme si c’était hier.

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Une équipe qui imposait encore le respect

L’édition 1979-80 du Canadien n’était plus aussi flamboyante que celles des saisons antérieures. Jacques Lemaire et Ken Dryden avaient annoncé qu’ils accrochaient leurs patins suite à la conquête de la Coupe Stanley au printemps 1979. Yvan Cournoyer avait pris sa retraite après avoir gagné 10 Coupes Stanley en raison d’un mal de dos persistant. Scotty Bowman avait lui aussi quitté l’organisation, et certains joueurs avaient pris de l’âge. Mais malgré tout, le Canadien comptait dans ses rangs des joueurs de talent, et formait une très bonne équipe.

L’équipe de Claude Ruel, ce dernier ayant pris la relève de Bernard Geoffrion après 30 matchs, était encore capable de vaincre les meilleurs clubs de la ligue. Certes, l’âge avait rattrapé des joueurs tels que Serge Savard et Guy Lapointe. Les deux vétérans avaient manqué 49 matchs lors de cette saison 79-80. Par contre, Rod Langway (+36) et Brian Engblom (+21) assuraient la relève à la ligne bleue. Et Larry Robinson était toujours là! Big Bird (75 points) avait terminé en deuxième place des points chez les défenseurs du circuit, juste derrière Mark Howe (80). Robinson allait recevoir le trophée Norris à la conclusion de la saison.

En attaque, le CH avait dominé la ligue avec 328 buts marqués. Guy Lafleur et Pierre Larouche avaient inscrit 50 buts chacun. Steve Shutt était venu bien près de les imiter avec 47 filets. Le trio Lafleur-Larouche-Shutt avait accumulé 305 points en saison régulière. Il était question sans contredit l’un des plus dangereux trios de ligue à cette époque. Pierre Mondou avait atteint le plateau des 30 buts. Montréal avait le 3e meilleur jeu de puissance de la ligue. Le Canadien avait marqué 77 buts, alors que la moyenne de la ligue était de 61! À l’époque, il s'agissait du quatrième plus fort total de buts en avantage numérique dans l’histoire de la ligue.

En défensive, seuls les Bruins et les Sabres avaient accordé moins de buts que Montréal; qui avait terminé au 3e rang au classement général (107 points). En comparaison, le Canadien avait terminé 16 points devant les Islanders de New York, les éventuels champions de la Coupe Stanley. Le Canadien n’avait donc rien à envier aux autres formations. C’était plutôt le contraire! 

La série Pat Boutette

Le Tricolore avait ouvert les séries éliminatoires en balayant des Whalers de Hartford en trois matchs. L’équipe avait marqué 18 buts. Tout allait comme sur des roulettes jusqu’à ce que Guy Lafleur tombe au combat. Victime d’une mise en échec de Pat Boutette, Lafleur allait être à l’écart du jeu pour une période indéterminée en raison d’une blessure au genou. Certains ont déjà dit que Lafleur n’a jamais été le même joueur suite à cette blessure. C’était également le chant du cygne pour Gordie Howe.

La jeunesse des North Stars, l’expérience du Canadien

Pour bien des amateurs, le Canadien aurait normalement disposé très facilement des North Stars du Minnesota. Mais la troupe de Claude Ruel allait disputer cette série quart-de-finale sans Guy Lafleur. Le CH avait tout de même remporté 11 matchs de plus que leurs adversaires durant le calendrier régulier. Rien ne laissait présager un face-à-face corsé. C’était l’expérience des champions en titre, face à la jeunesse de l’équipe de Glen Sonmor. Pourtant, Steve Payne, Bobby Smith, Mike Eaves, Craig Hartsburg et Steve Christoff, tous âgés de moins de 23 ans, étaient sur le point de causer une énorme surprise.

Début laborieux, et retour en force

La série s’était enclenchée le 1er avril, au Forum. Les North Stars avaient blanchi le Canadien (3-0). Le Canadien avait également subi la défaite lors du second match (4-1), semant ainsi l’incertitude chez les amateurs. Toutefois, le Canadien allait revenir en force lors des trois matchs suivants. Il avait enregistré deux gains au domicile des North Stars (5-0, 5-1). Les jeunes North Stars avaient également perdu le 5e match, au Forum (6-2).

Les grandes équipes ont ce don de ne rien laisser trainer, et d’achever leurs adversaires quand ils en ont la chance. C’est exactement ce que le Canadien avait fait lors des quatre printemps précédents. Mais la situation allait vite se retourner contre eux. Les North Stars allaient éviter l’élimination dans le 6e match (5-2), et éliminer les quadruples champions en titre dans le 7e match, le 27 avril 1980 (3-2). Gilles Meloche avait fermé la porte aux attaquants du Tricolore, privé non seulement de Guy Lafleur, mais de Pierre Larouche également pour cette ultime rencontre. La brigade défensive des North Stars avait multiplié les jeux exceptionnels aux moments opportuns.

Encore une très bonne équipe mais...

«Cette foule a été gâtée au cours des dernières saisons, et c’est maintenant terminé», avait déclaré l’analyste Gilles Tremblay à la Soirée du Hockey, alors que les joueurs des North Stars festoyaient sur la glace du Forum. Bien des gens croyaient que le Canadien allait revenir rapidement au sommet. Mais ce que les amateurs espèrent, n’est pas toujours ce qui se matérialise en bout de ligne.

Le Canadien accumulera des saisons de 103, 109 et 98 points au cours des trois saisons suivantes. Mais sera éliminé par les Oilers, les Sabres et les Nordiques; à chaque fois en première ronde.

Le Canadien de Montréal est considéré comme l’une des plus grandes dynasties de l’histoire de la LNH. De 1975 à 1979, la Sainte-Flanelle a présenté un dossier de 229-46-45 en saison régulière. De plus, la domination du Canadien durant les séries éliminatoires était indéniable avec une fiche de 48-10 (12-3 en quatre finales de la Coupe Stanley).