La nouvelle est tombée mardi (17 mars), et peu de personnes auraient pu croire un tel scénario il y a quelques semaines à peine. Mais si le départ de Brady de Foxborough est surprenant pour certains d’entre vous, sachez qu’il y avait des signes avant-coureurs. Ce que Brady vient de vivre, Michael Jordan l’a expérimenté après avoir remporté un sixième championnat avec les Bulls, en juin 1998. À la fin, le mariage entre Jordan et Jerry Krause était tout aussi houleux que celui qui vient de prendre fin à Foxborough. Les athlètes ont des égos démesurés. Cependant, on oublie souvent que les dirigeants ont aussi ce trait de caractère.

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Effectivement, il y a des similitudes entre les deux grands joueurs. En fait, la décision de Jordan de prendre sa retraite à la conclusion de la saison 1997-98 est reliée à l’attitude de la direction des Bulls concernant le personnel de l’équipe. Pour Brady, la politique monétaire et le manque de volonté de Belichick de modifier l’alignement expliquent son départ.

La ville de Chicago n’a jamais été la même depuis le divorce Jordan-Krause. On verra si la même chose se produira à Foxborough; où le duo Brady-Belichick a été l’essence même de cette dynastie. J’ai toujours estimé que l’équipe a gagné plusieurs championnats grâce au travail acharné des deux hommes. Je maintiens ma position.

Brady à Tampa Bay

Dès que les confrères Jeff Darlingon et Adam Schefter, d’ESPN, et Jim Trotter, de NFL Network, ont commencé à répandre la nouvelle de l’arrivée de Brady avec les Buccaneers, plusieurs amateurs se sont posés des questions. Pourquoi Brady quitte-t-il la Nouvelle-Angleterre? Est-ce que Brady se rend compte de l’ampleur de sa décision? Car n’oublions pas que plusieurs membres des médias avaient déclaré que Brady ne pouvait aller ailleurs, car pour eux la Nouvelle-Angleterre représentait toujours la meilleure option pour le quart-arrière de 42 ans. «C’est avec Bill Belichick que Brady aura la chance de gagner un autre Super Bowl», disaient-ils. Mais comme dans la vraie vie, et comme à Chicago à l’époque du duo Krause-Jordan, le mariage Brady-Belichick avait du sable dans l’engrenage. Ce n’était pas toujours la belle vie.

Jordan vs Jerry Krause

Si Brady n’a pas été capable d’obtenir le respect de Belichick, se fut la même chose pour Michael Jordan. Le directeur général des Bulls, Jerry Krause, jouait serré avec son joueur vedette, même si Jordan était reconnu universellement comme le meilleur joueur au monde.

À l’instar de Belichick, Krause croyait que l’opinion de Jordan ne devait pas avoir préséance sur l’ensemble de l’équipe. On parle de Michael Jordan ici! Krause estimait que les demandes personnelles de Jordan ne méritaient pas qu’on s’y attarde. Suite au sixième titre des Bulls, Jordan avait déclaré qu’il était prêt à renoncer à la retraite si l’équipe gardait Phil Jackson. Voulant montrer qu’il était le vrai patron, Krause avait congédié Jackson. Pour lui, il était l’architecte de l’équipe, et c’était lui, et non Jordan, qui avait permis de voir naître cette grande équipe. Il avait notamment repêché Scottie Pippens, Tony Kukoc et Horace Grant. Au micro de l’émission The odd Couple sur Fox News, Chris Broussard a dit cette semaine que l’attitude de Krause a mené à la première retraite de Jordan.

De gauche à droite: Jerry Krause, Phil Jackson, Jerry Reinsdorf et Michael Jordan. Conférence de presse de la retraite de Michael Jordan (6 octobre, 1993)Source: Lou Capozzola/NBAE via Getty Images
Légende: De gauche à droite: Jerry Krause, Phil Jackson, Jerry Reinsdorf et Michael Jordan. Conférence de presse de la retraite de Michael Jordan (6 octobre, 1993)

Brady...Un processus qui remonte à 2017

Les Patriots venaient de remporter le Super Bowl face aux Falcons d’Atlanta. À la suite à cette victoire à la fois spectaculaire et improbable, Brady avait demandé une prolongation de contrat. Toutefois, les Patriots n’allaient pas acquiescer à cette même demande. Brady allait revenir à la charge au printemps 2018. Il essuiera un autre refus, et ce même après une performance de 505 verges au Super Bowl LII. L’équipe avait plutôt opté pour une entente restructurée pour, une fois de plus, permettre à l’équipe de garder plusieurs autres joueurs dans l’alignement. Et fidèle à la politique salariale de l’équipe, la proposition était bien en-deçà du marché.

Un autre événement du même genre est survenu l’été dernier. Recherchant à nouveau un contrat de plusieurs saisons, la direction avait présenté à Brady une entente d’une année, renouvelable en mars 2020. Cette dernière négociation avait mené Brady au bord de la grève! Selon Tom Curran, de NBC Sports Boston, Brady avait menacé de ne pas se présenter au camp des Patriots. Il avait éventuellement joint les rangs de la formation.

Un manque de respect?

Les athlètes professionnels sont traités selon la production qu’ils offrent. Dans le cas de Brady, il n’y a jamais eu de doute sur sa préparation, son souci du détail et son leadership sur le reste de l’équipe. De plus, ses performances sur le terrain parlent d’elles-mêmes. C’était la même chose avec Michael Jordan. Mais malgré cela, Bill Belichick a constamment traité Brady sans aucun passe-droit. James Harrison, anciennement des Steelers de Pittsburgh, a confirmé le tout lors d’un passage à l’émission Undisputed sur le réseau FOX l’année dernière. «Je n’en revenais pas d’entendre coach Belichick critiquer Brady, devant tout le monde, après une victoire», avait-il mentionné à Shannon Sharpe et Skip Bayless. Tout comme Jordan avant lui, Brady s’est butté à un directeur-général qui refusait de lui donner le traitement auquel il estimait avoir droit.

Bill BelichickSource: Al Bello/Getty Images
Légende: Bill Belichick

Il y a des joueurs plus importants que d’autres!

Pour Belichick, personne n’est au-dessus de l’équipe. C’est du Paul Brown tout craché! Eh théorie, il a raison. Mais lorsqu’on regarde la carrière de TB12, il faudrait être aveugle pour dire que Dwayne Allen, Rob Nankovich ou Damien Woody ont été aussi importants au succès de l’équipe que Tom Brady. Il y a des joueurs qui font la différence au sein des sports d’équipes. Mais il y a aussi des dirigeants qui refusent de l’admettre, au nom du bon fonctionnement de l’équipe.

En bout de ligne, c’est la froideur de Belichick qui a sorti Brady de Foxborough. Et on entend déjà les supporteurs de l’entraîneur-chef dire que d’autres joueurs ont connu le même sort, et que la formation a poursuivi sur sa lancé. C’est le fameux « En Bill nous croyons» (In Bill we trust) que ces personnes scandent depuis mardi. À ces individus, je réponds que les départs de Nate Solder, Richard Seymour, Malcolm Butler, Wes Welker ou Danny Amendola n’ont rien de comparables à celui de Tom Brady.

Oui, le départ de Tom Brady marque officiellement la fin de cette dynastie.